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Entretien avec Mike Taylor (sélectionneur de la Pologne) : « J’adore le jeu européen »

Ancien coach assistant en deuxième division de NCAA, ancien coach principal en D-League et ancien entraîneur du Ratiopharm Ulm en Allemagne, Mike Taylor est depuis quatre ans le sélectionneur de la Pologne. Pour Basket Europe, le technicien de 44 ans présente sa vision du basket européen, revient su

Ancien coach assistant en deuxième division de NCAA, ancien coach principal en D-League et ancien entraîneur du Ratiopharm Ulm en Allemagne, Mike Taylor est depuis quatre ans le sélectionneur de la Pologne. Pour Basket Europe, le technicien de 44 ans présente sa vision du basket européen, revient sur son parcours et évoque la préparation de la Pologne pour l’Eurobasket.

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Vous étiez assistant en NCAA, qu’est-ce qui vous a amené à venir faire carrière un moment en Europe ?

J’étais un jeune coach assistant en deuxième division de NCAA à Pittsburg State dans le Kansas et un ami avait l’opportunité d’aller en Allemagne mais il a refusé pour se rendre dans une autre université. Il m’a alors demandé si j’étais intéressé. Je voulais avoir une expérience de coach principal à l’étranger pour ainsi en profiter pour améliorer mon réseau international pour le recrutement donc je pensais juste faire une année là-bas puis revenir coacher à Pittsburg. Mais j’ai vraiment aimé le jeu européen, le jeu FIBA, et je suis finalement resté de 2001 à 2011 avant de revenir aux Etats-Unis.

Comment êtes-vous devenu sélectionneur de l’équipe nationale de Pologne alors que vous êtes retourné aux Etats-Unis, en G-League ?

Pendant que je coachais en Allemagne, mon grand ami Pavel Budinsky a été nommé sélectionneur de la République tchèque et lors de mes dernières années en Allemagne, j’étais également assistant en sélection tchèque pour la préparer à l’Eurobasket 2013. J’ai vraiment aimé cet Eurobasket, c’était une très belle expérience. Pendant que j’entraînais en D-League, la place de sélectionneur de la Pologne s’est libérée et ils m’ont engagé. A ce moment-là les Boston Celtics étaient intéressés par moi, Brad Stevens venait d’être nommé coach mais l’opportunité de revenir en Europe et de devenir sélectionneur national à un jeune âge (il a commencé son travail pour la Pologne à 41 ans, ndlr), pour moi, était une grande chance. J’ai donc accepté et ça fait maintenant quatre ans que je travaille avec la sélection polonaise.

« Mathieu Wojciechowski a un énorme potentiel, il est grand, il a une bonne énergie et il joue dur. »

Aaron Cel a vécu une saison difficile à Gravelines et il s’est blessé. Dans quel état de forme l’avez-vous trouvé ?

Aaron va très bien. Nous sommes vraiment très prudents en ce qui concerne l’état de sa cheville mais il est arrivé au training camp en très bonne condition. Il joue très bien et il reprend le rôle qu’il avait laissé lors de l’Euro 2015, comme il n’était pas avec nous l’été dernier. Nous lui donnons un rôle très important et il continuera à endosser ce rôle. Vous savez, les paramètres qui entrent en jeu lors de la saison font que ça peut bien se passer avec le club ou mal se passer. Je pense que Gravelines n’était pas une bonne expérience pour Aaron, qui a d’ailleurs décider de rentrer jouer en Pologne, à Torun, mais nous croyons vraiment en ses compétences, je suis très heureux qu’il soit de retour parmi nous, nous voulons qu’il soit avec nous pour les prochaines échéances et nous espérons qu’il signera un gros Eurobasket.

Qu’a-t-il manqué à Mathieu Wojciechowski pour être retenu dans les douze ?

Oh, il est jeune ! C’était sa première opportunité de rejoindre la sélection, nous voulions le voir, nous étions vraiment très intéressés. Il avait un rôle de « réserviste », mais il a un énorme potentiel, il est grand, il a une bonne énergie et il joue dur. Il a été vraiment impressionnant lors du training camp. Nous sommes vraiment, vraiment contents de ce qu’il a fait. Je pense que cette première expérience avec la sélection est vraiment positive pour Mathieu, nous espérons qu’il fera une belle saison à Bourg-en-Bresse, nous allons continuer de l’observer et nous le réinviterons à coup sûr. Nous le voyons plus comme un poste 3. Il a tendance a être annoncé comme un poste 3-4 mais nous envisageons de l’utiliser comme un pur poste 3.

