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Uvais Akhtaev, le Gulliver soviétique

Le premier géant du basket européen, c’est lui, Uvais Akhtaev, même si sa carrière n’a pas pris la dimension que pouvait lui faire espérer ses mensurations.

Le premier géant du basket européen, c’est lui, Uvais Akhtaev, même si sa carrière n’a pas pris la dimension que pouvait lui faire espérer ses mensurations.

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Il n’a pas laissé dans l’histoire du basket européen l’empreinte de Jānis Krūmiņš mais lorsqu’on le voit à l’œuvre sur des films d’époque, on se dit que personne plus que lui ne mérite d’être comparé à Gulliver, ce héros de fiction du 18e siècle. Les informations à son sujet qui sont parvenues jusqu’à nous sont très fragmentaires, souvent invérifiables, à commencer par sa taille réelle. Le sport soviétique lui donna la taille de 2,14m alors que Wikipedia en fait avec 2,36m le 43e plus grand être humain de tous les temps. Pourquoi ne pas croire cette deuxième version sachant qu’il pouvait glisser le ballon dans le panier sans lever les pieds du sol. C’était d’autant plus impressionnant qu’à son époque rares étaient les joueurs, y compris au niveau international, à plus de 1,90m. Son poids s’établissait entre 160 et 200 kilos et les différentes sources s’accordent pour révéler qu’il chaussait du 58.

15 litres d’eau par jour

Uvais Mazhidovich Akhtaev est né le 26 décembre 1930 dans le village de Vashandaroy dans la République socialiste soviétique autonome tchétchène-ingouche. La famille Akhtaev a été ensuite déportée à Karaganda au Kazakhstan. De nombreux Tchétchènes et Ingouches sont alors morts de faim et de misère. Pour survivre, les immigrants devaient souvent voler de la nourriture et du bois de chauffage. Un jour, Uvais, qui avait des fagots de bois sur ses épaules pour allumer le poêle, a été arrêté par la police. Les flics ont été stupéfaits que le garçon de 14 ans en transporte quatre, alors qu’une personne ordinaire ne pouvait en soulever qu’un à la fois. Un des policiers qui était lui-même pratiquant a emmené l’adolescent au club sportif du coin. Deux ans plus tard, il participait au lancer de disque de la Spartakiade et il s’est aussi essayé à la boxe, au lancer du poids, et encore à la lutte. On imagine qu’il y faisait figure d’épouvantail.

Remarqué par un entraîneur de basket, il déménagea ensuite en 1947 à Alma-Ata et porta les couleurs de l’équipe locale, Petrel, pendant dix ans. Grâce à lui et son équipier Armenak Alachachian, le basket-ball est vite devenu un sport populaire au Kazakhstan. Les fans étaient forcément impressionnés par son énorme stature et voulaient se prendre en photo avec lui -on n’a rien inventé avec les selfies- et le harcelaient de question : combien mange un homme de votre taille ? Combien de litres d’eau buvez-vous chaque jour ? La réponse était une quinzaine de litres… Tout était forcément démesuré chez ce géant, qui était parait-il ouvert aux discussions et qui n’a jamais montré de complexe du fait de son énorme stature, qui lui provoquait des inconvénients de toutes sortes dans la vie quotidienne. Ses chaussures étaient évidemment faites sur mesure et souvent ne résistaient pas à son poids. Chez lui, il disposait d’un lit adapté à son gabarit mais pas quand il devait jouer à l’extérieur. Il acheta une voiture, une Moskvich 400, avec une suspension robuste, un toit surélevé et un siège situé à l’arrière pour qu’il puisse conduire en allongeant ses immenses jambes, mais il n’était pas pour autant à l’aise et c’est sa femme Tamara qui lui servait de chauffeur.

Pas de JO d’Helsinki

Uvais Akhtaev dunkait -évidemment ce terme n’existait pas dans le langage européen- et il pouvait faire des passes tout-terrain. Certains de ses contemporains affirment que son taux de réussite aux tirs était de 70%, ce qui paraît très crédible. Ses rivaux ont fait preuve d’imagination pour tenter de le neutraliser. L’un d’entre-eux grimpa sur les épaules d’un équipier pour égaler sa taille ! Plus roublard, la veille d’un match, un joueur de Leningrad est venu à l’auberge où se trouvait l’équipe d’Alma-Ata et a proposé de faire une partie de cartes qui s’est prolongée jusqu’à 6 heures du matin. Conséquence : Akhtaev était ramolli le lendemain sur le terrain. Lors d’un match face au Dynamo Tbilissi, un certain Abashidze a fait un pressing sur notre géant qui involontairement lui a marché sur le pied. Blessé à la jambe, Abashidze est tombé sur le sol d’évanouissement. Une autre fois, ses adversaires n’ont pas trouvé mieux que de lui voler son équipement.

