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JO – Sydney’2000 (2) – Laurent Sciarra : « Le dunk de Carter, c’est l’image des jeux »

Annoncé comme 3ème meneur, appelé à la rescousse suite à la blessure de Mous Sonko, Laurent Sciarra a pris du grade grâce à d’excellentes productions contre l’Italie et les Etats-Unis avant de devenir franchement déterminant dans le tableau final. Ceci est la 2e partie du 9e chapitre d’une rétrospec

Annoncé comme 3ème meneur, appelé à la rescousse suite à la blessure de Mous Sonko, Laurent Sciarra a pris du grade grâce à d’excellentes productions contre l’Italie et les Etats-Unis avant de devenir franchement déterminant dans le tableau final.

Ceci est la 2e partie du 9e chapitre d’une rétrospective sur les évènements, équipes et joueurs qui ont marqué l’Histoire des JO. A lire aussi :

JO Berlin’36 : Le régisseur, l’inventeur et le dictateur.

Helsinki’52, Melbourne’56, Rome’60 : Interview Jean-Paul Beugnot.

Mexico’68 : Spencer Haywood, un prodige de 20 ans

Munich’72 : Trois secondes, une éternité

Los Angeles’84 : Bobby Knight, le Général

Séoul’88 : La fin d’une ère

Barcelone’92 : Moments Magiques

Atlanta’96 : Les Américaines font un tabac

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Lui qui n’a pourtant rien d’un athlète, s’est régalé face aux Américains (21 points, 6 sur 7 aux shoots, 4 passes, 3 interceptions en 28 minutes) lors de la première rencontre. Il fut encore le Français le plus verve lors de la seconde manche face aux Etats-Unis, en finale cette fois. L’interview a été réalisée en deux temps. A la fin de chacun de ces deux matches.

Photo: Laurent Sciarra

1er round

Qu’avez-vous pensé du dunk de Vince Carter sur Fred Weis ?

Cette action m’a laissé sur le cul. Combien de mecs peuvent faire ça ? J’avais déjà été impressionné par des dunks de Jordan, une fois ou deux, sur des guards. Par Tariq (Abdul-Wahad) aussi à Pau. Mais celui-là… Ça va rester l’image des Jeux. Un exploit physique presque incroyable. Bon, Jason Kidd a dit que c’était le plus beau qu’il ait jamais vu. Ouais, il n’a pas dû voir tous les matches de NBA. Jordan en avait fait notamment sur un John Hot Rod Williams du temps de Cleveland un peu dans le même style.

Le paradoxe, c’est que vous avez réussi un excellent match, vous qui êtes plutôt de la vieille école, face à une équipe qui est le symbole du jeu athlétique de la NBA du 3ème millénaire…

Les feintes du dimanche matin continuent à marcher. Je ne vais pas changer mon jeu. Je vais continuer à ne pas aller à la muscu, à ne pas manger du McDo, à ne pas jouer à la Playstation.

Qu’est ce qui vous a le plus impressionné de la part des Américains ?

Ils ont une densité physique incroyable. Ils montent le ballon à toute allure, les grands courent aussi vite que les petits et chacun à sa place. C’est-à-dire que les ailiers ne vont pas aller dans les couloirs du meneur, un peu comme les Chinois. Physiquement, qu’est-ce que tu veux faire ? 43 rebonds à 19 ! McDyess, il est comme le pylône, là ! Tu fais comment pour le pousser ? Tu ne peux pas faire faute et espérer qu’il manque un lancer ou deux. Et même en faisant faute, tu as peur de te casser le bras ! Tu essayes de jouer différemment, sur la rapidité. Bon on a perdu 14 ballons, eux 9… Sur jeu placé, ils ne nous ont pas posé beaucoup de problèmes… Ray Allen n’a pas trop joué…

Dans le contexte du basket international, est-ce lui le plus redoutable ?

C’est vrai que sur un ou deux dribbles, il est vachement déstabilisant, mais regarde Jason Kidd, à la vitesse où il remonte le ballon, à 300 à l’heure. Même quand tu t’accroches à lui, l’arbitre ne siffle pas faute, tellement il va plus vite que toi. Makan (Diamoussi), il le tient, il le tient, et l’autre, il l’emmène jusqu’à la ligne de fond. Quand tu vois ça, tu te dis qu’on n’est pas dans le même monde. Si tu tournes à 80 % à trois-points, tu peux les inquiéter, on n’est qu’à 30 %… Mais on n’a pas à rougir de notre défaite, on a fait un match sérieux.

