Après cinq ans de purgatoire, le SLUC Nancy a fêté son retour dans l’élite avec la meilleure affluence de France et un maintien. Prolongé au long cours, Sylvain Lautié a concocté une équipe basée sur ses soldats de l’an dernier et complétée par quelques têtes connues du championnat.
Cinq ans sans Pro A, ce fut immensément long pour la ville de Nancy. Alors l’effervescence du retour dans l’élite s’est propagée toute l’année dans les entrailles de Gentilly, meilleure affluence hexagonale sur la saison 2022-2023 (5 829 spectateurs sur une salle de 6 027 places). Cela a poussé le SLUC à se maintenir, ce qui n'était pas joué d’avance à la mi-saison. Et pourquoi ne pas faire mieux pour l’acte 2 ?
"Nous nous retrouvons limités par la taille de la salle. C’est un sujet que nous avons évoqué avec la métropole (NDLR : un aménagement permettant de gagner environ 600 places a été avancé par les dirigeants du SLUC). Je ne sais pas si nous aurions la capacité de remplir une salle de 8 000 places. En revanche, je suis convaincu que nous pourrions remplir une salle de 7 000 places. Aujourd’hui, nous n’avons pas de perspective de croissance sur la billetterie et les abonnements", regrette le président Aurélien Fortier dans L’Est Républicain.
En attendant de reprendre sa progression structurelle, Nancy compte déjà plus d’abonnés que l’an dernier (3 000 dont 1 700 grand public, contre 2 500 l’an dernier), un premier indicateur qui montre bien que la ferveur est toujours là.
La moitié de l’effectif conservée
Avec un budget en augmentation (plus de 5 millions d’euros et une masse salariale supérieure à 1,4 million), le club lorrain avance sereinement en coulisses. L’équipe de Sylvain Lautié, prolongé jusqu'en 2026 à l'intersaison, joue la carte de la stabilité. Elle fait partie de celles qui ont conservé une grande partie de l’effectif de la saison dernière, la moitié pour être précis, dont la totalité de la base arrière (Frank Mason, Ike Nwamu, Meredis Houmounou, Antony Labanca) et Clément Frisch.
S’y sont greffés le très physique Shevon Thompson, transfuge de Fos, l’atout expérience Tyren Johnson, venu de Blois, et l’energizer Bruno Cingala-Mata, déjà passé par le club quand il évoluait en Pro B. Deux paris vont devoir s’adapter à l’élite : le scoreur Jordan Bowden, qui sort de trois saisons de G-League, et le polyvalent Luka Cerovina, issu de la pouponnière serbe de Mega. D’une vision globale, c’est une équipe équilibrée, expérimentée et hiérarchisée qui se présente sur la ligne de départ.
"Un axe 1-5 qui fait penser aux belles années du SLUC"
Malgré l’absence temporaire de son leader désigné Frank Mason, qui attend un heureux événement depuis les Etats-Unis, la formation nancéienne a performé durant la présaison. Avec seulement deux défaites d’une possession pour six victoires, un joli collectif (20 passes de moyenne sur 8 matches), de la densité défensive physique, et avec un Shevon Thompson assurément dominateur, le SLUC peut prétendre à prendre de l’avance en début de saison.
"L’équipe est plus forte que celle qui a démarré la dernière saison, mais moins forte que celle qui l’a terminée (NDLR : avec Mike Scott, Stéphane Gombauld et Caleb Walker notamment), reprend Aurélien Fortier. Frank Mason arrive en forme, contrairement à la saison dernière. J’ai beaucoup échangé avec lui cet été : il voulait absolument revenir à Nancy, parce qu’il a des choses à prouver. L’année dernière, nous avions constitué un axe 1-5 avec peu de certitudes. Cette saison, nous avons plus de certitudes. Frank (Mason) a été fort en fin de saison, dès lors qu’il est revenu à son niveau et qu’il a été en confiance avec le staff. Et Shevon Thompson est un vrai poste 5. Cet axe 1-5 qui me fait penser aux belles années du SLUC. J’aime bien l’état d’esprit de cette équipe. Et si nous avons besoin de pigistes médicaux, ce que je ne souhaite évidemment pas, l’intérêt d’avoir des joueurs Cotonou et Bosman sur les postes 2, 3 et 5 est d’avoir encore une place pour un joueur américain".
Certains joueurs ont annoncé viser les playoffs, mais l’on imagine bien qu’un maintien assuré avec plus de facilité ferait déjà office de saison réussie.
