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Interview Mathieu Wojciechowski (Dąbrowa Górnicza, Pologne) : « Je n’ai jamais autant joué de ma vie ! »

Joueur de Bourg-en-Bresse pour la saison 2016-17, Mathieu Wojciechowski (2,03m, 26 ans) a quitté la France l’été dernier pour rejoindre la Pologne. Aujourd’hui parmi les leaders de son club de Dąbrowa Górnicza, l’ancien ailier du CSP Limoges s’épanouit sur la terre de sa famille. Elu joueur du mois

Joueur de Bourg-en-Bresse pour la saison 2016-17, Mathieu Wojciechowski (2,03m, 26 ans) a quitté la France l’été dernier pour rejoindre la Pologne. Aujourd’hui parmi les leaders de son club de Dąbrowa Górnicza, l’ancien ailier du CSP Limoges s’épanouit sur la terre de sa famille. Elu joueur du mois de janvier, il revient sur son arrivée en Pologne où il vit sa première expérience à l’étranger.

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Pouvez-vous revenir sur votre départ de Bourg? Il vous restait un an de contrat et vous avez choisi de partir.

A chaque fin de saison on se pose la question de savoir ce qu’on a envie, ce qui s’est bien passé et de ce qui s’est pas bien passé. On fait toujours un peu le bilan. J’ai fait le mien et je trouve que mes trois premières saisons en Jeep Elite ne se sont pas bien passées. Tout simplement. Lors des deux premières années à Limoges, je n’ai pas été satisfait de ce que j’ai pu faire. A Bourg, au début ça allait, c’était plutôt pas mal et puis j’ai eu cette fameuse blessure qui m’a freiné. J’ai été arrêté pendant longtemps, j’ai demandé au club de mettre un terme à notre collaboration parce que j’avais envie de « briser » cette mauvaise passe. J’avais besoin de quelque chose de nouveau et c’est là que le challenge de la Pologne me semblait intéressant sportivement et humainement pour « changer de monde ». Avec l’appui de certaines personnes, dont Aaron Cel et mes parents qui m’ont dit que ça pourrait être un bon petit pari, j’ai fait ce choix-là et j’en suis totalement satisfait (sourire) !

Vous saviez déjà que vous alliez rebondir en Pologne ?

Pendant la saison c’est un peu dur de penser à autre chose parce qu’on pense toujours aux résultats, quand on est blessé on pense au retour ou quand on perd on pense toujours à une issue positive pour retourner la situation en notre faveur. J’y avais pensé après une saison à Limoges, mais je me suis dit que retenter une saison en Jeep Elite ça pourrait le faire. Je songeais à la Pologne pendant les inter-saisons, mais pas pendant l’année. Cet été, je me suis dit que c’était peut-être le moment de filer.

« En Pologne il y aussi une règle qui fait qu’il doit toujours y avoir deux Polonais sur le terrain en même temps dans les deux équipes. Ce qui est rare en Europe »

Vous n’avez pas songé à aller en Pro B ?

La Pro B, le problème c’est que j’avais déjà vécu ça. Je connaissais déjà ce championnat. Le fait d’avoir la double culture, d’avoir déjà été sélectionné en Equipe de Pologne U20 et A, ça me donnait un peu plus de crédit qu’en Pro B. A vrai dire, je n’ai même pas pensé à la Pro B. Je me suis dit que quitte à changer quelque chose, autant le faire d’une manière assez sauvage (rires). J’avais d’autres propositions en Jeep Elite, mais j’avais signé avec une sorte de gentleman agreement avec Bourg qui faisait que si je partais, c’était pour aller ailleurs qu’en Jeep Elite.

Après une bonne partie de la saison, que pensez-vous du championnat polonais ?

Très différent de la France ! Forcément beaucoup moins athlétique et différent dans le sens où le basket que l’on y pratique est aussi différent. Il est plus posé, beaucoup moins sur du pick and roll, c’est un autre jeu. C’est plus calme. En Jeep Elite il y a aussi plus de talent donc c’est peut-être aussi pour ça que le jeu est différent. En Pologne il y aussi une règle qui fait qu’il doit toujours y avoir deux Polonais sur le terrain en même temps dans les deux équipes. Ce qui est rare en Europe. C’est aussi un peu ça qui m’a poussé à y aller. Je dirais que le jeu est moins athlétique et plus réfléchi. Je ne dirais pas plus talentueux parce qu’il y a énormément de talent en Jeep Elite, mais beaucoup de mecs qui lancent leur carrière ou des mecs qui sortent de championnats différents pour ensuite partir dans de meilleurs championnats.