C’est Hardaway, Payton et Carter qui vous ont le plus chambrés ?

Payton, pas trop. Hardaway, oui, avec Makan. Carter a été nickel, adorable. Avec Mous (Sonko), on l’a un peu branché. Après son alley-oop, on a dit à Risak (Risacher), « laisse-le shooter ». Il a dû comprendre car, quand il a mis son 3-pts, il est venu vers nous il a fait ttttsssss….. C’est ça qu’on leur demande, qu’ils nous fassent rêver. C’est comme lorsque nous, Pro A, on va faire un match contre une équipe de Nationale 2, il faut garder le sourire, pas mettre des taquets.

Vous avez senti un affolement de leur côté quand vous étiez dix points devant ?

Honnêtement, non. Tu as la tête dans le guidon, et quand tu en mets un, tu ne penses qu’à une chose, revenir en défense sur ton mec de l’autre côté du terrain. Tu cherches à ne pas être sur la photo si jamais il te plante un alley-oop. McDyess ? Garnett ? A l’entrainement, au PSG, je n’arrive même pas déjà à monter sur un Kraidy ou un Thierry Zig, alors là… Ils vont m’enfoncer. Je ne fais que 85 kg tout mouillé. J’ai une saison à l’ASVEL à préparer moi !

Vous avez retrouvé du plaisir au cours de ce match ?

Oui, dans le bus, aux vestiaires, j’ai vu des sourires. On s’est même un peu branché. Le pauvre Weis, il va en avoir pour quelques jours après ce qu’il a pris par Carter. On ne va pas le lâcher comme ça. Même si ce n’est pas une Dream Team, ça reste l’équipe américains, des mecs que tu regardes à 2 h du matin sur Canal +, que tu n’oses même pas toucher. Tu te dis, je rêve ? C’est pour ça que Steve Smith a été super. Dès qu’il a eu un peu de trash talking (NDLR : chambrer quelqu’un), il a séparé tout le monde. Il a été gentleman.

2ème round

En première mi-temps de cette finale, vous faisiez tout bien, sauf mettre les shoots ouverts. Pourquoi ?

Le stress. On avait comme consigne de geler le ballon, mais en basket, quand on ne met pas dedans, on est à la merci des rebonds défensifs. Ils en ont profité pour développer un basket rapide. Mais en étant moyen/mauvais, on n’était qu’à 14 points. On a pris un peu le feu, on est revenu à 4 points. On n’a pas à rougir de ce que l’on a fait. Ce n’est pas la plus grande équipe des USA qu’il y a eu. Ça prouve que le fossé est en train de se réduire entre eux et l’Europe

Ce match avec la nouvelle règle des 24 secondes aurait-il été différent ?

J’ai eu Greg (Beugnot) au téléphone. Il m’a dit qu’en 24 secondes, c’était dur, dur, dur ! Eux, ils montent le ballon en 3-4 secondes. Nous, il va falloir s’y mettre, travailler, progresser encore. On a un statut à défendre, on est vice-champions olympiques.

Vous avez été impressionné par leur dimension athlétique sur cette finale ?

Quand on voit Garnett, Carter, on en peut qu’être épatés par leur dextérité, leur souplesse, leur jump. Nous, on a des garçons dans ce style, Digbeu, Moïso, Bilba aussi. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a toujours le problème de savoir s’ils mangent le même McDo que nous, s’ils boivent la même chose…

Vous allez continuer à regarder leurs matches à 2 heures du matin sur Canal + ?

En fait, je les regarde uniquement quand je n’arrive pas à dormir. Mais, il y en a certains, je ne vais plus regarder du tout. Ils vont bien dormir car ils ont la médaille d’or, tant mieux pour eux.

A qui pense t-on sur le podium ?

A Bonat’, à son fils, à Dobbels. Des choses toutes simples. Beaucoup de scènes d’affection à la fin, même entre certaines personnes dont je ne les croyais pas capables, m’ont touché. C’est bien pour De Vincenzi. Il a imposé certains choix vis-à-vis de certains joueurs. J’étais le premier parfois à ne pas être d’accord avec lui. Il a eu les couilles de faire ces choix-là.

Est-ce que le regard des gens sur la France avant la finale a changé ?