Les résultats des cinq dernières saisons
| Saison | Niveau | Bilan | Rang | Playoffs | Top scoreur | Budget |
| 2018-19 | Pro B | 22-12 | 5e | Quarts de finale | Marcellus Sommerville (14,3) | 3,52 M€ |
| 2019-20 | Pro B | 16-7 | 3e | (Annulée) | Ron Lewis (16,7) | 3,62 M€ |
| 2020-21 | Pro B | 21-13 | 4e | - | Ron Lewis (15,4) | 3,21 M€ |
| 2021-22 | Pro B | 26-8 | 1er | - | Stéphane Gombauld (19,5) | 3,35 M€ |
| 2022-23 | Betclic Elite | 14-20 | 14e | - | Mike Scott (14,3) | 4,80 M€ |
Les changements de l’intersaison
Sous contrat : Frank Mason III (prolongation, 2024), Ike Nwamu (prolongation, 2024), Mérédis Houmounou (prolongation, 2024), Clément Frisch (prolongation, 2025), Antony Labanca (prolongation, 2025), Sylvain Lautié (coach, prolongation, 2026)
Arrivées : Bruno Cingala-Mata (Blois, 2024), Shevon Thompson (Fos, 2024), Luka Cerovina (Mega/ABA League), Jordan Bowden (Long Island Nets/G-League, 2024), Tyren Johnson (Blois, 2024)
Départs : Aurèle Brena-Chemille (Angers/Pro B), Stéphane Gombauld (Sassari/Italie), Caleb Walker (Gravelines), Mike Scott (ASVEL), Donte Grantham (London Lions), Khalid Boukichou
Effectif 2023-2024 : Frank Mason III, Mérédis Houmounou, Ike Nwamu, Antony Labanca, Jordan Bowden, Luka Cerovina, Clément Frisch, Tyren Johnson, Bruno Cingala-Mata, Shevon Thompson
Staff sportif
Coach : Sylvain Lautié (55 ans)
Assistants : Jonathan Nebout (30 ans), Maxime Zianveni (43 ans)
Préparatrice physique : Dorian Dobosziewicz (30 ans)
Front office
Président : Aurélien Fortier (47 ans)
Directeur général : Youri Verieras (34 ans)
Salle : Palais des Sports Jean Weille (6 027 places)
Les joueurs
Le cinq majeur
Frank Mason III
Le chef d’orchestre. Six mois n’ont pas suffi à convaincre malgré l’évidence de son talent. Débarqué en Lorraine en janvier, l’ancien NBAer aux 103 matches dans la grande ligue (drafté en 34e position en 2017 par les Sacramento Kings) est arrivé hors de forme et il lui a fallu du temps pour s'adapter à l’élite française. Malgré son irrégularité, le meneur de poche américain s’est montré décisif dans la course au maintien. Il a discuté avec les dirigeants cet été et sait qu’il a des choses à prouver pour sa deuxième saison en Europe. A 29 ans, il va enfin débuter une saison dans un rôle de titulaire et veut faire parler ses qualités de percussions et de vitesse, louées par son entraîneur, avec autour de lui des joueurs qui doivent lui laisser de l’espace. Sur le papier, il doit former un axe 1-5 tonitruant avec Shevon Thompson, il reste à le confirmer. Pas vu en présaison, il est retourné aux Etats-Unis et attend un heureux événement.
Ike Nwamu
Comme Frank Mason, il est arrivé à Nancy au début de l’année. Il a logiquement tâtonné au début de sa première expérience en France. Pour autant, il a été un joueur d’impact durant la fin de saison, montrant ses grosses qualités défensives - ce qui avait longtemps fait défaut au SLUC - et son dynamisme en attaque. Prolonger l’international nigérien est un joli pari. S’il est capable de réitérer les mêmes statistiques que ce qu’il réalisait en G-League (17,7 points en 2019-20), Ike Nwamu deviendrait une des principales menaces au scoring de l’équipe. En Grèce, en Russie ou en Israël, il a toujours été un défenseur avant d’être un attaquant.
Jordan Bowden
Pour un Américain de 26 ans, son parcours est limpide : un cursus complet à l’université de Tennessee - avec Yves Pons, Kyle Alexander et Grant Williams notamment - puis trois saisons pro en G-League aux Long Island Nets. Statistiquement parlant, il a cette capacité à augmenter son apport chaque saison. Capable de très gros coups de chaud, comme en novembre dernier avec une pointe à 37 points, c’est un joueur offensif, plutôt adroit et polyvalent. Installé à l’aile, il devrait apporter de nombreuses solutions à son meneur tout comme à ses intérieurs passeurs. S’il s’acclimate bien à la Betclic Elite, Jordan Bowden peut rapidement remplacer Caleb Walker dans le cœur des supporters nancéiens. Sylvain Lautié le suivait attentivement depuis quelques temps.
Tyren Johnson
Élevé au rang de légende à Blois, Tyren Johnson va connaître sa deuxième saison au plus haut niveau français sous de nouvelles couleurs. Meilleur joueur de l’ADA lors de ses cinq saisons en Pro B, il s'est bien adapté à son nouveau rôle l’an passé tandis qu’il a dépassé les 35 ans cet été. Au SLUC, il sera sans doute encore une pièce centrale de l’équipe. Par sa menace extérieure, son QI basket et son expérience, l’intérieur devrait faire le liant dans le secteur intérieur. Il endosse également un rôle de fédérateur dans le groupe, en plus d’apporter ses qualités sportives. Une très bonne pioche.