Êtes-vous en contact avec Aaron Cel qui joue aussi ici ?

Tous les jours ! Ça fait déjà plusieurs saisons qu’on est énormément en contact, même quand il était déjà en Pologne et pas moi. Mais le fait d’être dans le même championnat c’est encore différent. Quand tu joues une équipe que tu ne connais pas trop, la première personne que t’appelles c’est lui. On s’est vu plusieurs fois, on s’est joué, quand il a joué dans la ville à côté de chez moi j’y suis allé. On s’appelle tous les deux ou trois jours, on est toujours en train de s’envoyer les dernières news NBA. C’est comme une relation fraternelle, on est très, très proches.

Avant cela vous aviez un très long contrat avec Limoges, que s’est-il passé ?

Fred Forte et Olivier Bourgain m’ont dit qu’ils souhaitaient prendre une autre direction et qu’ils ne voulaient pas continuer de bosser avec moi… On a un peu bataillé (rires). Mais c’est le business, il n’y a pas de rancoeur. Chacun défendait ses intérêts, mais c’était un peu une volonté des deux côtés de ne pas vouloir continuer de travailler ensemble.

« Je vais passer les fêtes de Pâques avec ma mamie, je vois mes tantes plus souvent. C’est un gros kiffe. »

Qu’envisagez-vous pour la suite de ta carrière ?

A vrai dire, je ne me suis pas encore réellement posé la question parce qu’on vit une saison un peu folle avec mon équipe. Notre saison est vraiment intéressante donc le kiffe du quotidien est toujours là et je n’ai vraiment pas envie que ça se termine. On a eu vraiment beaucoup de soucis administratifs et financiers, on s’en est toujours à peu près sortis, on continue de gagner des matchs et on est toujours en course pour les playoffs donc c’est un peu de dur de se projeter. Je n’ai pas forcément de souhait en fait. J’ai juste envie que cette saison me donne le plus d’opportunité possible. Tout est possible. Un retour en France, pourquoi pas, si je peux signer dans une meilleure équipe en Pologne, pourquoi pas, si je peux taper dans un autre championnat étranger plus fort que le polonais, pourquoi pas. Je ne ferme pas de porte, j’espère juste que cette saison va me donner un vrai boost pour la suite.

Que vous apporte cette expérience à l’étranger ?

J’en tire que du positif. Déjà, partir à l’étranger, ça n’a pas été totalement partir à l’étranger pour moi parce que j’ai passé énormément de temps, c’est le pays de mes parents. Je suis dans une région que je ne connaissais pas, à côté de Cracovie donc il y a énormément de choses à découvrir, des coins historiques à voir. Il y a Auschwitz, il y a la vieille ville de Cracovie… Au-delà du basket, j’ai pu redécouvrir en quelque sorte ma vraie culture parce que je viens d’une famille polonaise, il ne faut pas l’oublier. Et pouvoir y être au jour le jour, c’est vraiment sympa (sourire). Je peux voir ma famille plus souvent. Je crois que c’est la première fois que j’ai fait Noël en Pologne depuis 20 ans. Je vais passer les fêtes de Pâques avec ma mamie, je vois mes tantes plus souvent. C’est un gros kiffe. C’est vraiment une chance et au-delà du sportif, je voulais vraiment voir autre chose.

Jouez-vous en tant que Polonais ici ?

Oui. Il y a une règle de JFL et non JFL en Pologne, mais ce n’est pas la même qu’en France. Il ne faut pas avoir passé tant d’années de formation ici. Si tu as le passeport, tu es Polonais. C’est un vrai plus parce que quand tu es bon tu es sûr d’avoir 25 minutes minimum dans un mauvais jour et si tu es très bon tu peux avoir 35 minutes sans problème. Je n’ai jamais joué autant que cette saison !

