En Espagne, les U21 jouent. Mais, pour une bonne moitié d’entre-eux, ils ne sont pas Espagnols. La liga ACB est en effet la plus « cosmopolite » des grandes ligues en ce qui concerne les jeunes. Au point de menacer la formation nationale ?
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Prenez votre respiration. Pêle-mêle : république du Congo, république démocratique du Congo, Macédoine, Suède, Pays-Bas, Lettonie, Pologne, Danemark, Lituanie, Bosnie, Islande, Grande-Bretagne, Ukraine, Estonie, Slovénie, Monténégro, République Tchèque, Roumanie. Qu’ont en commun ces dix-huit pays ? Un de leurs ressortissants au moins, âgé de 21 ans ou moins, a joué ne serait-ce qu’une minute dans le championnat d’Espagne de basket-ball, la liga ACB. Au total, ce sont 25 U21 de divers pays d’Europe et d’Afrique qui gambadent sur les parquets ibériques, soit la moitié des 50 U21 qui sont à un moment ou à un autre entrés en jeu. Et si l’on se concentre sur les U21 ayant évolué de façon plus qu’épisodique en ACB (soit a minima 9 matchs sur les 26 pris en compte, avec au moins 5 mn de temps de jeu en moyenne), le contingent étranger représente encore 8 joueurs sur 16.
En s’intéressant aux statistiques de ces U21 ayant un véritable rôle, on peut constater que les étrangers ont un apport supérieur à leurs homologues locaux. Les premiers passent 15,7 minutes sur le terrain pour 5,5 points et 5,74 d’évaluation alors que les seconds n’y passent que 11,0 mn pour 3,4 pts et 3,44 d’éval. En outre, quatre U21 espagnols passent plus de 10 mn par match sur le terrain, contre sept étrangers. En résumé, la balance penche fortement du côté « mondialisé » de la formation espagnole. Ce qui, les résultats des derniers championnats d’Europe de jeunes le montrent (sauf un « creux » lors de leur dernière édition – 7e en U20, 9e en U18 mais 2e en U16), n’empêche pas les jeunes Espagnols d’être dominants à l’échelle européenne – ni la sélection nationale de régner sur l’Europe…
Si l’on s’affranchit de la notion de nationalité, quelle est la place des U21 d’ACB au niveau européen ? Les 16 joueurs responsabilisés produisent 4,51 pts et 4,66 d’éval en 13,47 mn, ce qui les place en haut du « palmarès », seulement devancés par la Lituanie, mais devant la France ou d’autres championnats importants. Bien sûr, si l’on se concentre sur les U21 espagnols, la donne change considérablement, ces joueurs se retrouvant alors en fond de classement, dans les mêmes eaux que la Grèce, l’un des « mauvais élèves » de l’Europe (nous y reviendrons dans un article ultérieur).
Les clubs espagnols sont sans doute conscients qu’à terme, cette situation peut se révéler périlleuse pour l’avenir, sous forme de crise des vocations (pourquoi essayer de devenir basketteur professionnel alors que les places sont prises par des joueurs d’un peu partout dans le monde ?) et de baisse, à terme, des résultats des sélections nationales. Un signe semble aller dans ce sens : sur les 21 joueurs nés en 2000 ou après ayant joué au moins une minute en ACB, « seulement » 9 sont étrangers. Et sur les quatre U19 ayant un tant soit peu joué, trois sont Espagnols : Joel Parra (2000, 7 matchs, 2 mn, 1,1 pt, 0,9 d’éval) de Badalone, Carlos Alocen (2000, 24 matchs, 14 mn, 5,1 pts, 5,5 d’éval) de Saragosse et le phénomène Usman Garuba (2002, 2 matchs, 9 mn, 4,5 pts et 8 d’éval !) du Real. Seul le Suédois Mewin Pantzar (2000, 4 matchs, 8 mn, 1 pt, 0 d’éval) les rejoint dans ce cercle fermé.
Le cinq majeur
La prépondérance de joueurs étrangers dans les effectifs U21 de la liga ACB conduit logiquement à leur omni-présence dans le cinq majeur de ces mêmes U21. En fait, un seul Espagnol, le prometteur Santiago Yusta du Real Madrid, trouve le moyen de pointer son nez dans ce cinq, un tour de force lorsque l’on consulte l’effectif global de l’équipe madrilène. Quant aux quatre autres, ils sont natifs de pays aussi divers que la République démocratique du Congo, la Macédoine, la Suède ou la Slovénie. Et tous les cinq jouent d’ores et déjà un rôle important dans leur équipe, pas un ne passant moins de 15 minutes sur le terrain ou n’offrant 6,1 points par match. La palme revient au Slovène Vlatko Cancar, qui produit 10,3 pts et 10,3 d’évaluation en 24 minutes à Burgos, équipe de milieu de tableau espagnol.
En moyenne, ces cinq joueurs valent 7,2 pts et 7,84 d’éval en 18,2 minutes, des statistiques qui placent ce cinq majeur dans le tiercé de tête des championnats européens majeurs, derrière la Lituanie et la France. Mais cette position flatteuse n’est pas dûe aux jeunes pousses espagnoles, nous l’avons vu…
Poste | Club | Nat. | Ann. | Matchs | Min. | Pts | Eval. | |
Jordan Sakho | 5 | Manresa | RDCongo | 1997 | 17 | 17 | 6,4 | 7,8 |
Nenad Dimitrijevic | 1 | Jov Badalone | Macédoine | 1998 | 26 | 15 | 6,3 | 6,1 |
Simon Birgander | 5 | Jov Badalone | Suède | 1997 | 13 | 19 | 6,9 | 7,9 |
Santiago Yusta | 3 | Real Madrid | Espagne | 1997 | 17 | 16 | 6,1 | 7,1 |
Vlatko Cancar | 3 | Burgos | Slovénie | 1997 | 26 | 24 | 10,3 | 10,3 |
En conclusion
L’Espagne représente un cas très particulier en Europe, avec la surabondance des jeunes pousses étrangères dans ses effectifs. Mais si les statistiques produites par les U21 espagnols sont plutôt médiocres, cela n’empêche pas les sélections de jeunes du pays de briller sur la scène continentale. Difficile de savoir si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Les saisons à venir montreront si les clubs d’ACB s’orientent vers une meilleure représentation des jeunes du cru ou non. Sur le long terme, cela pourrait faire la différence pour la profondeur du réservoir ibérique et sur les prestations de l’équipe nationale…
Pour accéder au tableau complet, il vous suffit de cliquer ici.
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Prenez votre respiration. Pêle-mêle : république du Congo, république démocratique du Congo, Macédoine, Suède, Pays-Bas, Lettonie, Pologne, Danemark, Lituanie, Bosnie, Islande, Grande-Bretagne, Ukraine, Estonie, Slovénie, Monténégro, République Tchèque, Roumanie. Qu’ont en commun ces dix-huit pays ? Un de leurs ressortissants au moins, âgé de 21 ans ou moins, a joué ne serait-ce qu’une minute dans le championnat d’Espagne de basket-ball, la liga ACB. Au total, ce sont 25 U21 de divers pays d’Europe et d’Afrique qui gambadent sur les parquets ibériques, soit la moitié des 50 U21 qui sont à un moment ou à un autre entrés en jeu.
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Jordan Sakho (FIBA)