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[REDIFF] Portrait – Juste Jocyte : L’assassin au visage de bébé (1)

Jamais une basketteuse de 13 ans n’avait provoqué un tel buzz en Europe. Tony Parker et l’ASVEL ont réalisé un coup de maître en faisant venir dans leur Académie Justė Jocytė (1,84m), l’assassin au visage de bébé. Toute la Lituanie suit son développement avec les yeux de Chimène. Après Masha Kirilen

Jamais une basketteuse de 13 ans n’avait provoqué un tel buzz en Europe. Tony Parker et l’ASVEL ont réalisé un coup de maître en faisant venir dans leur Académie Justė Jocytė (1,84m), l’assassin au visage de bébé. Toute la Lituanie suit son développement avec les yeux de Chimène. Après Masha Kirilenko, Miriam Poterbin et Jelisaveta Orasanin-Teodosic, voici une autre femme influente, le diamant balte.

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« Le français c’est une langue magnifique. Je suis fière de parler cette langue », dit la blonde passagère dans un sourire. « Je pense qu’elle parlera couramment dans un an, » se félicite l’homme au volant.

La vidéo a été virale en Lituanie car elle met en scène l’adolescente Justė Jocytė, devenue une héroïne nationale, et Tony Parker, quadruple champion NBA et président de l’ASVEL. Visiblement la basketteuse prodige qui a intégré la Cité Scolaire Internationale de Lyon possède également des aptitudes dans les langues étrangères, elle qui parle anglais parfaitement. D’ailleurs, n’est-elle pas aussi américaine ?

Photo: Juste, ses parents et son frères.

Née en Virginie

Bon basketteur, Alvydas Jocys avait reçu une bourse d’un Community College dans le Nebraska et il a ensuite été diplômé de la Bellevue University en Business Administration and Management. Il a alors obtenu un emploi à l’ambassade de Lituanie à Washington. Alvydas a rencontré sa future épouse Aurelia alors qu’elle était encore en Lituanie et ils ont fondé leur nid familial aux Etats-Unis. Ils ont tout d’abord eu un fils, Rock Jocys, et un an plus tard, le 19 novembre 2005, une fille, Justė Veronika Jocytė, qui est née à Alexandria, en Virginie, une ville qui se situe en fait dans la banlieue de la capitale fédérale. Nés sur le territoire américain, les deux enfants ont automatiquement reçu la nationalité du pays. Mais peu de temps après la naissance de leur fille, les Jocys sont retournés vivre en Lituanie, à Palanga, une station thermale et balnéaire sur la Baltique.

Aurelia, qui travaillait dans une banque à Washington, a facilement obtenu un emploi similaire en Lituanie. Alvydas a quant à lui décroché un job dans l’administration portuaire, et plus tard dans le secteur des assurances. Pendant son temps libre, le père a rejoué au basket au niveau amateur dans l’équipe de Palanga, fondée à l’initiative du cousin d’Aurelia. Les enfants ont ainsi rapidement été contaminés par l’amour de papa pour le basket-ball. Le frère du paternel, Evaldas, était en fait le meilleur joueur de la famille puisqu’il a fait carrière dans la ligue lituanienne et aussi en Allemagne, Belgique et Israël.

Tout de suite, des cartons

Alvydas rêvait d’envoyer sa fille dans une école de musique, qu’elle y apprenne à jouer du piano, mais c’est le son d’un ballon de basket qui rebondit sur le sol qui l’a très vite enchantée. « Je ne m’intéressais pas aux autres jouets, je n’avais qu’un ballon », se souvient l’adolescente. On retiendra que Justė a assisté à un tournoi de 3×3 avec son père sur un playground baptisé du nom de Modestas Palauskas, un joueur lituanien champion olympique avec l’URSS en 1972 à Munich. L’entraîneur du club l’a pris par la main et c’est ainsi qu’elle a été lancée dans le grand bain avec des filles quatre ans plus âgées. Mais la fillette ne fut pas impressionnée car elle était déjà engagée dans de féroces un-contre-un avec son frère aîné du lever du jour au crépuscule. « J’ai généralement perdu parce que Rock était plus fort. Je pleurais, je sortais et j’arrêtais de lui parler. J’ai toujours voulu le battre. Quand nous étions plus petits, c’était déjà une question de principe pour moi de gagner. Ces duels m’ont beaucoup apportée car à mon retour dans les équipes nationales, les entraîneurs disaient : tu joues comme un garçon ! », a-t-elle confié à 15mn.

Enfant, Juste était plutôt timide mais elle a très vite pris confiance en ses moyens avec une balle entre les mains, en faisant déjà quelques cartons. Dans le championnat lituanien des moins de 14 ans et alors qu’elle avait deux ou trois ans de moins que les autres, elle présentait de solides statistiques : 15,6 points, 6,8 rebonds et 6 passes. Et ces chiffres n’ont fait que prendre du volume au fil des mois. En U16, elle tournait ainsi en moyenne en triple double : 21,6 points, 14,5 rebonds et 10,1 passes.

