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[REDIFF] Dossier : Les cartons en France et en Europe

Fut une époque où la défense n’était pas une priorité et parfois les circonstances -comme le vent au saut en longueur- étaient très favorables. Jean-Pierre Staelens, Bob Thate, Ron Davis, Jim Signorile, Erman Kunter, Drazen Petrovic, Radivoj Korac et Zdenco Babic ont ainsi de diverses manières laiss

Fut une époque où la défense n’était pas une priorité et parfois les circonstances -comme le vent au saut en longueur- étaient très favorables. Jean-Pierre Staelens, Bob Thate, Ron Davis, Jim Signorile, Erman Kunter, Drazen Petrovic, Radivoj Korac et Zdenco Babic ont ainsi de diverses manières laissé leur nom à la postérité. Ce sont leurs incroyables exploits que nous vous racontons ici. Les jours suivants, on vous dira qui était Radivoj Korac, qui a marqué 99 points dans un match de Coupe des Champions -l’équivalent de l’Euroleague- avant de donner son nom à une autre Coupe d’Europe, et on a interviewé Jim Signorile et Bob Thate, deux Américains qui sont entrés dans la légende du basket français il y a près d’un demi-siècle et que l’on a depuis perdu de vue.

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Jean-Pierre STAELENS

Déjà un demi-siècle

Un peu moins de deux cents pionniers furent inscrits sur les feuilles de marque lors de la première saison du championnat de France de Nationale 1, en 1949-50. Le meilleur marqueur de journée d’ouverture fut ainsi, automatiquement, le premier à prendre place au palmarès national. Marc Albos de l’AS Mo­naco vécut, sans le savoir, un moment historique. Il passa 12 points (sur les 37 de l’ASM) à l’Avia Club et ce fut suffisant pour devancer tous les autres concurrents.

Quinze jours plus tard, ce total très modeste passait déjà à la trappe. Robert Monclar, le père de Jacques, 1,97m de muscle, atteignit la barre de la vingtaine. Et puis, en trois ans, le record allait tomber à six reprises. Les étrangers se taillant la part du lion.

Ce fut tout d’abord le hongrois François Nemeth, une force de la nature d’1,96m et 100kg, champion du Monde universi­taire de handball, poloïste, boxeur, qui demeura trois ans en France avant d’émigrer en Argentine et de prendre la nationa­lité de ce pays.

Jacques Dessemme (1,78m, 80 sélections en équipe de France) entra également dans les annales, tout comme Alva­ro Salvadores Salvi, qui s’était révélé au Championnat du Monde de 1950 avec l’Espagne et qui disputa ensuite les Jeux Olympiques avec le Chili, et le Balte de Mulhouse Vitas Grybauskas. 42 points à l’actif de Grybauskas. C’était déjà pas si mal car, en ces temps-là, c’était souvent le score de toute une équipe. Mais le 21 février 1954, un fin intérieur d’1.98m, spécialiste des «claquettes» et doté d’un bon tir à mi-distance à une main, emmenait le record vers des hauteurs stratosphé­riques. Roger Haudegand (RSC Marly) passait 58 points à Nilvange. Haudegand fut LE scoreur de cette génération qui ne connut pas l’invasion américaine. Ses 7 titres de meilleur marqueur (en 8 saisons) sont gravés dans le marbre. Trois ans plus tard, il poussait même le bouchon un peu plus loin : 62 points.

Neuf records en moins de huit ans. Alors que depuis 1957, un seul nom a été ajouté au palmarès : celui de Jean-Pierre Staelens, le 4 mars 1967. Ce soir-là, tout fut réuni pour l’exploit.

  • Avec ses 197 cm, Staelens, le Tourquennois de l’AS Denain-Voltaire, jouait près du cercle, en faux-pivot. C’était un scoreur qui, un an plutôt (le 13 février 66) avait déjà flirté avec le record de Haudegand face à Franconville, 61 points.
  • Il disposait en Jean Degros d’une formidable rampe de lancement. Déifié à Denain, haï dans toutes les autres salles de France, Degros était un patron, un vrai, et surtout un extraordinaire passeur. Peut-être le N°1 français de tous les temps.
  • Denain était alors en tête de la Poule B (12 victoires, 1 défaite) et affrontait la lanterne rouge, le RSC Valenciennes (2 victoires, 11 défaites). Rappel : il n’y avait pas -ou très peu- d’Américains en N1 et les équipes faibles étaient alors vraiment très faibles.
  • Staelens, qui n’avait pas encore 22 ans, était ultra motivé. C’était la dernière journée de la saison régulière (une poule finale à 4 servait en­suite de playoffs) et le pivot de Denain était tou­jours menacé par Jean-Claude Bonato dans sa quête du titre de top-scoreur national.