Shevon Thompson
Une saison dans l’élite française ne suffisait pas à Shevon Thompson. Passé un peu partout en Europe (Turquie, Belgique, Espagne, Allemagne) et en G-League avec plus ou moins de succès, il a connu sa première expérience dans l’Hexagone à Fos-sur-Mer l’année dernière. Malgré la descente, l’intérieur athlétique s’est montré dominateur dans les raquettes de Betclic Elite. Sylvain Lautié compte sur lui pour apporter de la densité physique, de la vitesse, du rebond et plus globalement de la solidité défensive. Il a aussi un petit shoot dans le périmètre et ses pourcentages le ressentent (63,2 % à 2-points et 73,4 % aux lancers avec Fos Provence).
Les remplaçants
Mérédis Houmounou
Un vrai couteau suisse, capable de défendre le plomb, d’agresser la raquette adverse, de mener si besoin. Véritable leader de vestiaire, “Captain Méré” va évoluer pour la 6e saison consécutive sous les couleurs rouge et blanche. Pour son exemplarité, Sylvain Lautié est très heureux de garder l’âme de l’équipe dans ses rangs. Sur le terrain, il est un très bon gestionnaire qui a progressé au fil du temps sur son tir extérieur bien qu’il ne soit pas un scoreur. Il a vécu un retour difficile au plus haut niveau français avec une blessure à la cheville contraignante qui lui a fait manquer une bonne partie de la saison précédente. On espère que le soldat sera à 100 % pour repartir au combat.
Antony Labanca
L’intérêt collectif avant l’intérêt personnel. Formé dans sa ville natale de Strasbourg, il a fait ses armes à Souffelweyersheim et à Vichy avant de retrouver Souffel en NM1 et en Pro B puis de connaître l’élite à 28 ans. Parmi les tireurs à trois-points les plus prolifiques de l’antichambre lors de la saison de la montée, Antony Labanca a logiquement réduit son apport en Betclic Elite mais a su trouver son rythme au fil des mois. Son adresse extérieure en fait toujours une menace de premier plan, raison pour laquelle les dirigeants nancéiens n’ont pas hésité à le prolonger de nouveau jusqu’en 2025. À Nancy depuis 2020, le co-capitaine espère atteindre les playoffs dès cette année. Très apprécié sur et en dehors du terrain.
Clément Frisch
C’est l’année de la confirmation pour Clément Frisch, sa deuxième au plus haut niveau après avoir été élu meilleur jeune de Pro B en 2021-22 avec Denain. Formé au poste 4, son objectif est de basculer petit-à-petit sur le poste 3, où il a progressé l’an dernier auprès de Caleb Walker. S’il rêve d’Euroleague, l’objectif est pour lui de continuer à grappiller des minutes et des responsabilités en Betclic Elite. Son bras (53,7 % à 2-points, 41,4 % à 3-points), sa polyvalence et ses qualités athlétiques devraient l’aider à y parvenir. Un gros travailleur selon Sylvain Lautié. Libéré de son prêt par la SIG, il est lié avec Nancy jusqu’en 2025. Une bonne présaison comme titulaire.
Luka Cerovina
Un beau QI basket, polyvalent sur les postes 4 et 3 - comme Clément Frisch -, qui va vivre sa première expérience en dehors de son pays. L’ancien international serbe en jeunes a fait ses classes aux côtés de Malcolm Cazalon dans la pouponnière de talents de Mega, connue pour sa qualité de formation. Doté d’un excellent tir (41,7 % derrière l’arc la saison dernière et 80,8 % aux lancers), ce joueur à fort potentiel a également développé une belle capacité de percussion. A 23 ans, il entame déjà… sa 7e saison professionnelle !
Bruno Cingala-Mata
L’energizer. Deux ans après son départ, le Guadeloupéen est de retour à Nancy, là où il avait réalisé sa meilleure saison statistique en carrière - en Pro B - lors de son passage en 2020-21. Son excellente pige à Nanterre en début de saison dernière a été récompensée d’un nouveau contrat à Blois et d’un maintien assuré. Petit intérieur mais polyvalent en sortie de banc, cet habitué de la première division devrait apporter son expérience et son énergie positive, louée partout où il passe. A Nancy, il connaît la maison, a gardé une excellente relation avec coach Lautié. Un joueur de devoir. Prononcez "saint-ga-la-ma-ta".
Le coach
Sylvain Lautié
Revenu sur le banc nancéien en 2021 après deux saisons en tant que directeur sportif, Sylvain Lautié est parvenu à ramener le SLUC dans l’élite et à le maintenir en faisant l’unanimité. Ce qui a convaincu le board de lui offrir une prolongation longue durée, jusqu’en 2026. La belle histoire entre les deux parties avait débuté en 2000, où il avait démarré comme assistant avant de prendre la succession d’Hervé Dubuisson après son accident de la circulation. En 2002, il a mené le club à sa première coupe d’Europe, la Coupe Korac. Ses débuts dans le coaching remontent aux années 1990 avec Levallois, Poissy-Chaton et Montpellier. Il a aussi connu des expériences avec Besançon, Boulazac, Gardonne (NM2), Sorgues-Avignon (NM1), Esch (Luxembourg), et avec le Mali où le natif de Saint-Cloud a drivé les sélections masculines et féminines.
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Photo d'ouverture : Frank Mason © Tuan Nguyen
