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Timothé Luwawu-Cabarrot: L’énigme

Tout comme Frank Ntilikina, Timothé Luwawu-Cabarrot (2,01m, 24 ans) arrive de NBA pour gagner sa place en équipe de France. Il est difficile avant de le voir à l’œuvre de déterminer sa valeur internationale mais il est habité par une grosse confiance en lui.

Tout comme Frank Ntilikina, Timothé Luwawu-Cabarrot (2,01m, 24 ans) arrive de NBA pour gagner sa place en équipe de France. Il est difficile avant de le voir à l’œuvre de déterminer sa valeur internationale mais il est habité par une grosse confiance en lui.

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Il y a trois sortes de trajectoires. Les linéaires comme celle de Nicolas Batum, meilleur junior européen de sa génération, de la Pro A et de l’Euroleague au Mans à son actif, avant d’entrer à 20 ans en NBA et d’y être toujours onze ans plus tard. Deuxième catégorie, les tardifs. Pas de traces de Nando De Colo et Vincent Poirier dans les équipes de France cadettes et juniors, ils ont ensuite brûlé les étapes à l’âge adulte. Et enfin, les précoces ou prématurés, c’est selon, qui filent en NBA alors qu’ils ont peu de kilomètres au compteur, la ligue américaine étant friande de prospects qui bourgeonnent encore quand ils franchissent l’Atlantique. C’est le cas de Frank Ntilikina et Timothé Luwawu-Cabarrot qui selon toute vraisemblance vont connaître ce soir, ensemble à Pau, leur première sélection en équipe de France face à la Turquie.

Il y a deux ans, Timothé Luwawu, alors âgé de 22 ans, avait déjà été appelé par Vincent Collet dans la perspective de l’Euro mais il avait été recalé aux tests médicaux de l’INSEP pour un problème de tendinopathie rotulienne.

« Je me sentais bien mais quand je suis arrivé en France, dans le sud, j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas au genou après quelques entraînements individuels. Ça été confirmé ici quand on a fait des examens supplémentaires. A partir de là, on a décidé de me renvoyer à Philadelphie pour faire les soins nécessaires, » rappelle t-il.

Depuis, le Cannois a maintenu le contact avec le Team France en voyant à New York Patrick Beesley, son general manager, et aussi Boris Diaw qui fait désormais le lien avec les internationaux. Mais TLC demeure un inconnu pour les observateurs européens qui ne suivent pas la NBA au jour le jour.

« On peut dire ça mais je ne pense plus pour longtemps », affirme t-il.
Photo: FFBB

Enfant de l’Olympique d’Antibes

Timothé Luwawu-Cabarrot, dont le père est d’origine congolaise, est un pur produit de la formation antiboise puisqu’il a passé dix ans à l’Olympique à partir de la catégorie poussin, où il était ni grand ni costaud. Ce n’est qu’en cadets, puis en espoirs (17,6 points, 6,5 rebonds et 2,0 passes) qu’il a commencé à faire son trou et c’est à l’occasion de l’Euro U20 en 2014 qu’il a attiré l’attention des premiers scouts NBA. Un an plus tard, toujours à l’Euro U20, il était le meilleur marqueur (11,6 points) d’une équipe de France qui comptait également dans ses rangs Guershon Yabusele, Mathias Lessort, Alpha Kaba et Petr Cornelie.

Il fit une seule vraie saison dans le circuit professionnel français, en Pro B, avec comme mission principale de mettre le shooteur adverse sous l’éteignoir. Comme Alpha Kaba, il choisit ensuite l’option de Mega Leks, un club de Belgrade contrôlé par l’agence BeoBasketdont il était client, qui à une exception près alignait uniquement des joueurs de 22 ans ou moins et qui était une plateforme d’exposition pour la draft NBA. En Adriatic League, le Français allait frapper fort : 14,8 points en moyenne.

« C’est carrément moins athlétique qu’en France, mais ça joue plus « smart » (intelligemment). Il faut plus réfléchir quand tu joues ici. La pré-saison a été difficile et, pour mon premier match contre l’Etoile Rouge, je n’ai pas bien joué (6 points à 2/12 et -1 d’évaluation lors de la première journée de l’Adriatique). Ensuite je me suis adapté, » confia t-il alors à Basket Hebdo. « J’ai progressé bien sûr mais c’est aussi que l’année dernière, je n’avais pas vraiment l’occasion de montrer ce que je savais faire. Il y avait trois étrangers, des anciens, une hiérarchie à respecter… Alors qu’ici, je suis la première option offensive et quand je démarre un match, je sais que je vais jouer 30 minutes. Je suis plus relax, j’ai confiance en moi… et le coach (l’ancien international Dejan Milojevic) aussi a confiance en moi. »

Le garçon fluet s’est forgé en quelques petites années un physique de joueur NBA avec une bonne taille (2,015m précisément) et de solides qualités athlétiques peu courantes en Adriatique Ligue qui en firent un 24e choix de la draft 2016.