A la mi-temps, le capital-point de Staelens était de 28. Correct. Aux vestiaires, on lui remit en mémoire le record d’Haudegand. « Il se piqua donc au jeu et accumula les paniers avec une maîtrise insolente et quelques-uns dans des positions impossibles. Et aux ovations délirantes de ses supporters à cinq minutes de la fin et à son 63e point, il comprit qu’il avait effacé le Haudegand des tablettes », écrivit André Delsaret, le lendemain dans L’Equipe. Le Denaisien ajouta 3 pa­niers et deux lancers. Pour un total de 71 points sur les 125 de Denain, qui avait pulvérisé son rival nordiste relégué à 50 longueurs ! Un record qui a fêté tranquillement son demi-siècle.

Bob THATE

38,96 points en moyenne !

Un bataillon de joueurs Américains va ensuite s’attaquer à ce monument. Des Américains et un Yougoslave. Marco Ostarcevic avait porté le maillot du KK Zadar, fut 13 fois inter­national B, quand il débarqua en France en juin 66. Avec le Racing Paris, et contre la SI Graffenstaden, il scora 64 points le 21 mars 1971.

C’est ensuite au tour de L.C. Bowen, l’ailier de l’ASPO Tours, de s’aventurer vers les cimes… 57 points contre Asniè­res, 60 contre Nantes, et enfin 62 face à Joeuf, le 20 mars 76.

20 mars 76. Une autre date historique. L’ASPO, déjà parée du titre de champion de France, fêta l’événement devant son public et l’AS Joeuf. Raymond Reynolds aspira tous les rebonds et lança les contre-attaques en un éclair. Joeuf, où George Fisher fut le top-scoreur de la soirée (25 points) se retrouva cloué au pilori. 154-107. Record du genre.

En fait, L.C. Bowen aurait sans doute pu mieux faire, beaucoup mieux ce 20 mars, si l’équipe avait pris l’option d’axer tout son potentiel offensif sur lui. Mais, même le meneur de l’ASPO, Jean-Michel Sénégal, appuya sans discon­tinuer sur la gâchette. Sénégal, plus connu pour ses prouesses de passeur, scora la bagatelle de 45 points !

Un fils de boucher, et frère de policier, californien, a tout fait pour dépasser Staelens. Il s’appelait Bob Thate.

Un cas ce Thate. Il fut un joueur universitaire modeste (USC puis Occidental College; il détient toujours le record de points sur une saison avec 27,2 en moyenne) et fut drafté par la NBA au 17ème tour en 1970 ! Un an plus tard, ce (shooting !) guard d’1.85m, chevelu (c’était la mode…) signa au SS Nilvange en Nationale 2. Il s’installa dans un quatre pièces à Thionville avec sa femme Laura, et tapissa les murs de l’appartement avec des affiches de films. Thate aimait Bob Dylan, se lever à midi, et shooter jusqu’à plus soif.

Pour sa saison dans la deuxième division française, le Californien explosa les compteurs: 42,5 points en moyenne soit 43% du total de son équipe. Face à Sochaux, la lanterne rouge, Nilvange ne fit pas de quartiers: 139-101. A lui seul, Bob Thate scora 74 points !

Thate et Nilvange accédèrent à la N1 (1972-73). Pour s’y offrir 2 victoires en 30 matches… Mais là-bas, en Lorraine, malgré ce parcours désastreux, le numéro 10 était applaudi à tout rompre à chaque présentation des équipes. C’est qu’il en­fila des points comme jamais joueur ne le fit en France. Et ça, ça a toujours plû au public. Thate scora donc 1 169 points dans la saison. Soit 38,96 en moyenne. Ça laisse rêveur.

« En un-contre-un, il y a toujours une solution en basket. Malheureusement, les entraîneurs adverses me font surveiller par deux joueurs. J’arrive à éviter le premier. Il reste le second… Je suis certes heureux de ce titre honorifique. Je le troquerais pourtant volontiers contre le maintien de Nilvange » commenta Thate à notre confrère André Isch de L’Equipe.

