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Jean-Pierre De Vincenzi (ex-DTN): « Avec le recul, les fenêtres sont une réussite »

Jean-Pierre De Vincenzi, 61 ans, a été le coach de l’équipe de France entre 1995 et 2000, décrochant notamment la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Sydney. DTN puis directeur de l’INSEP, il est depuis 2017 Inspecteur général de la jeunesse et des sports. Il porte un regard sur le nouve

Jean-Pierre De Vincenzi, 61 ans, a été le coach de l’équipe de France entre 1995 et 2000, décrochant notamment la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Sydney. DTN puis directeur de l’INSEP, il est depuis 2017 Inspecteur général de la jeunesse et des sports. Il porte un regard sur le nouveau système des compétitions internationales, à la fois de l’intérieur mais également avec un certain recul.

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Le nouveau système de qualification pour la coupe du monde de basket 2019, les fameuses fenêtres, a soulevé des incompréhensions en France. Quel est votre sentiment sur ce nouveau format ?

Déjà, quand on propose quelque chose de nouveau, il y a toujours des interrogations et forcément, des sujets qui ne sont pas clarifiés d’entrée de jeu parce qu’ils sont soumis à des paramètres, à des fluctuations, à des choses mal maîtrisées. Donc, on peut toujours comprendre la première critique. Seulement, la vraie question, c’est de savoir pourquoi ce format a été proposé ? En fait, selon l’endroit où on se place, l’appréciation n’est pas la même. Si on se place côté FIBA, on regarde le basket dans son ensemble et on se pose la question du développement du basket mondial, avec un gros partenaire qui est la NBA, qui est une locomotive qui travaille dans le secteur commercial de l’activité. Soit on se place côté fédération et organisation de la constitution des équipes nationales pour ces qualifications et à ce moment-là, on voit les choses différemment. Les fenêtres ont été proposées dans un but de développement du basket mondial parce qu’il est difficile de vendre une activité et de travailler à son développement si on ne la montre pas, si on ne l’expose pas. Donc il fallait montrer plus les équipes nationales. Plus souvent, pas seulement quinze jours l’été. Et les montrer à domicile, lors de matches à enjeux. Tout cela tombe sous le coup de l’évidence.

Pourquoi cette contestation alors ?

Le deuxième point, c’est comment faire pour que tout le monde participe ? Pour qu’il y ait une vraie adhésion et une vraie dynamique globale. Il fallait que tout le monde soit concerné, pas seulement les grosses nations d’un côté qui se partagent toujours le gros morceau du gâteau et les petits de l’autre côté qui sont considérés comme les deuxième, troisième et quatrième niveaux. Aujourd’hui, avec l’ouverture des frontières et la mobilité des joueurs – des joueurs de petites nations vont jouer pour de gros clubs dans des championnats forts parce que ce sont de bons joueurs et que la réglementation le permet – on a des équipes nationales de petites nations qui peuvent s’avérer être compétitives. L’idée, c’était donc de favoriser cela et de permettre à ces gens-là de participer à la coupe du monde, à travers un système de qualifications avec des fenêtres. En même temps, l’idée était de se dire : si on fait participer tout le monde et que les joueurs NBA ne sont pas toujours disponibles, ça permet à des jeunes joueurs d’émerger, parce qu’on donne leur chance à beaucoup de joueurs et cette chance, on ne leur aurait pas donné dans d’autres conditions. Au départ, cet argument, qui était celui de Patrick Baumann, que les fenêtres allaient pousser sur le devant de la scène de nouveaux joueurs, les observateurs n’y croyaient pas. Aujourd’hui, il s’avère totalement vrai.

Quel premier bilan vous faîtes de cette première année de fenêtres ?

