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WNBA Pride

La WNBA est une ligue qui favorise l’inclusion des homosexuelles. De là à en faire une ligue à 98% gay, comme l’affirme l’ancienne joueuse, Candice Wiggins…

La WNBA est une ligue qui favorise l’inclusion des homosexuelles. De là à en faire une ligue à 98% gay, comme l’affirme l’ancienne joueuse, Candice Wiggins…

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Mai 2015. Vice-championne olympique trois ans auparavant, Elodie Godin est la première basketteuse française à faire son coming out dans les colonnes du quotidien L’Equipe. Elle annonce son prochain mariage avec son équipière néerlandaise, Naomi Halman.

Six ans plus tard, c’est dans un documentaire de Canal+ intitulé « Faut qu’on en parle » que Céline Dumerc « brise un tabou », en compagnie de cinq autres sportifs et sportives de haut niveau. L’ancienne capitaine des Bleues, recordman des sélections, a attendu d’avoir 38 ans pour sauter le pas, expliquant avoir prévenu ses parents via une lettre, par pudeur.

Les homosexuelles s’assument depuis déjà plusieurs années en WNBA. D’ailleurs la ligue estivale est devenue en 2014 la première, aux Etats-Unis, à réaliser une campagne dans ce sens, « WNBA Pride ». Parmi les 25 joueuses que la ligue récompense comme étant les meilleures de tous les temps, huit sont identifiées comme LGBTQ. Soit Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer.

Les noms des joueuses en question sonnent agréablement aux oreilles des fans. Elena Delle Donne a surmonté une cascade de problèmes de santé pour devenir l’une des références de la ligue. Elle s’est affichée publiquement avec sa future épouse Amanda Clifton. Brittney Griner, 2,03 m, fut la première joueuse à réaliser un dunk en playoffs. En 2015, elle a épousé une autre membre de la WNBA, Glory Johnson, et leur couple a vécu un mariage turbulent. Elles en sont venues aux mains et elles ont été arrêtées toutes les deux pour violence domestique. Johnson s’est retrouvée avec une lèvre coupée, et Griner avec un poignet lacéré et une marque de dent au doigt. Elles ont fini par divorcer.

Parfois, c’est l’atmosphère ambiante qui est nuisible aux joueuses qui ont révélé leur homosexualité. Sur Instagram, Angel McCoughtry, deux fois meilleure marqueuse de la WNBA, a révélé, en 2015 que « ma dernière équipe à l’étranger (NDLR : Fenerbahçe) a menacé mon travail si je n’écrivais pas une fausse lettre sur les réseaux sociaux disant que ma relation était un mensonge. » En 2005, la légende de la WNBA, Sherryl Swoops avait évoqué sa relation avec une femme, mais alors qu’elle s’est mariée il y a deux ans, elle vient seulement de révéler le nom de l’élue avec qui elle a eu un enfant. Il s’agit de l’ancienne internationale russe Anya Petrakova, 37 ans, qui a notamment joué pour Ekaterinbourg. On peut imaginer qu’il est moins facile d’avouer son homosexualité en Russie qu’aux Etats-Unis.

Diana Taurasi et l’Australienne Penny Taylor forment un couple célèbre. Taurasi est non seulement la meilleure marqueuse de la WNBA all-time, mais elle s’est aussi couverte d’or avec l’équipe américaine. Taylor a formé un duo redoutable avec Lauren Jackson et fut élue MVP du championnat du monde 2006. Elle fut aussi mariée avec un volleyeur brésilien, Rodrigo Rodrigues Gil, – ils communiquaient en italien -, mais divorça après trois ans de mariage, lui reprochant son infidélité. En mars 2018, Taylor a donné naissance à un fils, qu’elles ont appelé Leo Michael Taurasi-Taylor.

Photo : Penny Taylor (FIBA)
Photo : Sue Bird et Megan Rapinoe officialisent leurs fiançailles.

Sue Bird et Megan Rapinoe, le couple de sportives n°1

Le couple Sue Bird-Megan Rapinoe possède un statut à part dans le sport américain et même mondial. Bird est la meneuse d’excellence des Etats-Unis depuis deux décennies, cinq fois championne olympique, quatre fois championne du monde. Etc. La footballeuse Megan Rapinoe a gagné l’or olympique en 2012 et deux Coupes du monde. Lors de l’édition en France, elle a été élue Meilleure joueuse du tournoi.