Le Californien scora 53 points dans un match à trois reprises, et fit son plus joli carton face à Antibes :  63 points.

On peut expliquer la «réussite» de Thate de plusieurs façons: 1- Nilvange était pauvre en bons joueurs français, 2- Le second Américain, Jerry Clukey, se concentrait sur les tâches obscures, rebonds et écrans. 3- Thate avait volé toute la souche de tickets de shoots et ne lésina jamais sur les moyens pour atteindre ses fins. Les statistiques n’étaient pas prises à l’époque, il n’y a donc pas de preuves. Mais on est prêt à parier que le pourcentage de réussite de Bob était largement en-dessous de la moyenne. 45% ? 40% ? 35% ?…

Dans son livre sur le club « 65 ans d’histoire », le coach de l’époque Roland Erbel écrit: « après avoir été l’artisan numéro 1 de la montée la saison précédente, Bob n’avait pas suffi pour assurer le maintien. Il faut dire qu’il était attendu tous les samedis soirs sur les terrains de l’hexagone, mais quel merveilleux joueur il était. Professionnel jusqu’au bout des ongles il s’entraînait tous les jours plus de 2 heures pour travailler encore et encore son shoot. Bob n’était pas un mercenaire du sport comme on en voit tellement aujourd’hui sur les terrains. Il s’était parfaitement intégré dans la vallée de la fensh. Comme Jerry Cluckey, il parlait couramment français quelques mois après son arrivée et s’était fondu dans le collectif nilvangeois. Tous les anciens qui l’ont vu jouer n’oublieront jamais sa gentillesse, sa formidable adresse et son envie de gagner. »

Le Caen BC crût faire l’affaire du siècle en transférant ce pointivore la saison suivante. En 26 matches, Bob Thate tourna au CBC à la prodigieuse moyenne de… 10 points par match ! Il fut renvoyé sans préavis.

A lire mercredi l’interview de Bob Thate

Photo: Ron Davis (Maxi Basket)

Ron DAVIS

Roi des Playoffs

La qualité des joueurs américains a augmenté au cours des années quatre-vingts. Celle des Français aussi. Il n’y a plus d’équipes nullissimes, sans jambes, sans collectif, sans défense. Plus dur de faire des cartons, même si le panier à trois points, apparu en 1984, a apporté un bonus considérable.

Dans l’histoire de la LNB, deux joueurs seulement sont devenus membres du club très fermé des joueurs à plus de 60 points dans un match.

–           60 points pour Paul Thompson (Limoges CSP) contre Mulhouse, le 13 décembre 86.

–           61 points pour Ron Davis (Mulhouse BC) contre le Racing Paris le 29 octobre 88.

Davis était parti sur des bases extrêmement élevées au bout de 20 minutes (44 points !) mais il ne put tenir la distance. D’ailleurs Mulhouse s’inclina d’un souffle, 109-110

Il est à remarquer que le Mulhousien ne shoota pas comme un forcené et qu’il profita abondamment des paniers primés : 10 sur 18 à 2 points, 10 sur 14 à 3 points et 11 lancers sur 11 face à un Racing Paris où Hervé Dubuisson (30 points) ne fut pas en reste. « C’était complètement fou », déclara Ron Davis. « A aucun moment dans le match je n’ai vraiment imaginé ce que j’étais en train de faire. Tout était si évident ce soir-là. Je ne saurais même pas dire exactement pourquoi, comment s’est arrivé. J’avais perdu conscience. Je ne réalisais pas. Je l’ai appris à la fin du match. Quand quelqu’un m’a dit, « 44 points Ron », j’ai pensé que c’était juste pour le match. C’est après que j’ai su que c’était juste en 20 minutes. »

Davis n’a pas dépossédé Staelens de son bien, mais s’est donc attribué un premier record, celui du nombre de points en saison régulière en LNB et aussi celui du nombre de points dans un match de playoffs. 46, le 21 avril 90 contre Orthez. Avec 11 sur 16 à deux points, 5 sur 7 à trois points et 9 lancers sur 11. Celui-là est tout à fait accessible.

Photo: Jim Signorile

Jim SIGNORILE

101 points en deuxième division

Il avait le nom et la chevelure noire d’un Italien mais était Américain, de Manhattan. Jim Signorile avait suivi des études de Commerce à New York University et animé l’équipe de basket-ball avec ses 22 points et 12,5 rebonds en senior.

