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François Gomez (équipe de Suède): « Contre la France, j’aurai évidemment beaucoup d’émotion »

Considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de la Ligue Féminine, François Gomez sera aussi le coach de l’équipe nationale de Suède qui sera face à la France le dimanche 30 juin à Riga pour le championnat d’Europe. Il nous en dit davantage sur le sujet avant d’évoquer dans une deuxième partie sa

Considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de la Ligue Féminine, François Gomez sera aussi le coach de l’équipe nationale de Suède qui sera face à la France le dimanche 30 juin à Riga pour le championnat d’Europe. Il nous en dit davantage sur le sujet avant d’évoquer dans une deuxième partie sa saison avec Tarbes qui malgré un budget limité a réussi à faire les playoffs.

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Qu’allez-vous ressentir le dimanche 30 juin en écoutant la Marseillaise ?

Je vais la chanter… mais avec l’obligation d’apprendre les paroles de l’hymne suédois et je vous assure que ce n’est pas simple ! La difficulté est là, pas d’écouter et de chanter la Marseillaise. Je suis français et l’un des premiers supporters de l’équipe de France sauf contre la Suède. J’aurai évidemment beaucoup d’émotions. Je connais pratiquement toutes les filles de l’équipe de France. C’est comme lorsque tu joues en championnat contre des joueuses que tu as eu dans ton équipe, un moment la compétition prend le dessus sur tout le reste.

C’est une façon de faire l’histoire car très peu d’entraîneurs français dans tous les sports coachent une équipe étrangère contre l’équipe de France ?

Laurent Buffard, quand il avait la sélection belge, a joué contre la France. J’étais dans la salle, je ne me souviens plus à quelle occasion mais la Belgique avait gagné (NDLR : lors de l’Euro 2007, la Belgique avec Laurent Buffard comme coach avait battu la France, 72-63). L’autre coach qui a a coaché une sélection étrangère, c’est Marc Silvert. L’a-t-il fait contre l’équipe de France ? Je ne sais pas (NDLR : la France n’a pas joué la Roumanie lorsque Marc Silvert était son coach en 2007).

L’entraîneur français s’exporte peu aussi il a par conséquence peu de chances de rencontrer sa propre équipe nationale ?

Il y a des sélections qui font le choix d’avoir un coach étranger. En filles, l’Ukraine, c’est un Monténégrin. En Suède, le coach de l’équipe nationale masculine, c’est un Espagnol (NDLR : Hugo Lopez) et avant c’était un Serbe. Avant moi, c’était une Lituanienne et donc maintenant un Français. Eux ont cette culture. Dans le foot, il y a beaucoup de sélections africaines qui ont un coach étranger. Dans le basket, il y a eu aussi des coaches français. On a quand même aujourd’hui Valérie Garnier qui coache l’une des meilleures équipes d’Europe (Fenerbahçe), même chose pour Pierre Vincent (Schio). Avec un coach en sélection nationale, ce n’est pas rien. Mais effectivement dans le basket masculin, on ne l’a pas.

Sur un plan sportif, ça vous inspire quoi de jour les Bleues ?

Ce n’est pas une bonne nouvelle mais il fallait bien que l’on ait un gros dans la poule. Pour rappel, la Suède s’est qualifiée in-extremis au cours du dernier match et on est la 16e équipe qualifiée. On se présente avec beaucoup d’humilité dans ce tournoi. Si je lis bien les commentaires du président de la fédé française et de l’entraîneur de l’équipe nationale, la France y va pour gagner la médaille d’or et pas seulement pour se qualifier pour le tournoi pré-olympique. Quitte à jouer un gros, j’aurais préféré jouer l’Espagne même si j’ai quelques accointances du côté paternel (sourire). Mais donc pour moi, je ne l’ai pas vécu comme une bonne nouvelle car c’est beaucoup plus fort et parce que c’est mon pays.

« On a une équipe moins compétitive que les gros calibres et une préparation qui va être altérée par ses absences »

Pour vous, l’ambition c’est de passer le premier tour ?

En toute honnêteté, on part dans l’inconnu. Quand je vois Valérie Garnier qui peut sélectionner 19 filles, nous on va partir à 15 et on sait déjà au départ qu’il y en a une ou deux qui seront des partenaires d’entraînement, qui n’ont pas la capacité à être sélectionnées. Le réservoir de basketteuses suédoises n’est pas très important. On a sept, huit joueuses de niveau européen. Certaines jouent en Euroleague. Pratiquement toutes se sont expatriées. Bien sûr on jouera la France comme un autre match mais l’ambition c’est d’aller chercher une deuxième ou troisième place du groupe en partant comme outsider. On sera loin d’être favori. J’ai appris avant-hier que Frida Eldebrink souffre d’une rupture partielle du tendon d’Achille donc elle ne va pas être là au début de la préparation. On espère la récupérer en cours de préparation. C’est quand même un des éléments forts de cette équipe. Amanda Zahui va rejoindre son équipe de WNBA et elle ne sera disponible qu’en milieu de préparation. C’est un autre élément très fort de l’équipe. On part avec peu d’atouts. On a une équipe moins compétitive que les gros calibres et une préparation qui va être altérée par ses absences. Je pense qu’un quart-de-finale ça serait vraiment magnifique pour la Suède.