Avec du recul, on se dit que c’est quand même une réussite. Cela a permis à des jeunes joueurs d’éclore, ça a permis à des nations qui se disaient en danger – la France, la Grèce et d’autres – de se qualifier tout de même ou d’être en très bonne voie. On ne peut pas dire que cela a été un gros handicap. Les petites nations participent et sont contentes. Il était nécessaire de passer à autre chose et ce genre de transition se fait souvent dans la douleur. Mais tout le monde n’a pas été clair sur le sujet. La disposition qui mettait en place le nouveau système avec les fenêtres est quand même passée à l’unanimité lors du vote à la FIBA. Tout le monde a voté pour. Certains vont me dire : oui mais on ne pouvait pas faire autrement ! Si, on peut toujours faire autrement, je suis désolé. Donc, ce n’est pas quelque chose qui est tombé du ciel. J’étais encore à la fédération française de basket quand les choses ont commencé à être discutées, j’ai assisté à deux réunions à l’époque, tout le monde participait à la discussion. Rien n’empêchait les gens de lever la main et de dire : je suis contre et voilà pourquoi.

« Quand j’étais entraîneur de l’équipe de France, on a connu ces fenêtres. On jouait en novembre, en février, on avait toujours les mêmes problèmes – pas encore avec la NBA – mais déjà les grands clubs européens qui avaient du mal à libérer leurs joueurs. »

Est-ce que la France du basket, grâce à une génération exceptionnelle au niveau sportif et beaucoup plus fidèle à l’équipe nationale que d’autres joueurs de même calibre, a été gâtée par son équipe de basket et que le passage à un système nouveau est d’autant plus difficile ?

Déjà, il faut savoir que ce système de fenêtres de qualification n’est pas totalement nouveau. Quand j’étais entraîneur de l’équipe de France, on a connu ces fenêtres. On jouait en novembre, en février, on avait toujours les mêmes problèmes – pas encore avec la NBA – mais déjà les grands clubs européens qui avaient du mal à libérer leurs joueurs. Ils préféraient mettre les joueurs au repos plutôt que de les voir rejoindre la sélection. Mais bon, on passait par les qualifications, cela ne nous a pas empêché de nous qualifier pour l’Euro 1997 par exemple, on avait gagné nos dix matches. Et quand la FIBA a décidé d’interrompre cela et de ne garder qu’une seule fenêtre à l’année, l’été, pour les équipes nationales, je me souviens de mon homologue italien qui me disait : Jean-Pierre, c’est une catastrophe pour le basket ! Le hand, le football et les autres sports vont avoir des fenêtres et nous, on va exposer nos joueurs qu’une fois par an, et encore pour ceux qui voudront venir car certains choisiront toujours de se reposer… Il y a eu une forme d’incompréhension à l’époque.

Faire venir les meilleurs en sélection a toujours été compliqué ?

On a toujours galéré et on galèrera toujours parce qu’au final, ce n’est pas une histoire de galère mais c’est l’histoire de l’équipe de France d’avoir du mal à rassembler ses meilleurs joueurs. Et je vois que c’est la même chose au tennis et dans d’autres sports. Quand on a une équipe nationale, il faut se battre pour avoir les joueurs le jour J. Mais on ne les a pas toujours, ils ont leur vie professionnelle, leurs blessures, leur repos. C’est un vrai combat et c’est vrai qu’avec la génération de Parker et Diaw, qui a eu du mal à monter en puissance, mais arrivés au sommet de leur gloire, ces mecs ont été hyper disponibles – notamment Boris. Des gens qui ont donné l’exemple, qui ont dit et montré leur envie de venir. Et qui ont également vite pris conscience qu’en raison de leur niveau en NBA, ils pouvaient imposer leur point de vue aux franchises en disant : l’été, je joue avec mon équipe nationale. C’est vrai qu’on a été gâté. Mais il ne faut pas se leurrer. Le problème n’avait pas disparu et ne disparaitra pas, fenêtres ou pas fenêtres. Il faudra toujours qu’il y ait un VRP de la fédération pour maintenir le contact avec les GM, les coaches, les joueurs en permanence. Parce que 100% des joueurs ne seront pas toujours disponibles pour l’équipe de France. Pour tout un tas de raison. Qu’on ait une ou trois fenêtres dans l’année.