En France, il existe une polémique à propos des joueurs américains naturalisés. Or, A.J. Slaughter, qui joue en Pro A, possède le passeport polonais alors qu’il n’a jamais joué dans ce pays. Qu’en pensez-vous ?

Nous ne sommes pas la première équipe à faire ça et je pense que nous ne serons pas non plus la dernière à le faire. Ca fait partie du jeu, si vous ne mettez pas toutes les chances de votre côté pour être aussi forts que vous le pouvez, vous n’allez pas dans le bon sens. A.J. est une addition fantastique pour notre équipe, en tant que joueur mais également en tant que personne. Les fans français le connaissent bien pour ce qu’il a fait à Strasbourg. C’est évidemment un très bon joueur, mais c’est également une très bonne personne. Nous pensions que nous avions besoin d’améliorer notre équipe au poste 2 puisque nous n’avions que Lukasz Koszarek depuis plusieurs années et A.J. est arrivé et a été fantastique. Je ne peux pas me permettre de parler pour les autres pays pour savoir ce qu’ils pensent de ça mais je pense que, d’abord, ce n’est pas illégal, ça fait partie des règles, ça fait partie du jeu et que tout ce que l’on essaye de faire c’est d’avoir la meilleure équipe possible. Naturaliser des joueurs fait partie du processus pour rendre votre équipe meilleure. Beaucoup d’équipes n’ont pas la chance d’avoir autant de joueurs en NBA que la France et d’avoir autant de joueurs à un aussi haut niveau. Actuellement les règles nous autorisent à avoir un joueur naturalisé et je pense que nous avons tiré le jackpot avec A.J.

Pour que la Pologne puisse faire les huitièmes de finale, il faut que vous laissiez deux équipes derrière vous. Lesquelles vous paraissent à votre portée ?

Nous ne voulons pas comparer les équipes de cette façon, nous sommes vraiment concentrés sur notre équipe, nous voulons être les meilleurs possibles, nous voulons nous développer pour maximiser notre talent et notre roster pour être une bonne équipe. Nous respectons tous nos adversaires, nous savons que c’est difficile de gagner à l’Eurobasket. Je pense que tout le monde respecte la France, la Grèce et la Slovénie, la Finlande joue à la maison et l’Islande joue avec un style unique. Nous savons que nous devons être prêts à battre de bonnes équipes. Nous ne voulons pas nous amuser à comparer les équipes sur le papier mais nous préférons nous concentrer sur notre équipe pour qu’elle soit la meilleure possible.

« La France doit être considérée comme l’une des grosses équipes de la compétition. »

Quels sont les points forts et points faibles de votre équipe ?

Je pense que la force de notre équipe est en réalité notre équipe ! Notre jeu collectif est notre force, les gars ont une super alchimie, ils ont un très bonne attitude et un vrai esprit d’équipe. Ils connaissent les systèmes sur le bout des doigts. Nous avons des joueurs qui viennent d’un peu partout, nous avons des chamipons de Pologne, des joueurs qui évoluent, par exemple, en première division turque et en ACB. Cette année nous avions cinq internationaux en Espagne. Je pense que le développement et la continuité que possède cette équipe est une force. En ce qui concerne nos faiblesses, c’est difficile à dire. Quand les gens regardent l’équipe ils peuvent se dire que, peut-être, nous n’avons pas beaucoup de grands noms, nous avons des joueurs en cours de développement et encore plus depuis la retraire de Marcin Gortat. Nous sommes également victimes des blessures, avec celle de Maciej Lampe, par exemple.

Avez-vous suivi l’évolution de l’équipe de France ? Que pensez-vous de cette équipe ?

J’aime vraiment la sélection française. Vincent Collet fait du très bon travail, j’aime regarder les joueurs en club. C’est intéressant de voir comment Thomas Heurtel s’est imposé pour avoir un gros rôle à la mène. Il y a Boris Diaw, Joffrey Lauvergne ou encore Evan Fournier, quelques uns de NBA, et même s’il manque plusieurs joueurs principaux, il y a tellement de talents et tellement de qualités dans cette équipe. C’est une super équipe à suivre. La France doit être considérée comme l’une des grosses équipes de la compétition. La France et la Grèce sont clairement les favorites de notre groupe, mais il ne faut pas non plus oublier les qualités de la Slovénie. Dragic, Doncic et Randolph sont très forts et Igor Kokoskov est un très bon coach. La Finlande joue à la maison et l’Islande a son propre style. Nous respectons tous nos adversaires, nous allons tenter de faire notre maximum.