En 2013, la Suède avait été à deux doigts d’éliminer l’équipe de France qui organisait l’Euro. C’est l’un des plus beaux matches de ces dernières années ?

Les Suédoises étaient dans un état second, elles ne rataient rien, c’était un match intense et elles ont fait douter une équipe de France qui partait grande favorite. C’est aussi un aspect psychologique quand tu es malmené par un outsider que tu penses gagner facilement. Le basket français a depuis confirmé son classement dans les meilleures nations du monde. Elles sont présentes à pratiquement toutes les compétitions même quand on finit près du podium. Quand on n’est pas sur le podium, on est déçu. On connaît la qualité de cette équipe et du basket français. Le basket suédois reste très confidentiel dans un pays où le hockey mais aussi le foot et le handball pour le féminin sont très dominants. L’athlétisme… Le curling ! Je plaisante à peine car je crois qu’avec le Canada ce sont les meilleures équipes. Le basket féminin est en développement mais pas du tout à la hauteur de ce qui se fait de mieux en Europe.

Avec vous des rapports avec les journalistes suédois ? Les médias sont-ils présents ?

Oui. Il y avait une conférence de presse aujourd’hui mais je ne suis pas monté. C’est mon assistant et le directeur technique qui y sont allés mais on a communiqué en amont pour savoir ce que l’on devait dire. Les gens m’appellent, sont très présents sur les compétitions. Quand on a joué en Italie on est passé sur une chaîne nationale non cryptée ! Le dernier match que l’on a joué en Suède, on a joué dans une patinoire de hockey-sur-glace où on a mis je ne sais plus combien de milliers de personnes, 7-8 000, et le Premier Ministre était présent dans les gradins. C’est un sport qui est suivi. L’idée de la fédération et de tout le sport c’est de développer l’égalité hommes-femmes et aussi l’égalité entre les différentes races. Mon équipe est composée de beaucoup de joueuses émigrées d’Afrique, pour un tiers je pense. Il y a l’idée de véhiculer de vraies valeurs à travers le sport. Pour le match Suède-Croatie, il y avait une volonté d’aller chercher les enfants dans les quartiers. Il y a un axe social très important.

Bénéficiez-vous de moyens financiers et de logistique comparables à ceux de l’équipe de France ?

Pas du tout. Tout est divisé par je ne sais combien, tout est compté. Sur le plan de l’encadrement, on n’est pas loin d’avoir ce qu’a l’équipe de France. On est trois entraîneurs, on a deux kinés et un toubib. Après, le préparateur physique, on le gère plus ou moins à distance. La vidéo, on la gère nous-mêmes. Sur ce que j’ai proposé en terme de préparation, c’est à peu près la même durée que l’équipe de France. On a quelques tournois à l’étranger, en Russie, en Espagne, en Slovénie. On n’est pas non plus privé d’une préparation qui tient la route à cause de moyens qui sont quand même moins importants que ceux de l’équipe de France.

Pour celles qui sont dans le championnat national, toutes les joueuses suédoises sont-elles des professionnelles ?

Toutes sans exception puisqu’on n’a pas pris les jeunes joueuses universitaires. La culture suédoise veut qu’à 90% quand elles ont 18 ans est de partir aux Etats-Unis. Celles qui jouent dans des pays étrangers sont professionnelles à temps plein. Le professionnalisme en Suède n’est pas comparable au notre en terme de salaires mais elles se consacrent pratiquement entièrement à leur sport, tout en suivant des études pour les plus jeunes.

« Le dernier match que l’on a joué en Suède, on a joué dans une patinoire de hockey-sur-glace où on a mis je ne sais plus combien de milliers de personnes, 7-8 000, et le Premier Ministre était présent dans les gradins. »

Comment faites-vous pour les suivre tout au long de l’année, pour voir des matches ?

J’ai accès à tous les matches en vidéo via Internet. Amanda Zaoui, qui fait le Final Four, je vois. Frida Eldebrink qui joue en Hongrie, pareil. On n’est plus en 1970. Mon assistant coache une équipe de première division en Suède. On communique par mail, téléphone, Skype. Je pense que si vous posez la question à Valérie Garnier, elle va vous donner la même réponse que moi.

Quelle est la durée de votre contrat avec la fédération suédoise ?

C’est au coup par coup. Le contrat prévoit que si l’on va à Tokyo, je serai le sélectionneur de l’équipe. Après les qualifs, j’ai demandé un entretien avec les responsables de la fédé pour savoir si ça leur convenait de continuer à travailler ensemble. Je n’ai pas de souci de mon côté. Si à un moment je me rends compte que je ne suis pas au bon endroit au bon moment, que je ne suis pas la bonne personne, les choses peuvent s’arrêter. Je pense que l’on re-discutera après le championnat d’Europe pour le tournoi pré-olympique et éventuellement, ce qui serait un rêve, la participation de la Suède aux Jeux de Tokyo.