Signorile possédait une bonne vitesse de course, un jump shoot tonique et un hook shot très souple. 2.03m, davantage ailier que pivot, il fut enrôlé par le Real Madrid en octobre 70, uniquement pour la Coupe d’Europe. Les étrangers étant alors bannis du championnat espagnol. Il se distingua particulièrement lors de la Coupe Intercontinentale : 32 points contre Ignis Varèse, 37 contre le Slavia Prague.

« Je ne jouais qu’une rencontre par mois, une mauvaise expérience. En fait, depuis mon premier pas sur le sol européen, je n’ai jamais progressé », dira t-il, un peu plus tard, à Jean-Jacques Maleval de L’Equipe-Basket-Hebdo.

Curieusement, un an plus tard, Signorile se retrouva au Stade Clermontois, en Nationale 2 ! A ses côtés, son compatriote Elliot Wolfe, un meneur. Signorile entretint sa forme physique avec 5 entraînements et 3 séances de musculation hebdomadaires, et sa santé mentale grâce à des cours de français à l’université de Clermont.

Sur le terrain, il s’amusa, beaucoup, et même ria à gorge déployée le 5 février 72 contre Agen. Parce que Clermont passa une dérouillée à son adversaire (141-68) et surtout car lui, Signorile, en empila 101 de ses propres mains ! 101 ! Whoufff…

Et pas n’importe comment. Avec 71.6% de réussite. Du travail très propre.

Toujours questionné par Maleval, Jim Signorile, un pince- sans-rire, aura ce commentaire à propos de son exploit : « C’était pour impressionner la femme de Mister Wolfe qui était venue nous voir. Lui, il a bien dû faire 30 passes décisives. Après ça, j’étais persuadé d’une chose : que nos adversaires n’étaient pas très forts. »

A lire l’article jeudi sur Jim Signorile.

https://www.youtube.com/watch?v=8hajzWb8g6Y&t=47s

Photo: Drazen Petrovic

Erman KUNTER mieux que Drazen PETROVIC

C’est un petit prodige. Le Mozart du basket-ball européen. Il dribble entre les jambes, tire la langue, shoote à trois points en souplesse et fait des passes en finesse. Drazen Petrovic, à la chevelure moutonnée, n’a pas encore tout à fait 21 ans quand se présente la première journée du championnat yougoslave de la saison 85-86, un 5 octobre.

Révélé à Sibenka Sibenik, Petrovic est alors désormais la star du Cibona Zagreb, la meilleure équipe yougoslave, la meilleure d’Europe. Grâce à ses prouesses. Il a tout de même comme adjoints des internationaux, Danko Cvjeticanin, Zoran Cutura et Franjo Arapovic.

La nouvelle incroyable tombe dans la soirée. «Lors du match Cibona Zagreb contre Olimpija Ljubljana, Drazen Petrovic a marqué 112 points ! » On savait Drazen Petrovic un extraordinaire shooteur, capable de perforer régulièrement le plafond des 50 points. On n’aurait pas été surpris qu’il en empile 60, 70 et même 80. Mais 112… Le championnat de Yougoslavie, qui n’est pas encore vidé de ses vedettes, est probablement le plus costaud d’Europe. Et si Olimpija Ljubljana n’en est pas un caïd, ce n’est tout de même pas de la gnognotte.

112 points. L’info est vérifiée, ce n’est pas un canular… Ce n’est qu’un peu plus tard que l’on va savoir le pourquoi et le comment de cet étrange record. En fait, à cause d’une erreur administrative au niveau de leurs licences, les joueurs titulaires d’Olimpija Ljubljana n’ont pu être inscrits sur la feuille de marque. Et c’est une équipe de cadets et de juniors qui, sans préparation, s’est faite étriller par Zagreb. D’où les 112 points de Petro. On savait que celui-ci adorait noyer l’adversaire quand il était sans résistance. Ce soir-là, face à des gamins, Drazen a légèrement abusé. Que voulez-vous, ce crack est aussi un vilain frimeur.