Disons que j’ai beaucoup discuté avec Meneghin, je suis pote avec lui, avec les Lituaniens aussi, qui nous ont dit ; « ils sont prenables ». C’est bien. Ça va peut-être changer notre condition en Europe. On va arriver costauds, gonflés à bloc. Ici, on a prouvé que tout peut se passer.

Pourquoi avoir pris ce drapeau tricolore sur le podium où il était inscrit « Pour Bonato et ses filles » ?

Les filles étaient derrière nous. Elles, nous pensions aussi qu’elles seraient médaillées. Elles sont tombées en quarts, mais elles ont continué à nous envoyer des messages de sympathie. Elles n’ont pas été égoïstes. Elles ont pensé à nous.

Qu’est-ce qui prédomine ? La joie de la médaille d’argent ou la tristesse d’une défaite en finale ?

La défaite dans un premier temps. Je suis sorti du terrain comme un imbécile, sans profiter de l’explosion de joie. J’étais déçu de cette fin de match à sens unique. On est dominé physiquement et en plus les arbitres ont laissé faire certaines choses. Le coach américain aurait pu prendre une technique vu le comportement de son banc. Mais, en définitive, ils sont plus forts que nous. Donc, là je suis très heureux. C’est une joie immense.

L’arrogance américaine gâche-t-elle un peu la fête?

Oui, c’est débectant. A mon avis, ils sont à la limite d’être dignes de ce qu’ils représentent pour les jeunes de l’ensemble de la planète. Ils pourraient se passer de cette arrogance qui n’est pas digne de joueurs de cette dimension. Ils aiment être haïs, se faire mal, car en fait personne n’a rien contre eux. Ce sont de fabuleux athlètes. Ils n’ont pas besoin de ça. Ça gâche un peu la fête. ★

Photo: Makan Dioumassi et Steve Nash

Makan Dioumassi: Le pitbull

A 28 ans, Makan Dioumassi est encore un apprenti. Il n’est pas tombé tout petit dans la marmite du basket et sa trajectoire de carrière ne l’a pas emmené en Euroleague, alors qu’il n’a pris en marche le train de l’équipe de France qu’après l’Euro 99.

Makan n’est pas grand (sans doute moins que les 1,96 m annoncés), n’a pas de shoot au plus haut niveau où il faut dégainer sans prendre le temps de respirer, et son dribble est parfois suspect. Sauf que l’ex-Manceau, qui rejoint Trieste en Italie, possède un pouvoir de nuisance en défense qui en fait un poison mortel. Il ne vous lâche pas la grappe pendant tout le temps où il vous prend en charge.

Steve Nash en a fait les frais et avec lui toute l’équipe du Canada. Nash, ce n’est pas n’importe qui. C’est le remplaçant à Dallas de Robert Pack ou de Erick Strickland. C’est un meneur vif, aux gestes d’école, qui tourne en NBA à près de 9 points et 4 passes décisives en 27 minutes par match. C’était lui la clé de voûte de l’édifice canadien. Et Makan l’a véritablement croqué, le laissant à 33,3 % de réussite aux tirs et l’obligeant à cumuler 9 balles perdues, dont l’une coûta aux Canadiens toute chance de retour. « On l’a usé, 40 minutes c’est long, la dernière erreur qu’il a faite, c’est celle d’un rookie, pas d’un joueur de son statut. On peut dire que cela a bien marché, » commente l’intéressé.

« En fait, le problème avec Makan est toujours le même : il a une présence offensive limitée (6 points dans ce match tout de même) et c’est pour cela qu’il était notre deuxième plan, » précise Alain Weisz, qui fut le coach de Makan à Montpellier puis au Mans. « On s’était dit qu’on ne ferait rentrer que si Nash avait un impact sur le jeu. Cela a marché parfaitement, même si cela a permis à Todd McCulloch de marquer des points de profiteur. C’est vrai que l’on a sacrifié des choses à Nash, mais il avait été tellement royal devant la Yougoslavie qu’il fallait l’arrêter. Le match yougoslave avait été le révélateur de ce qu’il ne fallait absolument pas faire contre lui. »

Makan Dioumassi sort-il pour autant de nulle part pour neutraliser, du jour au lendemain, un meneur de calibre NBA ? « On ne joue pas que Sablé et la Ferté-Bernard !, » rigole Weisz en parlant des deux villes de la Sarthe. « Même si on n’a pas disputé l’Euroleague, Makan a défendu sur de forts joueurs. Delaney Rudd, c’est Steve Nash. »