Le basket est-il un sport populaire en Pologne. Est-il diffusé à la télévision ?

Le sport numéro un en Europe est le foot bien évidemment. En Pologne, le volley et le hand sont aussi très appréciés, et le basket continue de se battre pour se populariser. Les matchs passent à la télévision. Ce sport continue de se développer et de grandir dans ce pays. Notre équipe se défend bien, nous avons fait de bons résultats à l’Eurobasket et nos joueurs sont bons que ce soit à l’Euro ou dans leur club en championnat à travers l’Europe. Ce qui permet de faire grimper la cote de notre sport dans le pays. Malgré l’omniprésence d’autres sports, je trouve que le basket est très suivi, les gens s’y intéressent et surtout s’intéressent à la sélection nationale. Nous allons faire notre maximum pour rendre la Pologne fière !

« En faisant parler mon expérience, j’aurais tendance à encourager les joueurs à trouver la meilleure opportunité en Europe »

Avec votre expérience européenne, que pensez-vous de l’environnement du basket professionnel en Europe?

J’adore le jeu européen. Il y a de longues saisons, nous (coachs) avons vraiment la chance de pouvoir travailler individuellement avec les joueurs et de développer l’équipe. J’aime vraiment cette idée de construire son équipe, choisir ses joueurs et de les développer pour les faire progresser dans leur carrière. J’ai eu la chance de travailler en Allemagne et plus précisément à Ulm entre 2003 et 2011, j’en garde des souvenirs incroyables. J’aime vraiment le jeu européen, j’aime le style de jeu européen, j’aime la concentration et le sérieux dont font preuve les joueurs. Que ce soit l’Euroleague, la Champions League ou même l’Eurocup, toutes les compétitions continentales permettent de découvrir de nombreuses façons de jouer et de coacher. Vous pouvez allumer la télé et voir des matchs d’ACB, de première division turque, de VTB League, de Bundelisga ou de Pro A et je trouve ça vraiment intéressant de pouvoir étudier le jeu et de voir comment de nombreux très bons coachs travaillent aux quatre coins de l’Europe. J’ai vraiment apprécié mes quatre dernières années à la tête de la sélection polonaise et j’espère que nous ferons un bon Eurobasket pour continuer à pousser le basket polonais.

Que pensez-vous des nouveaux « two-way contracts » et pensez-vous que cette nouvelle formule va impacter sur le marché européen?

C’est difficile à dire. Je pense que la D-League se devait d’agir sur les contrats car ils sous-payent les joueurs depuis longtemps et c’est une opportunité pour beaucoup de bons joueurs de tenter de devenir des joueurs NBA et de gagner beaucoup d’argent, ce qui est important. Mais ils devront également choisir si ça vaut le coup de courir après leur rêve de NBA ou si c’est mieux de faire une carrière accomplie en Europe. Mais c’est une décision à prendre au cas par cas, chaque joueur prendra sa propre décision et prendra la direction qu’il veut. En faisant parler mon expérience, j’aurais tendance à encourager les joueurs à trouver la meilleure opportunité en Europe car maintenant, la NBA se mondialise de plus en plus et va chercher des joueurs partout dans le monde. Frank Ntilikina qui était à Strasbourg a été drafté dans le Top 10 cette année par les Knicks. Notre joueur, Przemyslaw Karnowski était à l’université de Gonzaga et travaillait dur pour être drafté, a disputé la Summer League cet été, va jouer à Andorre à la rentrée et j’espère qu’il aura la chance de rejoindre la NBA un jour.

Quel est votre opinion sur la guerre entre la FIBA et l’Euroleague ?

C’est difficile. Je veux coacher les meilleurs internationaux et nous voulons jouer contre les meilleurs équipes donc nous avons besoin que les meilleurs joueurs soient disponibles. Nous avons remarqué ces dernières années que les clubs sont de plus en plus protecteurs et que c’est de plus en plus difficile d’avoir les joueurs pour les compétitions internationales. Heureusement nous y sommes parvenus cette année. Ce conflit met une autre pression aux joueurs. Si les choses ne changent pas, les joueurs seront dans une posture désagréable et rejoindront leur sélection en risquant de mettre à mal leur carrière. Nous avons juste besoin de plus de coopération entre ces deux entités, la FIBA et l’Euroleague. Si les deux parties s’entendent ça n’en sera que bénéfique pour le basket. J’espère que les choses vont changer, mais je ne m’inquiète pas vraiment parce que je suis confiant quant à l’issu de ce conflit. Ce n’est pas facile pour les clubs, ce n’est pas facile pour les fédérations et ça peut mettre les joueurs dans une position compliquée. Si l’on écoute notre cœur on veut jouer pour la sélection mais, à cause des pressions extérieures, c’est une décision difficile à prendre. Je suis sûr que tout le monde peut s’entendre, je suis confiant là-dessus et nous continuons de travailler pour mettre nos joueurs à l’aise, ici en Pologne.