Le rebond à Chicago

Son année de rookie ? Pas mal. 19 apparitions dans le starting five, 17’ de temps de jeu moyen et 6,4 points. En raison d’une forte concurrence, le Cannois n’a pas vraiment confirmé lors de la deuxième saison aux Philadelphia Sixers et fut victime d’un trade qui l’envoya à Oklahoma City où il fut mis trop souvent en pénitence sur le banc ou quand il en sortait c’était pour des gouttes de temps de jeu. Pas facile de faire ses preuves quand on ne fait non plus jamais de 5c5 à l’entraînement ! Et au lieu de suer pendant le match, Timothé faisait par défaut du rab lors des shootings matinaux ou en arrivant le soir avant les autres.

« Il faut faire avec, ce n’est pas quelque chose que l’on contrôle, » répond t-il quand on lui demande s’il n’a pas trouvé le temps long lors de ce séjour au Thunder. « J’ai essayé de parler avec le coach, de faire ce qui était dans mon pouvoir, dans mes capacités pour rentrer sur le terrain et jouer. Quand je suis rentré sur le terrain, je pense que j’ai montré à tout le monde que j’étais capable de jouer. A partir du moment où les personnes ne sont pas capables de voir ce qu’ils ont et ce qu’ils pouvaient faire de moi, tu ne peux plus rien faire. »

Son coach Billy Donovan louait pourtant ses aptitudes de shooteur et voyait en lui un défenseur très correct mais mettait en avant la profusion de joueurs à son poste. Donovan ne fit appel à ses services que quatre fois plus de 10 minutes en trois mois. Une aumône. Un autre transfert avant la deadline du 1er février cette fois à Chicago, a relancé sa carrière dans le bon sens.

« Quand j’étais à Oklahoma City et que j’ai vu la trade deadline arriver, tout ce que j’ai voulu c’est partir et aller dans un club pour jouer. Je bossais tous les jours pour être prêt le jour où mon agent m’appelle et me dit « Tim, tu vas partir dans telle équipe. » C’est ce qui est arrivé. Il m’a dit « tu vas partir à Chicago » et quand je suis arrivé à Chicago, j’étais prêt à jouer.

Le coach Jim Boylen l’a accueilli avec le sourire en disant :

« Il a une mentalité de scoreur. Il est grand. Je suis content que l’on ait cet ailier à observer, qu’on puisse voir ce qu’il peut faire. »

Pas des paroles en l’air. En 29 matches, le Cannois est apparu 19’ en moyenne pour 6,8 points à 33,0% à trois-points et 2,7 rebonds. Il a même cumulé 18 points, 10 rebonds et 2 contres face aux Raptors, le futur champion. La stratégie des coaches en NBA est parfois très énigmatique.

« Je pense qu’à Philly et à Oklahoma City même si je n’ai pas beaucoup joué, j’ai beaucoup progressé quand j’étais là-bas. A Chicago, j’ai eu l’occasion de jouer et de montrer sur quoi j’avais travaillé. A partir du moment où j’ai mis un pied en NBA et jusqu’à maintenant, j’ai progressé dans tous les aspects du jeu et aussi dans ma tête. »

Son avenir? Alors qu’il est en stage avec les Bleus, TLC est agent libre.

« Il y a quelques contacts, quelques choses dans les airs, quelques franchises qui m’aiment bien mais pour l’instant rien de concret. On attend. »
Avec les U20 (Photo: FIBA)

Tout se joue actuellement

Quand on est à plusieurs milliers de kilomètres de la France, on demeure connecté et Timothé Luwawu-Cabarrot suit à distance la Jeep Elite et le basket européen.

« Comme j’ai joué à Antibes, je sais ce qu’ils font. Je suis les joueurs français en Europe avec qui j’ai joués comme Mathias (Lessort) et Alex (Chassang) car il faisait une saison énorme à Dijon, Paul (Lacombe), Axel (Toupane), un peu tout le monde de loin mais sans regarder les matches. »

On a déjà aperçu sa silhouette dans l’Azur Arena quand la saison régulière de NBA est terminée.

« C’est chez moi donc j’y retourne. Je vois des matches quand j’ai l’occasion, cette année, j’en ai vu un car l’un de mes meilleurs amis, Isaia (Cordinier) y jouait et il a été énorme à la fin de l’année. C’est sûr que cette année Antibes ce n’était pas au top. »

TLC confie qu’il n’était pas aux aguets lorsque Vincent Collet a annoncé le 12 juin la liste des 15 pré-sélectionnés mais évidemment il a accueilli la nouvelle avec une grande satisfaction.

