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Le clasico Limoges-Pau(4) – Jean-Louis Chanier. Le fan ultime du CSP. Il a vu près de 100 clasicos.

Président du club des supporters des Eagles, Jean-Louis Chanier est un fidèle parmi les fidèles du Limoges CSP. Un personnage haut en couleurs qui sait raconter ses aventures. Sans faire dans la dentelle.

Président du club des supporters des Eagles, Jean-Louis Chanier est un fidèle parmi les fidèles du Limoges CSP. Un personnage haut en couleurs qui sait raconter ses aventures. Sans faire dans la dentelle.

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A titre personnel, depuis avril 1975 et vos douze ans, vous avez manqué combien de matches du CSP à Beaublanc?

Moins de cinq. Même avec 40° de fièvre j’y allais. Sur les onze dernières années soit depuis la création des Eagles, j’en n’ai pas raté un. J’ai un doute sur la période 2003-04 quand le club allait très mal juste avant que Fred (Forte) décide de le reprendre. Mais même en Nationale 1, je faisais les déplacements à Autun, Blois, Saint-Vallier. Mais moins de cinq, c’est sûr.

Vous étiez à toutes les finales du CSP : Padoue en 1982, Berlin en 83, Barcelone 87, Grenoble en 88, Athènes en 83, Malaga 2000 ?

Pour vous dire, tous les fanions qui sont à Beaublanc, j’ai vu toutes les finales. Que ce soit les coupe de France, Coupe de la Fédération, Tournoi des As, finales du championnat, j’en n’ai pas raté une. Je suis même allé à Rome contre Banco Di Roma en 84 ou 85. On y était allé à cinq dans une R5 TS !

Vous êtes le seul à en avoir vu autant de matches ?

Peut-être pas. J’ai des vieux compagnons de route qui en ont vu beaucoup aussi. Peut-être que c’est moi qui en a vu le plus mais je ne l’affirmerai pas car il y a des gens qui sont là comme moi depuis très, très longtemps.

Les clasico, vous les avez donc tous vus à Limoges. Et à Orthez et Pau ?

C’est le 104e qui arrive. J’ai dû en faire 98 ou 99. J’ai vu les premiers à l’époque où Orthez nous mettaient la branlée sur des gros scores car ils étaient un peu plus en avance que le CSP à cette époque-là. Le clasico n’existait pas puisqu’il date de 84 ou 85 quand ce sont devenus les deux clubs phare du championnat.

Un jour, Ben Kaba d’Orthez vous a couru après. Pourquoi ?

Je crois que c’était sur un lancer-franc. Je ne m’en souviens pas textuellement mais je crois qu’on lui avait donné des noms d’oiseaux (rires). Il nous avait regardés, repérés, et comme on attendait les joueurs du CSP à la sortie des vestiaires, il a voulu régler ses comptes à ce moment-là. Les noms d’oiseaux ont volé de nouveau, il s’est très énervé et on s’est mis à courir car on a bien compris qu’il allait se passer quelque chose. Je ne dis pas qu’il en serait venu aux mains, il ne faut pas exagérer, mais dans le doute on s’est enfuit (rires).

Etiez-vous à Orthez en 1987 l’après-midi de la fameuse bagarre ?

Oui. J’en n’ai pas de souvenirs particuliers. Pas plus que pour certaines confrontations où ça s’était bien passé. Ce jour-là ça a dégénéré mais ce n’était guère plus chaud que certains matches.

A cette époque-là, y a-t-il eu des incidents avec des supporters d’Orthez ?

C’était surtout pendant les matches. Parce que avant les matches, on allait dans un bar…

Chez Moulia ?

C’est ça ! On allait y boire des canons avec les supporters d’Orthez. Il y avait juste ces quarante minutes de match qui étaient… hors d’atteinte. Après le match, c’était forcément compliqué car une des deux équipes avaient perdu et on avait pas vraiment envie de se voir car on savait que ça allait se chambrer. On évitait les après-matchs alors que les avant-matchs se passaient souvent très, très bien. Mais il n’y a jamais eu de trucs… catastrophiques.

Rien de comparable entre supporters de l’OM et du PSG ?

Sur la violence, non. Le basket a été jusqu’à présent épargné par tout ça et tant mieux. Au niveau de l’association, tous les ans j’exclue des gens qui ne sont pas adéquates avec le basket.

« Je ne peux pas me permettre d’avoir des gens qui arrivent au match de Pau avec trois grammes »

Vous êtes devenu président des Eagles dès sa création ?

Oui, en 2007.

Qu’est-ce qui a amené le schisme avec les Ultra Green ?

Ça vient à ce que je disais. A un moment donné, j’ai ma responsabilité, je sais par où je suis passé et j’ai mis des règles strictes qui sont à la limite de la dictature, on est bien d’accord. Ça ne me pose pas de problèmes d’en parler. Je suis un grand dictateur et c’est comme ça que ça marche. Je ne peux pas me permettre d’avoir des gens qui arrivent au match de Pau avec trois grammes. C’est arrivé au moment où on a ouvert un bar associatif qui fait 120m2 et qui accueille tous les avant et les après matchs. On a la validation de la Préfecture pour faire brasserie. C’est une usine ! J’ai 400 adhérents et 160 abonnés.

Vous êtes face à face avec les Ultra Greens dans Beaublanc ?