Avec le nouveau calendrier et les nouvelles fenêtres internationales, pensez-vous qu’à l’image de Vincent Collet, ce sera toujours possible de coacher en club et d’être sélectionneur national en même temps?

Oui, j’en suis sûr ! Encore plus si le coach est expérimenté. Par exemple, Vincent (Collet) est expérimenté avec l’Equipe de France, mais également avec Strasbourg. Je pense qu’il y a surtout besoin d’avoir de bonnes personnes autour de vous. Tout doit déjà être prêt, la relation avec la fédération doit être à son maximum pour que tout soit mis en œuvre pour que ça se passe bien. Ce qui m’intrigue c’est qu’on ne sait pas vraiment comment ces fenêtres seront développées donc nous devons tout avoir dans la tête afin de pouvoir nous adapter le plus rapidement possible. Ici en Pologne, nous avions un plan très établi qui se déroulait à merveille depuis quatre ans : notre training camp dure deux semaines, nous avons des matchs de préparation et nous terminons par un tournoi en Pologne avant la compétition. Mais maintenant ça va être totalement différent, en pleine saison vous devez trouver la bonne destination pour que les coachs et les joueurs puissent se retrouver rapidement.

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Vous étiez assistant en NCAA, qu’est-ce qui vous a amené à venir faire carrière un moment en Europe ?

J’étais un jeune coach assistant en deuxième division de NCAA à Pittsburg State dans le Kansas et un ami avait l’opportunité d’aller en Allemagne mais il a refusé pour se rendre dans une autre université. Il m’a alors demandé si j’étais intéressé. Je voulais avoir une expérience de coach principal à l’étranger pour ainsi en profiter pour améliorer mon réseau international pour le recrutement donc je pensais juste faire une année là-bas puis revenir coacher à Pittsburg. Mais j’ai vraiment aimé le jeu européen, le jeu FIBA, et je suis finalement resté de 2001 à 2011 avant de revenir aux Etats-Unis.

Comment êtes-vous devenu sélectionneur de l’équipe nationale de Pologne alors que vous êtes retourné aux Etats-Unis, en G-League ?

Pendant que je coachais en Allemagne, mon grand ami Pavel Budinsky a été nommé sélectionneur de la République tchèque et lors de mes dernières années en Allemagne, j’étais également assistant en sélection tchèque pour la préparer à l’Eurobasket 2013. J’ai vraiment aimé cet Eurobasket, c’était une très belle expérience. Pendant que j’entraînais en D-League, la place de sélectionneur de la Pologne s’est libérée et ils m’ont engagé. A ce moment-là les Boston Celtics étaient intéressés par moi, Brad Stevens venait d’être nommé coach mais l’opportunité de revenir en Europe et de devenir sélectionneur national à un jeune âge (il a commencé son travail pour la Pologne à 41 ans, ndlr), pour moi, était une grande chance. J’ai donc accepté et ça fait maintenant quatre ans que je travaille avec la sélection polonaise.

« Mathieu Wojciechowski a un énorme potentiel, il est grand, il a une bonne énergie et il joue dur. »

Aaron Cel n’a pas été très performant à Gravelines cette saison et il s’est blessé. Dans quel état de forme l’avez-vous trouvé ?

Aaron va très bien. Nous sommes vraiment très prudents en ce qui concerne l’état de sa cheville mais il est arrivé au training camp en très bonne condition. Il joue très bien et il reprend le rôle qu’il avait laissé lors de l’Euro 2015, comme il n’était pas avec nous l’été dernier. Nous lui donnons un rôle très important et il continuera à endosser ce rôle. Vous savez, les paramètres qui entrent en jeu lors de la saison font que ça peut bien se passer avec le club ou mal se passer. Je pense que Gravelines n’était pas une bonne expérience pour Aaron, qui a d’ailleurs décider de rentrer jouer en Pologne, à Torun, mais nous croyons vraiment en ses compétences, je suis très heureux qu’il soit de retour parmi nous, nous voulons qu’il soit avec nous pour les prochaines échéances et nous espérons qu’il signera un gros Eurobasket.

Qu’a-t-il manqué à Mathieu Wojciechowski pour être retenu dans les douze ?

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Photos : FIBA

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