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[REDIFF] Jeremy Medjana (Agent de Comsport), 1ère partie: « On a une cinquantaine de joueurs et une trentaine de joueuses »

En 1996 naissait Comsport, une agence qui a commencé à faire parler d’elle en mettant en lumière la Slam Nation, une prestigieuse troupe de dunkers. Un quart de siècle plus tard, toujours avec à sa tête Bouna Ndiaye et Jeremy Medjana, Comsport a pignon sur rue en NBA avec la signature de quelques-un

En 1996 naissait Comsport, une agence qui a commencé à faire parler d’elle en mettant en lumière la Slam Nation, une prestigieuse troupe de dunkers. Un quart de siècle plus tard, toujours avec à sa tête Bouna Ndiaye et Jeremy Medjana, Comsport a pignon sur rue en NBA avec la signature de quelques-uns des plus beaux fleurons du basket français à des sommes qui donnent le vertige. L’agence est aussi très présente en France avec notamment dans son écurie une large majorité des internationales.

Jeremy Medjana nous parle de son agence, du marché, et d’un métier à qui il consacre environ 180 jours par an à se déplacer.

L’interview est en trois parties. Voici la première.

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Sans refaire toute l’histoire, tout a commencé avec votre rencontre avec Bouna Ndiaye, qui est désormais installé à Dallas. Vous vous voyez souvent ?

On ne se voit pas souvent car on est toujours par monts et par vaux et on peut difficilement maintenant être au même moment tous les deux parce qu’on a une couverture qui est assez large entre le masculin et le féminin. Bouna est effectivement basé à Dallas depuis une dizaine d’années mais ça ne veut pas dire grand-chose car il est 250 jours par an sur la route. C’est donc difficile dans ce cas-là de savoir où est ta base. Il a d’ailleurs toujours son appartement à Paris. C’est lui qui s’occupe de l’Afrique. On faisait notre camp de détection tous les ans au Sénégal. La semaine dernière, il était au Cameroun pour organiser un camp qui le sera dans pas mal de pays d’Afrique, le Nigéria, le Congo. Trois jours de détection pour, comme il le dit, rendre un peu au continent africain. Et aussi s’il tombe sur un jeune et bon prospect pouvoir le faire venir en Europe ou pourquoi pas aux Etats-Unis.

Comment vous répartissez-vous le travail ?

Bouna et moi sommes les co-gérants de nos deux sociétés. A Comsport France, il y a un responsable juridique et administratif, un Angevin, qui a remplacé quelqu’un qui est parti sur d’autres perspectives. On s’est attaché cette fois-ci à avoir quelqu’un qui soit passionné basket car la personne qui était là avant était la seule à ne pas l’être. Il y a quatre agents, Bouna, moi, Florian Collet et Matthieu Nicolas. Bouna et Florian s’occupent essentiellement des joueurs français. Je suis souvent sur le recrutement des joueurs alors que Bouna et Florian sont plus sur la gestion des joueurs au quotidien. Florian s’occupe plus des joueurs français qui sont en Pro B et des Américains qui sont sur le haut niveau. Sachant que les Américains on les gère via des partenaires aux Etats-Unis. Ce n’est pas notre objectif d’aller recruter des Américains en direct alors qu’on a des arguments pour le faire. Pour nous, notre priorité ça reste le marché français et le marché africain. On a embauché un autre agent, Matthieu Nicolas, qui a eu sa licence sur la dernière session. Il travaille sur le recrutement de jeunes y compris de jeunes Européens. On a ainsi placé un jeune Européen à Nanterre qui est meneur titulaire d’une équipe nationale. C’est un autre marché que l’on est en train d’explorer (…) Caroline Aubert nous a également rejoint sur le secteur féminin et elle prépare sa licence d’agent. On a une personne qui s’occupe de tout ce qui est prépa physique, nutrition, conseil sur la récup’. C’est un salarié qui est là depuis plus de dix ans et qui est mis à disposition de nos clients pour les aider au quotidien. Il peut se rendre sur place mais il fait plus du travail à distance. Nos clients sont très contents du service qu’il apporte (…) On a 125m2 de bureaux à Paris et puis aussi de beaux bureaux à Dallas. Pour une agence de basketteurs c’est rare d’avoir autant de personnel et ça montre aussi le sérieux de la boîte. On cherche tout le temps à faire évoluer la structure.

Combien avez-vous de joueurs et de joueuses dans votre portefeuille ?