Sa seule présence a obligé les entraîneurs adverses à changer tous leurs systèmes défensifs. L’objectif était d’empêcher ses équipiers de l’approvisionner en munitions avec des passes lobées car une fois qu’il avait la balle, personne ne pouvait le contrer. C’était d’autant plus efficace que Akhtaev avait le temps de passer de sa zone défensive à l’attaque puisque la règle des 30 secondes n’existait pas encore.

Il fallait aussi que sa propre équipe s’adapte à sa spécificité et c’est l’une des raisons pour lesquelles Uvais Akhtaev dénombre très peu de sélections en équipe nationale d’URSS. Le fait qu’il soit Tchètchène n’a pas non plus joué en sa faveur. On dit que le chef sanguinaire des services secrets soviétiques, Laurenty Beria, lui a suggéré de changer son nom en Kopelevich lui assurant qu’ainsi il aurait sa place aux Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952. Le géant a refusé. Une défaite lors d’un match amical contre la Bulgarie à Moscou en 1954 lui a définitivement coûté sa place. On lui reprochait d’être beaucoup trop lent. Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage.

Le père du basket soviétique, Alexandre Gomelski, ne partage pas cet avis. « C’est triste à dire mais étant le meilleur centre d’URSS, il n’a jamais participé à une compétition internationale », écrivit-il plus tard. « Akhtaev était doux avec le ballon, voire affectueux avec lui. Et il ne faut pas penser qu’Akhtaev était une personne limitée en termes de jeu. Pas du tout ! Bien sûr, tout d’abord, il a utilisé sa taille et a essayé de marquer, ou plutôt d’enfoncer le ballon dans le panier. Mais il avait aussi un tir bien placé, surtout au niveau des lancers francs, il jouait parfaitement en défense, plaçant un tel « toit » qu’il était incroyablement difficile d’en sortir. C’était un joueur intelligent qui aimait, ressentait et comprenait le basket-ball. Les géants ne sont pas à blâmer pour être nés de cette façon. »

Il stoppe le basket à 27 ans

La carrière de Uvais Akhtaev a pris fin à l’âge de 27 ans lorsque les médecins ont découvert qu’il était diabétique. De plus, il a été victime d’une sévère pneumonie. Pendant de nombreuses années, il a travaillé comme entraîneur à Grozny, en République tchétchène-ingouche. En 1973, le géant s’est cassé une jambe et il ne s’est jamais remis de cette blessure. Ses dernières années, il les a passées cloué au lit. Avoir une telle taille n’est pas la meilleure façon de vivre vieux ; il est décédé à l’âge de 48 ans.

Un célèbre réalisateur moscovite l’avait invité à jouer dans une version soviétique de « Gulliver chez les Lilliput » et le géant était enchanté, se voyait déjà à l’écran, mais quand il a su que le tournage était programmé durant une compétition, il a refusé l’offre. « Quel dommage que peu de photographies de cet homme décédé prématurément aient été conservées, qu’il n’y ait pas d’artiste qui ait peint son portrait, un sculpteur qui a façonné son buste », écrit le site russe klubfedotova. Il subsiste toutefois suffisamment de documents pour être impressionnés soixante-dix ans plus tard par cet homme réellement extraordinaire.

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Il n’a pas laissé dans l’histoire du basket européen l’empreinte de Jānis Krūmiņš mais lorsqu’on le voit à l’œuvre sur des films d’époque, on se dit que personne plus que lui ne mérite d’être comparé à Gulliver, ce héros de fiction du 18e siècle. Les informations à son sujet qui sont parvenues jusqu’à nous sont très fragmentaires, souvent invérifiables, à commencer par sa taille réelle. Le sport soviétique lui donna la taille de 2,14m alors que Wikipedia en fait avec 2,36m le 43e plus grand être humain de tous les temps. Pourquoi ne pas croire cette deuxième version sachant qu’il pouvait glisser le ballon dans le panier sans lever les pieds du sol. C’était d’autant plus impressionnant qu’à son époque rares étaient les joueurs, y compris au niveau international, à plus de 1,90m. Son poids s’établissait entre 160 et 200 kilos et les différentes sources s’accordent pour révéler qu’il chaussait du 58.

15 litres d’eau par jour

Uvais Mazhidovich Akhtaev est né le 26 décembre 1930 dans le village de Vashandaroy dans la République socialiste soviétique autonome tchétchène-ingouche. La famille Akhtaev a été ensuite déportée à Karaganda au Kazakhstan. De nombreux Tchétchènes et Ingouches sont alors morts de faim et de misère. Pour survivre, les immigrants devaient souvent voler de la nourriture et du bois de chauffage. Un jour, Uvais, qui avait des fagots de bois sur ses épaules pour allumer le poêle, a été arrêté par la police. Les flics ont été stupéfaits que le garçon de 14 ans

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