En fait, ce n’est pas Drazen Petrovic qui possède le record de points dans une ligue majeure européenne -pour quelques-unes ce n’est pas vérifiable- mais l’actuel coach de Cholet Basket, Erman Kunter. Et il est délirant. Erman avait alors 31 ans, portait le maillot de Fenerbahçe où il jouait deuxième arrière du haut de son 1,87m. « J’étais un joueur un peu égoïste, qui ne faisait pas beaucoup de passes décisives », nous a-t-il déjà dit en rigolant. « Mais lorsque j’étais jeune, j’ai beaucoup travaillé mes fondamentaux. Je n’étais pas un shooteur pur, mais un scoreur. J’attaquais toujours le cercle. » Erman Kunter fut 7 fois top-scoreur du championnat turc.

Fenerbahçe donnait ce soir-là l’hospitalité à Hilalspor Izmir. Bilan du carnage : 175 à 101. « En fait, nous avions que nous allions remporter ce match facilement, et nous voulions trouver quelque chose d’original. » Ce fut de permettre à Erman Kunter d’accomplir un incroyable exploit, lui qui était en fusion. Tout rentrait. « A la mi-temps, j’en étais à 80 points ! Je crois que j’ai marqué un total de 17 trois-points et 20 lancers-francs. »

La magie d’internet permet de mater quelques actions du match en rétrospective. Un Kunter chevelu fait apprécier ses gestes, sa grinta, son opportunisme. Bien sûr ce n’est pas en face la défense des Bad Boys des Detroit Pistons de l’époque, mais les gars d’Izmir n’ont pas l’air de faire semblant et proposent même un moment une « boîte » sur le diable déguisé en Erman Kunter. Et aucun doute, les fans et les photographes ont bien compris que Erman a accompli ce soir-là un exploit gravé à jamais dans le marbre, la salle est en éruption. 153 points, c’est juste irréel.

Photo: Entouré en rouge, Zdenko Babic

Zdenko BABIC 144 points, un soir en passant

Ranko Zeravica, coach yougoslave de renom, dira que le record de Drazen Petrovic, vu les circonstances, n’a aucune signification. Pas plus que celui de Zdenko Babic… cinq jours plus tard.

Si le nom de Petrovic est connu tout autour du globe (peut-être pas au Rwanda, remarquez), celui de Babic n’évoque absolument rien en dehors des frontières yougoslaves. C’est un ailier d’1,97m, 25 ans, bon shooteur (comme tous les Yougos !) et combatif. Il fut un moment un sérieux espoir mais n’a jamais obtenu le statut d’international. Il n’appartient pas au starting five (cinq de départ) du KK Zadar qui compte notamment Branko Skroce, Ivan Sunara et Stojan Vrankovic.

Ce 10 octobre 85, KK Zadar reçoit Apoël Nicosie au 1er tour de la Coupe Korac. Apoël Nicosie, c’est faible, plus que ça encore, archinul ! Les représentants de l’île de Chypre ont encaissé un monstrueux 121-40 au match aller. Un simple apéritif, on va le voir.

La rencontre débute. Une parodie. Au bout de 7 minutes de jeu, changement. Zdenko Babic entre en jeu. Et il commence à asperger le panier de tirs à trois points. Boum, reboum, surboum ! Les Yougos vont alors prendre deux décisions peu banales : 1- Ils axent tout leur jeu sur Babic qui reste en permanence dans le camp de Nicosie ! 2- Ils ne défendent plus afin de ne pas gaspiller de précieuses secondes. Le but est de récupérer la balle au plus vite afin de faire une longue passe à Babic, qui, seul, n’a plus qu’à effectuer un layup.

Les Chypriotes vont tomber dans le panneau, trop contents de faire eux-aussi un carton. Apoel va inscrire 116 points ! Et en encaisser 192… Zdenko Babic, demeuré sur le terrain pour les 33 minutes encore disponibles, bloque son compteur personnel à 144 POINTS ! Soit 1 point toutes les 14 secondes…

Le vieux record de son compatriote Radivoj Korac (99 points en 1965 avec OKK Belgrade contre Alvik Stockholm) est tombé. Pourtant l’exploit n’a pas une énorme répercussion en Yougoslavie. Trop… facile.

Epilogue : deux ans plus tard, Babic était transféré dans un club yougo de division inférieure mais laissait (à jamais ?) son patronyme dans le Livre des Records.

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Jean-Pierre STAELENS

Déjà un demi-siècle

Un peu moins de deux cents pionniers furent inscrits sur les feuilles de marque lors de la première saison du championnat de France de Nationale 1, en 1949-50. Le meilleur marqueur de journée d’ouverture fut ainsi, automatiquement, le premier à prendre place au palmarès national. Marc Albos de l’AS Mo­naco vécut, sans le savoir, un moment historique. Il passa 12 points (sur les 37 de l’ASM) à l’Avia Club et ce fut suffisant pour devancer tous les autres concurrents.