Une cinquantaine de joueurs et une trentaine de joueuses, qui sont essentiellement des Françaises ou des Africaines qui sont toutes naturalisées françaises. Les joueurs sont essentiellement français. On commence sur les pays limitrophes à recruter avec Matthieu, la Belgique, l’Allemagne, pourquoi pas les Pays-Bas et l’Angleterre. On ne va pas s’attaquer à des marchés comme l’Italie ou l’Espagne car les joueurs italiens signent avec des agents italiens, les Grecs avec des Grecs, alors qu’en Belgique ou Pays-Bas il n’y a pas d’agents qui ont pignon sur rue donc c’est plus ouvert.

« La concurrence sait que leur chance d’avoir un gamin c’est de l’avoir tôt. Je vois que beaucoup d’agents essayent de créer un affectif avec eux »

La concurrence est-elle plus intense aujourd’hui sur le marché français qu’il y a quelques années ?

Forcément car les gamins sont démarchés de plus en plus tôt, ce qui quelque part est un peu problématique car tu es obligé de te positionner assez rapidement sur des joueurs jeunes. C’est un peu le travers du football. J’ai l’impression qu’on y arrive petit à petit. La concurrence sait que leur chance d’avoir un gamin c’est de l’avoir tôt. Je vois que beaucoup d’agents essayent de créer un affectif avec eux.

C’est quelque chose qui fait tiquer la fédération que vous, agents d’une façon générale, vous soyez très tôt sur les joueurs de l’INSEP ?

Dans le contexte actuel, c’est difficile de changer ça. Mais c’est du conseil, de l’engagement moral, on ne signe pas de contrat.

On ne peut signer des contrats qu’avec des joueurs professionnels ?

Déjà, d’une. Et ce ne sont pas des contrats de représentation, sinon en NBA et en FIBA. Si tu as un contrat avec un joueur, la règlementation en France dit que le mandat doit être déposé à la ligue ou à la fédé et dans ce cas-là c’est le joueur qui doit te payer mais nous on est payé par les clubs. C’est l’hypocrisie du système. Tout le monde fait comme ça.

C’est Bouna Ndiaye qui s’occupe des joueurs NBA à Comsport ?

Bouna et moi, on les gère en binôme. Je leur rend visite minimum deux à trois fois par an. On va dire que Bouna est l’agent primaire et moi l’agent secondaire. Beaucoup de boîtes américaines fonctionnent comme ça. Comme on est co-fondateurs et co-gérants de la boîte, c’est naturel.

« Je crois que l’on était rentré dans le top 10 ou le top 10 des plus grosses agences NBA »

La signature des contrats il y a deux ans de Nicolas Batum, Rudy Gobert, Evan Fournier et Ian Mahinmi vous a fait une très bonne publicité pour inciter les meilleurs joueurs français à vous rejoindre ?

Il y avait le contrat avec Nico qui était déjà important : 46,6M$. Mais c’est vrai que les contrats à plus de 100M$ d’il y a deux ans nous ont propulsés dans la dernière catégorie. Forcément, ça incite d’autres joueurs à nous rejoindre. On a vécu ça à l’inverse. Quand on essayait de placer un joueur en NBA, les Ricains jouaient sur le fait qu’on en n’avaient pas. On a perdu (Johann) Pétro car les gens ont utilisé des arguments dans ce sens-là en disant qu’on n’avait pas encore l’expérience d’avoir signé un gros contrat et puis après, d’avoir signé un très gros contrat. Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a plus d’arguments dont la concurrence peut user. La concurrence, c’est quoi ? Ce sont les plus grosses boîtes américaines. Je crois que l’on était rentré dans le top 10 ou le top 15 des plus grosses agences NBA. En sachant que nous avec nos quelques joueurs NBA, on a le plus gros salaire moyen joueurs en tant qu’agence NBA. Ian est à 16 par an, Evan à 17, et Nicolas et Rudy entre 24 et 25 par an (NDLR : en millions de dollars). En terme de moyenne salariale, c’est énorme. Il y a des agences qui ont beaucoup plus de joueurs que nous et qui font moins de chiffres. On est plus sur du qualitatif.

C’est vous les premiers à avoir compris la richesse humaine qu’il peut y avoir dans le basket français ?

Je pense et il y a aussi l’idée que c’est plus facile d’être géré par un agent français qui parle la même langue que vous, qui a la même provenance, la même culture. Ne serait-ce que pour aller loin dans l’échange, dans la relation, dans le détail. Je ne pourrai pas aller aussi loin dans le détail en anglais avec un joueur américain que je peux le faire avec un joueur français. On ne peut pas nier ça.