Justė était talentueuse, créative, travailleuse et débrouillarde. Quand elle avait neuf ans, elle prenait seule le bus pour aller de Palanga à Klaipeda pour des entraînements quotidiens. Son père était très exigeant avec elle. Au début, Justė n’était pas d’une adresse diabolique mais son père a insisté sur le fait qu’un bon shooteur doit prendre quotidiennement de 300 à 500 shoots. « Je l’ai toujours écouté. Pour moi, il était plus qu’un entraîneur. Oui, j’écoute l’entraîneur pendant le match, mais en dehors du terrain, les conseils de papa sont les plus importants pour moi. Je sais qu’il a eu une carrière de basketteur et mon frère et moi la poursuivons maintenant. Il a toujours un très gros impact sur moi. » Le père répond qu’il n’y avait pas besoin d’employer de châtiments corporels avec ses enfants ; il suffisait de les menacer de les priver de basket pour qu’ils retournent dans le droit chemin. « Ils savaient que ma parole était forte et que je le ferai. »

Rokas et Justė ont appris aussi du paternel que sur le terrain de basket, ils ne devraient pas avoir peur des autres, mais c’était leurs adversaires qui devaient avoir peur d’eux. Rock est également un joueur talentueux qui évolue actuellement à la Stella Azzurra Basketball Academy de Rome. Il a été estomaqué par les progrès de sa petite sœur.  « Quand elle s’est améliorée à un rythme inhumain, jouer contre elle est devenu plus difficile. Elle a amélioré son tir, son dribble, son QI Basket. C’était beaucoup plus amusant de jouer avec elle. »

https://www.facebook.com/FIBA/videos/2009635555802842

Photo: A l’Euro U16 contre la France.

Elle se révèle à l’Euro U16

La carrière fulgurante de la jeune Lituanienne est faite jusqu’à présent d’audace, de records, de mise à mal d’idées reçues. Ainsi, elle a représenté les équipes de Palanga et de Klaipeda au NBA Jr de Lituanie et son père, amusée, raconte : « c’était drôle de voir les mères d’autres enfants crier que la fille maltraitait les garçons ! »

Jusque-là connues exclusivement d’un cercle d’initiés lituaniens, les compétences de la surdouée vont se révéler à l’ensemble de l’Europe -du moins à ceux qui regardent les compétitions européennes des jeunes l’été sur YouTube- lors de l’Euro U16 2019. Justė n’avait que 13 ans. La Lituanie y a gagné la médaille d’argent et son diamant a affolé les compteurs : 19,6 points, 8,3 rebonds et 2,1 passes. Et au-delà des chiffres, c’est le sang-froid, cette capacité de la gauchère à prendre des step-back, à marquer même avec des mains dans le visage, à changer de rythme, à dépasser les autres en vitesse alors qu’elle paraît moins rapide que certaines fusées, son QI Basket, bref sa classe, qui ont épaté la galerie.

Le coach de la sélection, Vilius Stanišauskas, connaissait très bien Justė pour l’entraîner à Klaipèda mais il ne pouvait pas évaluer en amont sa valeur ni celle de son équipe avec précision. Dans les médias du pays, il raconte que lorsqu’il a vu les Françaises, leur taille, leurs muscles et leur confiance en soi, il a eu un mouvement de recul. Justė Jocytė a marqué 21 points et la Lituanie a fait trébucher les Bleues, 66-61. La blessure temporaire de la capitaine Urtė Čižauskaitė n’a pas déstabilisé l’équipage et la Lituanie a retrouvé la France en demi-finale. Cette fois, il ne pouvait pas être question de « surprise ». « Le staff des entraîneurs de l’équipe lituanienne a remarqué que le scout français avait déjà analysé le match des Espagnoles et s’était préparé pour la finale du championnat avant même le match contre les Lituaniennes », écrit 15mn. De quoi vexer les Baltes et Justė qui cette fois a infligé 20 points et… 15 rebonds aux Bleues. Plus un contre à deux secondes du buzzer sur une tentative à trois-points de Clara Djoko qui l’a empêchée éventuellement d’égaliser. Seule la Russie en finale est parvenue à faire tomber les Lituaniennes (66-73).

L’impact de la performance de ces gamines fut énorme en Lituanie, folle de balle orange, mais en mal de performances des filles depuis un titre européen des seniors en 1997. Les télés, les radios, les magazines, les sites internet, tout le monde a voulu recueillir les impressions du prodige. Lors de l’élection du Meilleur Basketteur de l’Année, celle-ci a recueilli davantage de voix que Domantas Sabonis et Jonas Valančiūnas, les deux stars de NBA.