« Vu notre état de performance au plan du top niveau européen, je pense qu’on peut imaginer réduire le nombre d’étrangers tout un maintenant un équilibre économique »

La clé pour traverser sans trembler ce nouveau format, c’est donc le réservoir de joueurs ?

La France a cette richesse particulière par rapport à d’autres nations, c’est que s’il nous manque trois ou quatre joueurs NBA, on peut faire jouer des jeunes joueurs. Et à charge aussi pour la ligue française et les clubs pros qui veulent une vitrine « équipe de France » de réduire un peu le nombre d’étrangers autorisés par équipe. Je ne dis pas totalement mais un peu quand même ! Vu notre état de performance au plan du top niveau européen, je pense qu’on peut imaginer réduire le nombre d’étrangers tout un maintenant un équilibre économique. Et donner plus de places à quelques joueurs français – il suffit de peu parfois – pour qu’on ait une équipe de France encore plus performante. On aura alors un embouteillage pour la sélection.

Andrei Kirilenko, ancien All-Star NBA devenu président de la fédération russe, parle de « sabotage » pour qualifier l’attitude de l’Euroleague. Non seulement ECA, l’entreprise privée qui gère la coupe d’Europe, n’a pas aménagé son calendrier, mais elle a programmé des chocs frontaux comme trois affrontements entre clubs turcs et espagnols le jour de Turquie-Espagne ou encore Milan-Kaunas le jour de Lituanie-Italie. Que pensez-vous de ce constat ?

C’est délicat et dramatique en même temps. Je suis le premier à regarder l’Euroleague, c’est là que se passent beaucoup de choses intéressantes. C’est vrai que la FIBA, il y a très longtemps, avait une attitude hégémonique et cela agaçait tout le monde. Ensuite, l’Euroleague s’est créée. Il y a eu la SuproLeague de la FIBA en face, puis la FIBA a lâché du lest. Normalement, si tout s’était bien passé, la FIBA devrait faire la maîtrise d’ouvrage et l’Euroleague la maîtrise d’œuvre. Pour la FIBA l’organisation générale et pour l’Euroleague la gestion de la compétition sous la coupe de la FIBA. Aujourd’hui, au-delà des conflits de personnes, on a perdu l’origine des choses. L’Euroleague aurait tout à gagner à jouer le jeu, à respecter les fenêtres et tout pourrait se passer correctement. Et pour le basket, c’est dramatique. On est à un stade où on n’y comprend plus rien.

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Le nouveau système de qualification pour la coupe du monde de basket 2019, les fameuses fenêtres, a soulevé des incompréhensions en France. Quel est votre sentiment sur ce nouveau format ?

Déjà, quand on propose quelque chose de nouveau, il y a toujours des interrogations et forcément, des sujets qui ne sont pas clarifiés d’entrée de jeu parce qu’ils sont soumis à des paramètres, à des fluctuations, à des choses mal maîtrisées. Donc, on peut toujours comprendre la première critique. Seulement, la vraie question, c’est de savoir pourquoi ce format a été proposé ? En fait, selon l’endroit où on se place, l’appréciation n’est pas la même. Si on se place côté FIBA, on regarde le basket dans son ensemble et on se pose la question du développement du basket mondial, avec un gros partenaire qui est la NBA, qui est une locomotive qui travaille dans le secteur commercial de l’activité. Soit on se place côté fédération et organisation de la constitution des équipes nationales pour ces qualifications et à ce moment-là, on voit les choses différemment. Les fenêtres ont été proposées dans un but de développement du basket mondial parce qu’il est difficile de vendre une activité et de travailler à son développement si on ne la montre pas, si on ne l’expose pas. Donc il fallait montrer plus les équipes nationales. Plus souvent, pas seulement quinze jours l’été. Et les montrer à domicile, lors de matches à enjeux. Tout cela tombe sous le coup de l’évidence.

Pourquoi cette contestation alors ?

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