« Il y a des mois où on n’a pas été payés, le plus de retard qu’il y a eu c’est deux mois et demi »

Comment est l’organisation de Dąbrowa Górnicza ?

C’est incomparable à la France. C’est un club qui a eu deux ou trois belles saisons lors de son arrivée en première division. Ils ont ensuite eu des soucis financiers, des sponsors sont partis donc ils ont eu des dettes et ils ont décidé de faire une année un peu de transition où ils essayent de tout nettoyer pour revenir à zéro. Du coup, il y a des mois où on n’a pas été payés, le plus de retard qu’il y a eu c’est deux mois et demi. Ce qui est différent de la France parce que j’ai eu la chance d’être dans des clubs très professionnels. J’ai fait Le Portel, Gravelines en Espoirs. Limoges et Bourg c’est aussi extrêmement pro. Ça fait bizarre au début d’arriver ici. On se pose des questions… C’était quelque chose de nouveau pour moi, mais j’étais conscient que ce sont des situations qui arrivent ici malheureusement et qu’il faut passer outre. Il faut continuer à jouer. Ce que j’ai beaucoup aimé c’est que malgré tous ces problèmes administratifs et financiers, on s’est qualifiés pour la Leaders Cup polonaise et là on est en passe de jouer les playoffs alors qu’on a une des situations les plus pourries. Il y aussi une certaine fierté de se dire que malgré tout on a réussi à faire de bonnes choses. On a d’ailleurs gagné l’amour et le respect de tous les spécialistes du basket polonais parce qu’on a réussi justement à rester concentrés et à gagner des matchs. C’est vraiment cool !

Vous avez été élu joueur du mois de janvier, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

C’est sympa parce que c’était un mois un peu fou pour moi. J’ai été élu joueur du mois, j’ai été sélectionné dans les 14 de la sélection polonaise pour la fenêtre internationale donc c’était quelque chose de vraiment très, très gratifiant. C’est toujours sympa quand on reconnait ton travail et tes résultats. C’est toujours cool une récompense individuelle (rires). Ça a été beaucoup de boulot, ça a été beaucoup de galère au début, mais au final c’est que du bonheur.

Vous pensez que c’est normal avec les progrès que vous avez fait ?

Je pense que oui et j’ai aussi eu beaucoup de chance de tomber sur un coach qui est bon (ndlr, Jacek Winnicki) et qui devrait être élu entraîneur de l’année. C’est un coach qui connait très bien le championnat, il a aussi bossé avec Aaron (Cel) lors de sa première année ici donc il savait un peu dans quel contexte j’arrivais en venant de France. On a vraiment un très bon groupe et un coach qui a toujours réussi à nous garder soudés. Il faisait la soupape de sécurité par rapport à tous les problèmes du club. Il nous a dit que si on le fait pas pour le club, il fallait au moins le faire pour nous, pour le groupe et ça a vraiment marché. On a vraiment beaucoup travaillé et on voit bien les résultats que ça va nous donner sur les années suivantes parce que je pense que tout le monde dans cette équipe va gagner de cette expérience et c’est vraiment génial.

Êtes-vous en contact avec Mike Taylor, le sélectionneur de la Pologne ?

Oui. Je devais être appelé pour la première fenêtre internationale mais malheureusement j’ai eu un début de saison un peu compliqué. Pour le premier stage pour la coupe du Monde où on sera 16 ou 17, il m’a dit que je devrais y être. Cette année, ce n’était pas forcément un objectif pour moi parce que je voulais vraiment me reconcentrer sur ma carrière, mais l’appétit vient en mangeant (sourire). Forcément, quand il y a une coupe du Monde au bout ça ne se refuse pas ! A force ça n’est même plus un objectif, je veux juste y aller. L’équipe nationale c’est un aboutissement, on verra… C’est le futur qui nous le dira.

Quel est votre avis sur le tirage au sort ?