De par leur notoriété, les deux jeunes femmes ont été placées sous les projecteurs et on n’ignore plus grand-chose de leur love story. Elles se sont rencontrées en amont des Jeux Olympiques de Rio 2016. En fait, elles se sont croisées lors d’une séance photos « patriotique » alors que Rapinoe était à l’époque fiancée. L’étincelle a eu lieu lorsque Rapinoe a assisté à la célébration de la victoire des basketteuses, à Rio. Dans ses mémoires One Life, Rapinoe raconte qu’elle n’a pas eu de rapport physique avec Bird alors qu’elle était avec son ex, mais reconnaît un « problème émotionnel ». C’est la footballeuse qui a fait le premier pas avant de mettre fin à ses fiançailles.

Megan Rapinoe raconte que cette nouvelle relation affective est tombée à pic alors qu’elle se retrouvait à la croisée des chemins sur un plan professionnel, et qu’elle s’était engagée dans un combat difficile pour la justice raciale. Elle fut la première athlète blanche à montrer sa solidarité envers le footballeur US Colin Kaepernick qui s’était agenouillé durant l’hymne américain afin de protester contre la brutalité policière et l’injustice raciale.

La joueuse aux cheveux pastel a avoué au magazine GQ s’être aussi retrouvée alors dans la précarité sur le plan du football, qu’elle s’est repliée dans sa nouvelle relation avec la basketteuse, et qu’elle a commencé à suivre son régime alimentaire strict et ses méthodes de préparation. « J’ai été vraiment transformée. Du point de vue de ma carrière, je lui dois beaucoup. Pour que je puisse vraiment revenir, je devais être bien meilleure qu’avant, parce qu’ils (NDLR : les dirigeants de la fédération américaine de football) étaient simplement heureux de laisser cette chienne (sic) déguerpir », explique-t-elle. « Je ne me suis jamais sentie en danger dans ma carrière de cette façon. La relation (avec Sue Bird) m’a fait sentir en sécurité dans ce monde très dangereux dans lequel je vivais. »

C’est à l’âge de 19 ans que Megan Rapinoe a révélé son homosexualité à sa famille – sa sœur jumelle, Rachel, est également gay – et publiquement en 2012 alors qu’elle se préparait pour les JO de Londres. Sue Bird a été plus discrète. L’Américano-Israélienne a réalisé qu’elle était gay à l’époque de l’université de UConn et si elle s’est alors confiée à Diana Taurasi, elle a attendu de nombreuses années avant de le révéler publiquement. Une annonce qui a surpris « beaucoup de mecs sur Twitter », mais qui lui a fait un bien fou. Bird confie que de voir Brittney Griner révéler son homosexualité l’a incitée à faire de même.

Sue Bird et Megan Rapinoe ont continué à gagner des trophées, et aussi à valoriser le travail des sportives et à lutter contre le racisme et le sexisme. Rapinoe s’est fait rabrouer sur les réseaux sociaux par l’ancien président Donald Trump, mais les deux femmes ont été félicitées par son successeur Joe Biden lorsqu’elles ont officialisé leurs fiançailles. Bird est devenue active au sein du syndicat des joueuses qui ont signé une convention collective historique en 2020, qui permet des salaires plus élevés, de meilleures conditions de voyage et un congé de maternité rémunéré. Et évidemment, le couple fait son œuvre dans l’acceptation des personnes LGBTQ. « Ce qu’elles ont pu faire en tant que couple, individuellement, je ne pense pas qu’elles auraient pu le faire », estime Diana Taurasi. « Lorsque deux personnes sont sur la même longueur d’onde, qu’elles s’aiment et qu’elles travaillent à quelque chose de positif, vous pouvez faire beaucoup de bonnes choses. »

Photo : Allie Quigley et Courtney Vandersloot

Un couple vainqueur de l’Euroleague et du championnat WNBA

L’Espagnole Marta Xargay a choisi de retirer du basket alors qu’elle était au summum de sa carrière sportive. Elle a fait part de sa lassitude, révélant ainsi qu’Ana Cruz, que l’ancien coach de la sélection, Lucas Mondelo, employait des méthodes peu recommandables pour les pousser à être performantes. Mondelo les a alors attaquées en diffamation. Parallèlement, la relation de Xargay avec la meilleure joueuse du monde de ces dernières années, Breanna Stewart, a été exposée publiquement. Les deux joueuses se sont rencontrées alors qu’elles jouaient pour le Dynamo Koursk, et se sont mariées lors d’une cérémonie informelle. Elles ont décidé d’avoir un enfant lorsque l’Américaine jouait dans la bulle WNBA en Floride et elles ont cherché une mère porteuse. Ce fut fait, et Ruby Mae Stewart Xargay est née quelques jours après que Stewart ait gagné l’or à Tokyo. « J’ai toujours su que je voulais avoir une famille. Jeune, j’ai toujours voulu être une maman », a déclaré Stewart, 26 ans, dans un documentaire. « Ce ne sera pas facile, mais pourquoi ne pourrais-je pas être la meilleure joueuse, une maman et avoir un enfant comme nous l’avons fait ? »

2021 a vu le triomphe d’Ekaterinbourg en Euroleague – son 6e trophée – et du Chicago Sky en WNBA. Cela a donné lieu à une histoire exceptionnelle. Courtney Vandersloot et Allie Quigley, qui ont joué pour les deux clubs au cours de l’année et ont disputé les deux finales, sont devenues le premier couple marié à remporter deux trophées majeurs dans le basket mondial des clubs. Vandersloot et Quigley sont officiellement mariées depuis décembre 2018.