« Pour être honnête, je ne savais pas du tout quel jour ça allait tomber. Mais quand c’est arrivé, je me suis dit, « enfin une opportunité de montrer aux Français, à la France, à Vincent (Collet) et même aux joueurs qui sont en Europe et qui ne me connaissent pas forcément, que ce soit Nando (De Colo), Thomas (Heurtel), Adrien (Moerman) que je ne suis pas arrivé en NBA pour rien et que je ne reste pas un anonyme, un mystère pour tout le monde, que je puisse montrer ce que je sais faire. »

Lorsqu’il a annoncé sa liste à la presse, Vincent Collet a fait un petit commentaire sur le joueur des Bulls soulignant que son format est peu répandu dans le basket français. TLC opine du chef :

« Oui, je pense qu’en équipe de France, je suis unique. J’ai une confiance énorme en mes capacités et je suis persuadé qu’après ce stage à Pau et ces matches ma place est là. Je ne suis pas venu ici pour être le 12e mais pour jouer, pour être une partie entière de l’équipe. Je pense que j’ai clairement ma place dans l’équipe et je pense que je vais le prouver pendant les entraînements et les matches. » Il ajoute qu’il peut apporter « de la défense, du tir, du drive, de la personnalité, du caractère »

C’est donc en ce moment, à Pau, à Toulouse, que Timothé doit donner la preuve au coach des Bleus qu’il sera plus utile que d’autres postulants qui sont directement ou indirectement ses concurrents : Axel Toupane, Paul Lacombe voire Frank Ntilikina. L’intéressé n’a pas de fausse pudeur, il estime qu’il n’a pas le même profil que Toupane, qu’il est plus complet, plus fort en attaque et que lui aussi sait mettre la pression en défense. Sur les quelques séquences où on le voit en vidéo, il apparaît qu’il déclenche son shoot extérieur à toute vitesse et qu’il aime driver en frottant ses muscles à son défenseur. Sur de sa force le Cannois.

« En NBA, je n’ai pas forcément pu montrer tout ça mais j’ai beaucoup plus de qualités que tout le monde pense. »

Il considère aussi la Coupe du monde comme une superbe vitrine, un lieu idéal pour s’exposer :

« Je pense que si je montre mes capacités, que je peux être performant, surtout à côté de joueurs NBA confirmés, ça peut changer des choses dans leurs têtes. Ça peut être un déclic pour certaines franchises. Mais pour l’instant ce n’est pas quelque chose auquel je pense. Je pense juste à la prépa, à Pau, au premier entraînement, au deuxième entraînement. J’ai vraiment hâte de m’entraîner, de jouer, » disait-il il y a une semaine à l’INSEP. Il ajoutait : « Je ne me soucie pas forcément des joueurs qui sont en face de moi mais de moi-même et de mes coéquipiers. J’ai à apprendre à les connaître comme il faut. »

Néanmoins, si Timothé Luwawu-Cabarrot obtient son visa pour la Chine, il va changer de rôle, avoir un nouveau challenge. Jusqu’ici, il a été habitué à prouver individuellement qu’il a sa place dans une équipe, mais il n’a pas connu les playoffs en NBA et son expérience du haut niveau européen se limite à une finale d’Adriatic League. Il va lui falloir négocier collectivement des matches à gros enjeu, des do or die. Il verra, c’est plus valorisant et encore plus excitant.

Ouverture: Photo FFBB

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Il y a trois sortes de trajectoires. Les linéaires comme celle de Nicolas Batum, meilleur junior européen de sa génération, de la Pro A et de l’Euroleague au Mans à son actif, avant d’entrer à 20 ans en NBA et d’y être toujours onze ans plus tard. Deuxième catégorie, les tardifs. Pas de traces de Nando De Colo et Vincent Poirier dans les équipes de France cadettes et juniors, ils ont ensuite brûlé les étapes à l’âge adulte. Et enfin, les précoces ou prématurés, c’est selon, qui filent en NBA alors qu’ils ont peu de kilomètres au compteur, la ligue américaine étant friande de prospects qui bourgeonnent encore quand ils franchissent l’Atlantique. C’est le cas de Frank Ntilikina et Timothé Luwawu-Cabarrot qui selon toute vraisemblance vont connaître ce soir ensemble à Pau leur première sélection en équipe de France face à la Turquie.

Il y a deux ans, Timothé Luwawu, alors âgé de 22 ans, avait déjà été appelé par Vincent Collet dans la perspective de l’Euro mais il avait été recalé aux tests médicaux de l’INSEP pour un problème de tendinopathie rotulienne.

« Je me sentais bien mais quand je suis arrivé en France, dans le sud, j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas au genou après quelques entraînements individuels. Ça été confirmé ici quand on a fait des examens supplémentaires. A partir de là, on a décidé de me renvoyer à Philadelphie pour faire les soins nécessaires, » rappelle t-il.

Depuis, le Cannois a maintenu le contact avec le Team France en voyant à New York Patrick Beesley, son general manager, et aussi Boris Diaw qui fait désormais le lien avec les internationaux. Mais TLC demeure un inconnu pour les observateurs européens qui ne suivent pas la NBA au jour le jour.

« On peut dire ça mais je ne pense plus pour longtemps », affirme t-il.

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