La poule est intéressante… J’ai envie de dire qu’elle est jouable. Il y a le Venezuela, la Côte d’Ivoire et la Chine. Je connais notamment pas mal de gars en Côte d’Ivoire, Solo Diabaté, Vafessa Fofana, Fréjus Zerbo, Bryan Pamba… Ça serait marrant de pouvoir y être (sourire). Tout ça va se jouer cet été, mais j’ai suivi le tirage et ça va être fou comme compétition même si les Américains vont marcher sur tout le monde encore une fois…

Quel est votre lien avec la Pologne ?

Mes parents ont quitté la Pologne en 1991 donc j’ai grandi dans une maison polonaise, à la maison on parlait tout le temps polonais. Dès la naissance j’ai été bilingue, dès qu’il y avait des vacances scolaires je filais chez mes grands-parents ou mes tantes en Pologne. Mes parents m’ont toujours fait garder ce lien avec le pays. Au fur et à mesure c’est resté. Je n’ai jamais imaginé partir ailleurs en vacances tant que j’aurai mes mamies, mes tantes, mes cousins… C’est une chance de les avoir. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance comme tous mes potes qui me disaient « oh j’ai été voir ma mamie ce week-end » de pouvoir faire ça. Moi je les voyais deux ou trois fois par an maximum. J’ai un lien très fort avec la Pologne parce que je m’y sens bien, je ne m’y suis jamais senti mal, je ne m’y suis jamais senti rejeté. Plus je grandis et plus j’ai d’affection pour la Pologne. Pour moi, c’est une énorme chance d’avoir deux cultures. En France, je n’ai que mes parents et ma soeur. Tout le reste est en Pologne.

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Pouvez-vous revenir sur votre départ de Bourg? Il vous restait un an de contrat et vous avez choisi de partir.

A chaque fin de saison on se pose la question de savoir ce qu’on a envie, ce qui s’est bien passé et de ce qui s’est pas bien passé. On fait toujours un peu le bilan. J’ai fait le mien et je trouve que mes trois premières saisons en Jeep Elite ne se sont pas bien passées. Tout simplement. Lors des deux premières années à Limoges, je n’ai pas été satisfait de ce que j’ai pu faire. A Bourg, au début ça allait, c’était plutôt pas mal et puis j’ai eu cette fameuse blessure qui m’a freiné. J’ai été arrêté pendant longtemps, j’ai demandé au club de mettre un terme à notre collaboration parce que j’avais envie de « briser » cette mauvaise passe. J’avais besoin de quelque chose de nouveau et c’est là que le challenge de la Pologne me semblait intéressant sportivement et humainement pour « changer de monde ». Avec l’appui de certaines personnes, dont Aaron Cel et mes parents qui m’ont dit que ça pourrait être un bon petit pari, j’ai fait ce choix-là et j’en suis totalement satisfait (sourire) !

Vous saviez déjà que vous alliez rebondir en Pologne ?

Pendant la saison c’est un peu dur de penser à autre chose parce qu’on pense toujours aux résultats, quand on est blessé on pense au retour ou quand on perd on pense toujours à une issue positive pour retourner la situation en notre faveur. J’y avais pensé après une saison à Limoges, mais je me suis dit que retenter une saison en Jeep Elite ça pourrait le faire. Je songeais à la Pologne pendant les inter-saisons, mais pas pendant l’année. Cet été, je me suis dit que c’était peut-être le moment de filer.

« En Pologne il y aussi une règle qui fait qu’il doit toujours y avoir deux Polonais sur le terrain en même temps dans les deux équipes. Ce qui est rare en Europe »

Vous n’avez pas songé à aller en Pro B ?

La Pro B, le problème c’est que j’avais déjà vécu ça. Je connaissais déjà ce championnat. Le fait d’avoir la double culture, d’avoir déjà été sélectionné en Equipe de Pologne U20 et A, ça me donnait un peu plus de crédit qu’en Pro B. A vrai dire, je n’ai même pas pensé à la Pro B. Je me suis dit que quitte à changer quelque chose, autant le faire d’une manière assez sauvage (rires). J’avais d’autres propositions en Jeep Elite, mais j’avais signé avec une sorte de gentleman agreement avec Bourg qui faisait que si je partais, c’était pour aller ailleurs qu’en Jeep Elite.

Après une bonne partie de la saison, que pensez-vous du championnat polonais ?

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Photo : MKS Dąbrowa Górnicza Koszykówka / FIBA

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