L’histoire d’amour des futures épouses remonte à 2013. Les deux jeunes femmes ont joué dans la ligue slovaque et se sont rencontrées lors des playoffs, où Kosice de Quigley a battu Ruzomberk de Vandersloot. Immédiatement après la fin de la saison, elles se sont retrouvées avec le Sky. Autre point commun : les deux Américaines ont été naturalisées hongroises et ont joué pour l’équipe nationale de leur pays d’adoption.

Quigley a obtenu la nationalité hongroise en 2012, alors que sa carrière était en déclin. À ce moment-là, elle avait déjà passé trois saisons en Hongrie, et elle ne se faisait aucune illusion sur les perspectives d’intégrer l’équipe nationale américaine et a donc facilement accepté l’offre de la Fédération hongroise. Pour Vandersloot, les choses se sont passées différemment puisqu’elle était considérée comme l’une des meilleures meneuses de jeu américaines et espérait sérieusement jouer pour l’équipe US aux Jeux olympiques de 2016. Elle est même entrée dans la composition élargie de l’équipe nationale, mais elle a dû laisser sa place aux éminentes Sue Bird, Diana Taurasi et Lindsay Whalen. Si bien que Courtney Vandersloot a décidé d’aller de l’avant et a accepté de représenter la Hongrie, avec lequel elle a pris la 12e place à l’EuroBasket 2017. C’est un véritable pied de nez aux institutions du pays, sachant que le mariage et l’homoparentalité ne sont pas acceptées par la constitution hongroise de 2011, officiellement nommée Loi fondamentale de la Hongrie.

Quigley a également signé un contrat avec Ekaterinbourg. Malheureusement, au cours de la première année de leur séjour commun en Russie, elles n’ont pas pu remporter l’Euroleague car la compétition a été interrompue en raison de la pandémie de coronavirus. Mais au printemps suivant, ce fut fait, et quelques mois plus tard, Courtney et Allie ont donc également eu la bague au doigt. Celle de la WNBA cette fois.

Photo : Candice Wiggins

Candice Wiggins, la voix discordante

La WNBA, un modèle d’épanouissement pour les homosexuelles ? Certainement. Mais cela n’empêche pas d’observer de la friture sur la ligne. Candice Wiggins, diplômée de la prestigieuse université de Stanford a fait des déclarations au San Diego Union-Tribune, qui ont fait l’effet d’une bombe à fragmentations. Alors à la retraite après huit étés dans la ligue, elle a affirmé que les joueuses de WNBA étaient « à 98% lesbiennes », hostiles à son égard parce qu’elle était hétérosexuelle et qu’elles étaient jalouses de sa popularité. « Je voulais jouer deux saisons de plus en WNBA, mais l’expérience ne s’est pas prêtée à mon état mental. Je n’aimais pas la culture à l’intérieur de la WNBA, et sans trop en révéler, c’était toxique pour moi… Mon esprit était brisé. » Puis : « Les gens essayaient délibérément de me faire mal tout le temps. Le message était clair : ‘nous voulons que tu saches que nous ne t’aimons pas’ ». Et encore : « Tant de gens pensent qu’il faut ressembler à un homme, jouer comme un homme pour se faire respecter. J’étais le contraire. J’étais fière d’être une femme et cela ne correspondait pas bien à cette culture. »

Sans surprise, ces allégations ont fait réagir la communauté des joueuses et aucune qui s’est exprimée sur le sujet n’a été dans le sens de Candice Wiggins. « Je connais Candice comme une jeune femme douce et intelligente », a déclaré DeLisha Milton-Jones, qui est maintenant entraîneur adjoint à Pepperdine. « Je ne veux rien tirer de ses expériences dans la ligue, donc je ne peux parler que de ce que j’ai vécu de première main. Et c’est en totale contradiction avec ce qui a été déclaré par Candice. » « Je n’ai jamais été témoin du genre d’intimidation que Wiggins décrit dans son interview », a écrit Monique Currie sur son blog. « Cela ne veut pas dire que cela ne s’est pas produit, mais je suis fière de faire partie d’une ligue qui soutient l’inclusion et célèbre toutes les joueuses, quelle que soit leur race, leur religion ou leur sexualité. Nous sommes une famille composée de joueuses qui aiment et respectent le basket-ball. »