Quinze jours plus tard, ce total très modeste passait déjà à la trappe. Robert Monclar, le père de Jacques, 1,97m de muscle, atteignit la barre de la vingtaine. Et puis, en trois ans, le record allait tomber à six reprises. Les étrangers se taillant la part du lion.

Ce fut tout d’abord le hongrois François Nemeth, une force de la nature d’1,96m et 100kg, champion du Monde universi­taire de handball, poloïste, boxeur, qui demeura trois ans en France avant d’émigrer en Argentine et de prendre la nationa­lité de ce pays.

Jacques Dessemme (1,78m, 80 sélections en équipe de France) entra également dans les annales, tout comme Alva­ro Salvadores Salvi, qui s’était révélé au Championnat du Monde de 1950 avec l’Espagne et qui disputa ensuite les Jeux Olympiques avec le Chili, et le Balte de Mulhouse Vitas Grybauskas. 42 points à l’actif de Grybauskas. C’était déjà pas si mal car, en ces temps-là, c’était souvent le score de toute une équipe. Mais le 21 février 1954, un fin intérieur d’1.98m, spécialiste des «claquettes» et doté d’un bon tir à mi-distance à une main, emmenait le record vers des hauteurs stratosphé­riques. Roger Haudegand (RSC Marly) passait 58 points à Nilvange. Haudegand fut LE scoreur de cette génération qui ne connut pas l’invasion américaine. Ses 7 titres de meilleur marqueur (en 8 saisons) sont gravés dans le marbre. Trois ans plus tard, il poussait même le bouchon un peu plus loin : 62 points.

Neuf records en moins de huit ans. Alors que depuis 1957, un seul nom a été ajouté au palmarès : celui de Jean-Pierre Staelens, le 4 mars 1967. Ce soir-là, tout fut réuni pour l’exploit.

  • Avec ses 197 cm, Staelens, le Tourquennois de l’AS Denain-Voltaire, jouait près du cercle, en faux-pivot. C’était un scoreur qui, un an plutôt (le 13 février 66) avait déjà flirté avec le record de Haudegand face à Franconville, 61 points.
  • Il disposait en Jean Degros d’une formidable rampe de lancement. Déifié à Denain, haï dans toutes les autres salles de France, Degros était un patron, un vrai, et surtout un extraordinaire passeur. Peut-être le N°1 français de tous les temps.
  • Denain était alors en tête de la Poule B (12 victoires, 1 défaite) et affrontait la lanterne rouge, le RSC Valenciennes (2 victoires, 11 défaites). Rappel : il n’y avait pas -ou très peu- d’Américains en N1 et les équipes faibles étaient alors vraiment très faibles.
  • Staelens, qui n’avait pas encore 22 ans, était ultra motivé. C’était la dernière journée de la saison régulière (une poule finale à 4 servait en­suite de playoffs) et le pivot de Denain était tou­jours menacé par Jean-Claude Bonato dans sa quête du titre de top-scoreur national.

A la mi-temps, le capital-point de Staelens était de 28. Correct. Aux vestiaires, on lui remit en mémoire le record d’Haudegand. « Il se piqua donc au jeu et accumula les paniers avec une maîtrise insolente et quelques-uns dans des positions impossibles. Et aux ovations délirantes de ses supporters à cinq minutes de la fin et à son 63e point, il comprit qu’il avait effacé le Haudegand des tablettes », écrivit André Delsaret, le lendemain dans L’Equipe. Le Denaisien ajouta 3 pa­niers et deux lancers. Pour un total de 71 points sur les 125 de Denain, qui avait pulvérisé son rival nordiste relégué à 50 longueurs ! Un record qui a fêté tranquillement son demi-siècle.

Bob THATE

38,96 points en moyenne !

Un bataillon de joueurs Américains va ensuite s’attaquer à ce monument. Des Américains et un Yougoslave. Marco Ostarcevic avait porté le maillot du KK Zadar, fut 13 fois inter­national B, quand il débarqua en France en juin 66. Avec le Racing Paris, et contre la SI Graffenstaden, il scora 64 points le 21 mars 1971

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A lire demain l’article sur Radivoj Korac

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