C’est une expérience très profitable sur un plan sportif et humain ?

Quand tu es coach, tu rêves toujours d’entraîner les meilleures équipes. Je n’ai pas eu accès à l’équipe nationale française et je dirai, très humblement, à juste titre. Avant Valérie (Garnier), il y a eu des entraîneurs de très haut niveau. Valérie fait un excellent travail avec d’excellents résultats. Comme tous les entraîneurs nationaux, soumis à la critique, évidemment. Quand j’ai eu l’opportunité d’aller entraîner la Suède -ça aurait pu être une autre sélection- j’ai trouvé ça motivant, exotique -ça marche aussi pour les pays scandinaves, l’exotisme. Il y a quand même sept ou huit joueuses de haut niveau aussi on peut vraiment se faire plaisir professionnellement. On a à faire à des gens qui ont une culture du travail, qui ont envie de réussir. Je n’y vois que des avantages de pouvoir en tant que coach driver une équipe dans un tournoi au niveau international ce qui ne m’étais pas arrivé avec les U18 depuis… 1789 ! Je ne les remercierai jamais assez de me donner cette chance-là. C’est un peu différent parce qu’on ne se voit que quatre, cinq semaines avant de jouer des matches ou alors huit, dix jours pour les fenêtres internationales. C’est un autre travail et c’est très enrichissant pour l’entraîneur que je suis.

Prénom-Nom Année de naissance Taille Club
Farhiya Abdi 1992 188 Galatasaray (Turquie)
Abigail Asoro 1993 183 A3 Basket
Anna Barthold 1980 185 Luleå Basket
Matilda Claesson 1994 170 Eint. Braunschweig (Allem.)
Binta Drammeh 1992 180 Araski (Espagne)
Elin Eldebrink 1988 174 Perfumerías Avenida (Espagne)
Frida Eldebrink 1988 174 KSC Szekszard (Hongrie)
Nathalie Fontaine 1993 183 Tarbes (France)
Louice Halvarsson 1989 192 Wetterbygden Sparks
Danielle Hamilton 1990 191 Cegledi EKK (Hongrie)
Paulina Hersler 1994 191 Mann-Filter (Espagne)
Hanna Johansson 1989 185 Högsbo Basket
Kalis Loyd 1989 188 San Giovanni (Italie)
Klara Lundquist 1999 173 Telge Basket
Regan Magarity 1996 191 Virginia Tech University (NCAA)
Ellen Nyström 1993 183 Gipuzkoa (Espagne)
Josefin Vesterberg 1993 192 BCC Kangoeroes (Belgique)
Amanda Zahui 1993 196 Sopron Basket (Hongrie)

A suivre demain

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Qu’allez-vous ressentir le dimanche 30 juin en écoutant la Marseillaise ?

Je vais la chanter… mais avec l’obligation d’apprendre les paroles de l’hymne suédois et je vous assure que ce n’est pas simple ! La difficulté est là, pas d’écouter et de chanter la Marseillaise. Je suis français et l’un des premiers supporters de l’équipe de France sauf contre la Suède. J’aurai évidemment beaucoup d’émotions. Je connais pratiquement toutes les filles de l’équipe de France. C’est comme lorsque tu joues en championnat contre des joueuses que tu as eu dans ton équipe, un moment la compétition prend le dessus sur tout le reste.

C’est une façon de faire l’histoire car très peu d’entraîneurs français dans tous les sports coachent une équipe étrangère contre l’équipe de France ?

Laurent Buffard, quand il avait la sélection belge, a joué contre la France. J’étais dans la salle, je ne me souviens plus à quelle occasion mais la Belgique avait gagné (NDLR : lors de l’Euro 2007, la Belgique avec Laurent Buffard comme coach avait battu la France, 72-63). L’autre coach qui a a coaché une sélection étrangère, c’est Marc Silvert. L’a-t-il fait contre l’équipe de France ? Je ne sais pas (NDLR : la France n’a pas joué la Roumanie lorsque Marc Silvert était son coach en 2007).

L’entraîneur français s’exporte peu aussi il a par conséquence peu de chances de rencontrer sa propre équipe nationale ?

Il y a des sélections qui font le choix d’avoir un coach étranger. En filles, l’Ukraine, c’est un Monténégrin. En Suède, le coach de l’équipe nationale masculine, c’est un Espagnol (NDLR : Hugo Lopez) et avant c’était un Serbe. Avant moi, c’était une Lituanienne et donc maintenant un Français. Eux ont cette culture. Dans le foot, il y a beaucoup de sélections africaines qui ont un coach étranger. Dans le basket, il y a eu aussi des coaches français. On a quand même aujourd’hui Valérie Garnier qui coache l’une des meilleures équipes d’Europe (Fenerbahçe), même chose pour Pierre Vincent (Schio). Avec un coach en sélection nationale, ce n’est pas rien. Mais effectivement dans le basket masculin, on ne l’a pas.

Sur un plan sportif, ça vous inspire quoi de jour les Bleues ?

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Photo: Nathalie Fontaine, qui joue aussi pour François Gomez à Tarbes (FIBA)

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