Nneka Ogwumike, la présidente de l’association des joueuses, a tenu le même discours mais en se voulant à l’écoute de Candice Wiggins : « Notre syndicat est aussi fort que notre loyauté et notre soutien mutuels. Ce qui est essentiel à cette loyauté et à ce soutien, c’est notre engagement envers la diversité et l’inclusion. En tant que syndicat, nous devons et nous continuerons de célébrer la diversité qui nous rend spéciaux et de montrer l’exemple. Nous devons respecter les droits de ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord quand ils disent ce qu’ils pensent. Que l’on soit d’accord ou en désaccord avec les commentaires faits récemment par une ancienne joueuse, ou que l’on ait vu ou vécu quelque chose comme ce qu’elle a décrit, n’importe quoi qui a un impact sur une culture inclusive doit être prise au sérieux. »

L’ancienne joueuse portugaise Ticha Penicheiro, devenue agent, s’est montrée davantage tranchée : « Je ne veux pas discréditer son expérience, si en effet elle l’a ressenti. Mais « personne ne se soucie de la WNBA » et « 98 pour cent de la ligue est gay » sont des déclarations complètement fausses. Il est donc plus difficile pour moi de donner son expérience personnelle crédibles quand ces choses sont complètement fausses. » Même réponse de la part de l’ancienne arrière Layshia Clarendon : « Il est important que nous établissions ce que cela signifie d’avoir le droit de s’exprimer, mais aussi ce que cela signifie d’être responsable de ce que vous dites. Parce que ce que dit Candice inclut des stéréotypes et des mots préjudiciables à tout un groupe. Nous avons tout un éventail d’expressions de genre en WNBA, et suggérer que les joueuses sont obligées d’agir comme un homme pour être dans notre ligue ? Franchement, c’est une allégation dégoûtante. Votre apparence ou votre tenue vestimentaire n’influence pas si vous êtes « accepté » ou si « vous allez jouer ». »

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Mai 2015. Vice-championne olympique trois ans auparavant, Elodie Godin est la première basketteuse française à faire son coming out dans les colonnes du quotidien L’Equipe. Elle annonce son prochain mariage avec son équipière néerlandaise, Naomi Halman.

Six ans plus tard, c’est dans un documentaire de Canal+ intitulé « Faut qu’on en parle » que Céline Dumerc « brise un tabou », en compagnie de cinq autres sportifs et sportives de haut niveau. L’ancienne capitaine des Bleues, recordman des sélections, a attendu d’avoir 38 ans pour sauter le pas, expliquant avoir prévenu ses parents via une lettre, par pudeur.

Les homosexuelles s’assument depuis déjà plusieurs années en WNBA. D’ailleurs la ligue estivale est devenue en 2014 la première, aux Etats-Unis, à réaliser une campagne dans ce sens, « WNBA Pride ». Parmi les 25 joueuses que la ligue récompense comme étant les meilleures de tous les temps, huit sont identifiées comme LGBTQ. Soit Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer.

Les noms des joueuses en question sonne agréablement aux oreilles des fans. Elena Delle Donne a surmonté une cascade de problèmes de santé pour devenir l’une des références de la ligue. Elle s’est affichée publiquement avec sa future épouse Amanda Clifton. Brittney Griner, 2,03 m, fut la première joueuse à réaliser un dunk en playoffs. En 2015, elle a épousé une autre membre de la WNBA, Glory Johnson, et leur couple a vécu un mariage turbulent. Elles en sont venues aux mains et elles ont été arrêtées toutes les deux pour violence domestique. Johnson s’est retrouvée avec une lèvre coupée, et Griner avec un poignet lacéré et une marque de dent au doigt. Elles ont fini par divorcer.

Parfois, c’est l’atmosphère ambiante qui est nuisible aux joueuses qui ont révélé leur homosexualité. Sur Instagram, Angel McCoughtry, deux fois meilleure marqueuse de la WNBA, a écrit, en 2015 que « ma dernière équipe à l’étranger (NDLR :Fenerbahçe) a menacé mon travail si je n’écrivais pas une fausse lettre sur les réseaux sociaux disant que ma relation était un mensonge. » En 2005, la légende de la WNBA, Sherryl Swoops avait évoqué sa relation avec une femme, mais alors qu’elle s’est mariée il y a deux ans, elle vient seulement de révéler le nom de l’élue avec qui elle a eu un enfant. Il s’agit de

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Photo d’ouverture : Breanna Stewart et Marta Xargay avec leur enfant.

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