Bouna Ndiaye est également agent pour des footballeurs ?

Il a fait de bons trucs dans le football mais il est focus à 99% sur le basket. Ça reste notre cœur d’activité et notre dada.

Vous occupez-vous aussi de la gestion du patrimoine des joueurs ?

Ce n’est pas du tout notre métier. Il y a quelques boîtes qui ont pignon sur rue et qui sont spécialisées et il y en a une où il y a beaucoup de nos clients que ce soit dans le masculin ou le féminin. C’est Elite & Patrimoine (1) avec Kevin Beesley et Frédéric Schatzle, qui était le fondateur. Ce sont des gens expérimentés et c’est important pour nous que nos joueurs travaillent avec les meilleurs. On les conseille, ils les rencontrent, après ils travaillent avec eux ou pas. On oblige aucun de nos joueurs ou de nos joueuses à travailler avec nos partenaires mais si on les conseille c’est que l’on a des garanties sur ce qu’ils vont leur apporter. On travaille beaucoup avec Didier Domat et Arnaud Péricard et quand un joueur a besoin d’un avocat, évidemment on va leur conseiller des gens que l’on pratique depuis longtemps et en qui on a une entière confiance.

L’année dernière, vous étiez présent au côté de Rudy Gobert lorsqu’il a reçu son trophée de Meilleur Défenseur de la saison NBA. Vous avez donc un rôle d’accompagnateur sur les évènements de ce genre ?

Bien sûr. Pour le joueur c’est quand même un accomplissement fort. Ça n’arrivera pas tout le temps qu’un joueur français soit élu Meilleur Défenseur. Aux NBA Awards, les gros agents sont présents car ils ont quasiment tous quelqu’un.

Vous vous chargez aussi des relations entre les internationaux et l’équipe de France ?

Bien sûr. On est je pense des partenaires privilégiés avec les équipes de France, dans la mise en relation, sur un point de vue logistique. Quand un joueur change de numéro de téléphone et que le manager des équipes de France (NDLR : Patrick Beesley) a besoin de les contacter, c’est important. Pour leur prendre un billet d’avion. On fait tout le temps le tampon.

Et lorsque les joueurs NBA viennent en France, vous vous occupez de la logistique ?

Oui. Il faut savoir aussi que l’on organise un camp aux Etats-Unis tous les ans qui est assez important. Et on est en train de préparer la même chose pour le faire en France ou en Europe. Ça sera pour nos joueurs français mais peut-être ça se fera à l’étranger.

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Sans refaire toute l’histoire, tout a commencé avec votre rencontre avec Bouna Ndiaye, qui est désormais installé à Dallas. Vous vous voyez souvent ?

On ne se voit pas souvent car on est toujours par monts et par vaux et on peut difficilement maintenant être au même moment tous les deux parce qu’on a une couverture qui est assez large entre le masculin et le féminin. Bouna est effectivement basé à Dallas depuis une dizaine d’années mais ça ne veut pas dire grand-chose car il est 250 jours par an sur la route. C’est donc difficile dans ce cas-là de savoir où est ta base. Il a d’ailleurs toujours son appartement à Paris. C’est lui qui s’occupe de l’Afrique. On faisait notre camp de détection tous les ans au Sénégal. La semaine dernière, il était au Cameroun pour organiser un camp qui le sera dans pas mal de pays d’Afrique, le Nigéria, le Congo. Trois jours de détection pour, comme il le dit, rendre un peu au continent africain. Et aussi s’il tombe sur un jeune et bon prospect pouvoir le faire venir en Europe ou pourquoi pas aux Etats-Unis.

Comment vous répartissez-vous le travail ?

Bouna et moi sommes les co-gérants de nos deux sociétés. A Comsport France, il y a un responsable juridique et administratif, un Angevin, qui a remplacé quelqu’un qui est parti sur d’autres perspectives. On s’est attaché cette fois-ci à avoir quelqu’un qui soit passionné basket car la personne qui était là avant était la seule à ne pas l’être. Il y a quatre agents, Bouna, moi, Florian Collet et Matthieu Nicolas. Bouna et Florian s’occupent essentiellement des joueurs français.

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Photos: (ouverture) Florian Collet, Jeremy Medjana, Bouna Ndiaye et Matthieu Nicolas (Comsport), Rudy Gobert (FIBA), Nicolas Batum, Jeremy Medjana, Kevin Seraphin (Comsport).

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