« J’ai fait des ligues d’été aux Etats-Unis, » précise Makan. « J’ai joué contre Damon Stoudamire, Pooh Richardson et puis je me suis entraîné, tous les jours, pendant deux ans avec Keith Jennings ». Et c’est vrai que celui-là, il fallait se le farcir ! ★

A lire aussi: Que sont devenus les héros de Sydney ?Souvenirs et anecdotes Le récit du coach

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Lui qui n’a pourtant rien d’un athlète, s’est régalé face aux Américains (21 points, 6 sur 7 aux shoots, 4 passes, 3 interceptions en 28 minutes) lors de la première rencontre. Il fut encore le Français le plus verve lors de la seconde manche face aux Etats-Unis, en finale cette fois. L’interview a été réalisée en deux temps. A la fin de chacun de ces deux matches.

Photo: Laurent Sciarra

1er round

Qu’avez-vous pensé du dunk de Vince Carter sur Fred Weis ?

Cette action m’a laissé sur le cul. Combien de mecs peuvent faire ça ? J’avais déjà été impressionné par des dunks de Jordan, une fois ou deux, sur des guards. Par Tariq (Abdul-Wahad) aussi à Pau. Mais celui-là… Ça va rester l’image des Jeux. Un exploit physique presque incroyable. Bon, Jason Kidd a dit que c’était le plus beau qu’il ait jamais vu. Ouais, il n’a pas dû voir tous les matches de NBA. Jordan en avait fait notamment sur un John Hot Rod Williams du temps de Cleveland un peu dans le même style.

Le paradoxe, c’est que vous avez réussi un excellent match, vous qui êtes plutôt de la vieille école, face à une équipe qui est le symbole du jeu athlétique de la NBA du 3ème millénaire…

Les feintes du dimanche matin continuent à marcher. Je ne vais pas changer mon jeu. Je vais continuer à ne pas aller à la muscu, à ne pas manger du McDo, à ne pas jouer à la Playstation.

Qu’est ce qui vous a le plus impressionné de la part des Américains ?

Ils ont une densité physique incroyable. Ils montent le ballon à toute allure, les grands courent aussi vite que les petits et chacun à sa place. C’est-à-dire que les ailiers ne vont pas aller dans les couloirs du meneur, un peu comme les Chinois. Physiquement, qu’est-ce que tu veux faire ? 43 rebonds à 19 ! McDyess, il est comme le pylône, là ! Tu fais comment pour le pousser ? Tu ne peux pas faire faute et espérer qu’il manque un lancer ou deux. Et même en faisant faute, tu as peur de te casser le bras ! Tu essayes de jouer différemment, sur la rapidité. Bon on a perdu 14 ballons, eux 9… Sur jeu placé, ils ne nous ont pas posé beaucoup de problèmes… Ray Allen n’a pas trop joué…

Dans le contexte du basket international, est-ce lui le plus redoutable ?

C’est vrai que sur un ou deux dribbles, il est vachement déstabilisant, mais regarde Jason Kidd, à la vitesse où il remonte le ballon, à 300 à l’heure. Même quand tu t’accroches à lui, l’arbitre ne siffle pas faute, tellement il va plus vite que toi. Makan (Diamoussi), il le tient, il le tient, et l’autre, il l’emmène jusqu’à la ligne de fond. Quand tu vois ça, tu te dis qu’on n’est pas dans le même monde. Si tu tournes à 80 % à trois-points, tu peux les inquiéter, on n’est qu’à 30 %… Mais on n’a pas à rougir de notre défaite, on a fait un match sérieux.

C’est Hardaway, Payton et Carter qui vous ont le plus chambrés ?

Payton, pas trop. Hardaway, oui, avec Makan. Carter a été nickel, adorable. Avec Mous (Sonko), on l’a un peu branché. Après son alley-oop, on a dit à Risak (Risacher), « laisse-le shooter ». Il a dû comprendre car, quand il a mis son 3-pts, il est venu vers nous il a fait ttttsssss….. C’est ça qu’on leur demande, qu’ils nous fassent rêver. C’est comme lorsque nous, Pro A, on va faire un match contre une équipe de Nationale 2, il faut

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