Le rôle décisif de Tony Parker

« Justė, c’est un heureux hasard, » nous a révélé François Lamy, conseiller de Tony Parker à l’ASVEL et qui était auparavant agent de joueurs. « Mon ancien collègue de You First en Lituanie connait son père, et lorsqu’il m’a alerté sur Justé en mai, j’ai tout de suite envoyé la vidéo à Nicolas Batum, qui connait bien le basket féminin, et avait un élément de comparaison, puisqu’il connait Marine Johannès depuis toute jeune. Lorsqu’on a vu les dégâts qu’elle faisait avec son équipe nationale U16 dès les premiers matchs de préparation, Tony a souhaité qu’on évalue la possibilité de la faire venir. Et dès la fin de l’Eurobasket U16 il était évident qu’on devrait essayer de la faire venir, puisqu’elle avait la volonté de venir en France. »

En fait, son pays était déjà trop étroit pour la Lituanienne qui avait aussi la possibilité de rejoindre un lycée puis une université américaine, et aussi un club espagnol. La présence de Tony Parker a été décisive dans son choix et celui de ses parents. La famille a été invitée à Villeurbanne début octobre pour le premier match de la saison d’Euroleague face à Olympiakos et pour visiter les installations de l’Academy et du club et faire une séance d’entraînement avec les pros. Intimidée, Justė a été épatée par la simplicité de l’ancienne star de NBA, qui a indiqué au père qu’il pouvait lui écrire quand il le voulait. « Et il répond toujours tout de suite. Je peux communiquer librement avec lui. Bien qu’il soit une personne avec un tel statut, il a pris mon enfant sous sa garde et se sent lui-même un devoir et une responsabilité vis-à-vis de Justė. Il trouve le temps de parler à chaque parent, apporte quelques réflexions, des conseils. C’est gratifiant », a assuré Alvydas Jocys. Dans L’Equipe, le président de l’ASVEL a de son côté complimenté l’ado : « elle sait ce qu’elle veut. Elle dégage une grande assurance. Je me retrouve en elle, dans sa manière de penser. J’ai dit à ses parents : « si elle signe chez nous, je la prendrai sous mon aile et je passerai beaucoup de temps avec elle pour l’aider à progresser. Je la ferai aussi venir à San Antonio pour la faire travailler (…) On veut l’accompagner et en faire l’une des meilleures joueuses du monde. » Justė a signé un contrat de 3 ans avant la possibilité de le prolonger de la même durée si les deux parties le souhaitent. « Etant mineure, elle ne compte pas comme joueuse étrangère dans l’effectif professionnel », nous a précisé François Lamy. « Et lorsqu’elle sera majeure, elle aura ses années de licence de joueuse européenne formée localement, donc son intégration dans l’effectif professionnel ne présente pas de souci réglementaire. Elle se fera sûrement au rythme de son développement et lorsque l’encadrement du club féminin et du centre de formation auront décidé qu’il sera opportun, dans le respect de son cheminement personnel. C’est une enfant et nous la protégeons comme telle. »

A suivre demain

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« Le français c’est une langue magnifique. Je suis fière de parler cette langue », dit la blonde passagère dans un sourire. « Je pense qu’elle parlera couramment dans un an, » se félicite l’homme au volant.

La vidéo a a été virale en Lituanie car elle met en scène l’adolescente Justė Jocytė, devenue une héroïne nationale, et Tony Parker, quadruple champion NBA et président de l’ASVEL. Visiblement la basketteuse prodige qui a intégré la Cité Scolaire Internationale de Lyon possède également des aptitudes dans les langues étrangères, elle qui parle anglais parfaitement. D’ailleurs, n’est-elle pas aussi américaine ?

Photo: Juste, ses parents et son frères.

Née en Virginie

Bon basketteur, Alvydas Jocys avait reçu une bourse d’un Community College dans le Nebraska et il a ensuite été diplômé de la Bellevue University en Business Administration and Management. Il a alors obtenu un emploi à l’ambassade de Lituanie à Washington. Alvydas a rencontré sa future épouse Aurelia alors qu’elle était encore en Lituanie et ils ont fondé leur nid familial aux Etats-Unis. Ils ont tout d’abord eu un fils, Rock Jocys, et un an plus tard, le 19 novembre 2005, une fille, Justė Veronika Jocytė, qui est née à Alexandria, en Virginie, une ville qui se situe en fait dans la banlieue de la capitale fédérale. Nés sur le territoire américain, les deux enfants ont automatiquement reçu la nationalité du pays. Mais peu de temps après la naissance de leur fille, les Jocys sont retournés vivre en Lituanie, à Palanga, une station thermale et balnéaire sur la Baltique.

Aurelia, qui travaillait dans une banque à Washington, a facilement obtenu un emploi similaire en Lituanie. Alvydas a quant à lui décroché un job dans l’administration portuaire, et plus tard dans le secteur des assurances. Pendant son temps libre, le père a rejoué au basket au niveau amateur dans l’équipe de Palanga, fondée à l’initiative du cousin d’Aurelia. Les enfants ont ainsi rapidement été contaminés par l’amour de papa pour le basket-ball. Le frère du paternel, Evaldas, était en fait le meilleur joueur de la famille puisqu’il a fait carrière dans la ligue lituanienne et aussi en Allemagne, Belgique et Israël.

Tout de suite, des cartons

Alvydas rêvait d’envoyer sa fille dans une école de musique, qu’elle y apprenne à jouer du piano, mais c’est le son d’un ballon de basket qui rebondit sur le sol qui l’a très vite enchantée. « Je ne m’intéressais pas aux autres jouets, je n’avais qu’un ballon », se souvient l’adolescente. On retiendra que

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Photos: FIBA

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