On est à l’angle opposé des Ultras. Ils sont à la travée 2 et 4 et nous les travées 13 et 15. On est toujours dans la même travée car à l’époque Fred (Forte) m’avait demandé où je voulais aller et c’était pour moi un signe obligatoire d’être à la porte 13 en hommage à mes potes grecs du Panathinaikos qui sont aussi à la Gate 13.

Comment vous entendez-vous avec les Ultras Green?

En deux mots : On s’entend. On est supporters mais on n’a pas la même vision. On a peut-être moins de ferveur mais on a toujours un kapo et des chants. Le mot « violence » me gêne mais si nous on peut chanter « arbitres de merde », c’est tout. Je ne veux pas entendre des « enc… » ou des machins comme ça dans ma tribune. Je ne veux pas de dérapages. J’ai une très belle association avec un club de supporters, un bar-brasserie et deux équipes de basket qui sont engagées dans les championnats d’entreprise et ça fait deux années de suite que les Eagles sont champions. J’ai tout pour que l’on soit extrêmement bien donc je ne peux pas tolérer le moindre dérapage. Tolérance zéro !

« Je ne hais plus les Palois. Je joue sur les mots, je ne les hais plus, je les déteste »

Le clasico est-il pour vous un moment d’excitation comme il y a 20 ou 30 ans ?

Pas du tout. Je ne vais pas dire que c’est un match comme un autre, ça serait mentir car ce sont toujours nos meilleurs ennemis. Peut-être que cette année, au niveau sportif on va s’y retrouver car Pau a une belle équipe et Limoges aussi. On peut peut-être se retrouver dans les phases finales et avec le sportif la rivalité reviendra mais elle est tombée bien bas depuis quelques années quand même.

Le Limoges-Pau de Pro B à Beaublanc en 2010 a-t-il remis au goût du jour les clasico ?

L’ambiance sera là surtout que l’on sait que le match sera à guichets fermés avant que la location ne soit commencée. Ça explique tout. Mais c’est juste dans la tête des gens mais aussi bien à Pau qu’à Limoges ce n’est plus ce que c’était. Pour moi, c’est un clasico sans saveur. J’ai des amis qui sont à Pau et je sais que leur club de supporters, les Péones, existe encore mais ils sont vingt-cinq et ils sont extrêmement vieillissants. Pffft… Impossible d’avoir une rivalité. Quand il y en avait une, les gars avaient tous vingt-cinq ans. Tu chantais facilement « les Palois sont des pédés… » Aujourd’hui, aucun intérêt.

Au plus jeune, vous leur racontez comment c’était autrefois ?

Bien sûr car les jeunes sont demandeurs. On ne leur raconte pas tout car on ne vit plus dans la même société. Ce qui était possible il y a trente ans ne l’est pas aujourd’hui. A cause des réseaux sociaux, tu ne peux même pas recevoir des joueurs sans que tout le monde le sache. Il faudrait parfois un peu plus d’intimité, de respect des gens et ça se passerait mieux. J’ai des anecdotes extraordinaires dans les années quatre-vingts avec Stéphane Ostrowski, Greg Beugnot, Jacques Monclar, du temps où les joueurs faisaient autant de conneries que les supporters. Aujourd’hui, les joueurs ne font plus de connerie. Ils jouent à la PS4 et rentrent chez eux à la fin du match. Ce n’est plus comme avant parce que la vie sociale a changé.

A propos de réseaux sociaux, comment expliquez-vous que l’on y trouve un nombre considérable de Limougeauds, beaucoup plus que des fans d’autres clubs, très actifs, souvent caustiques, alors que dans la salle, il n’y a pas 10 000 personnes à chaque match ?

Je pense que Limoges a beaucoup d’expats. Si je prends le cas de mon assos, j’ai des membre à Clermont, à Paris, à Brest, un peu partout en France, qui sont Limougeauds. Pour avoir des infos, être à l’heure de leur club, ces gens-là utilisent les réseaux sociaux. Ce que je vis à 2 ou 3% au niveau de mon assos, je pense que c’est le cas pour tout le monde. Et les gens de Clermont, de Paris, de Brest sont capables d’être là juste pour le match contre Pau. C’est peut-être le seul match de l’année où ils vont venir.

Comment peut-on encore haïr Pau alors qu’il n’y a plus Pierre Seillant, les frères Gadou et Freddy Fauthoux, ni même Claude Bergeaud et Rémi Lesca ?

C’est ce que je disais. Pour moi, personnellement, il n’y a plus de haine. Il y a une espèce de rancœur si on peut utiliser ce mot-là, le clasico existe, mais je ne hais plus les Palois. Je joue sur les mots, je ne les hais plus, je les déteste. On n’a plus Xavier Popelier et Pierre Seillant.

Léopold Cavalière peut-il encore représenter pour vous le Palois ?

C’est le seul.

Il a déclaré qu’il aimerait bien vous battre car en plus ça vous éliminerait de la Leaders Cup…

Je suis entièrement d’accord avec lui ! S’ils gagnent à Limoges ça nous ferait chier mais ça nous évitera d’aller à Mickey. On n’a pas du tout envie, nous supporters, d’aller à Mickey et allez juste voir la coupe à Alain Béral, le Landais (…) Il y en aura six ou sept qui monteront à Mickey, pas plus, et les Ultras Green, c’est pire que nous. Nous, on ira pour voir le Parc. C’est la coupe en carton ! C’est la coupe de la Ligue en football. Je suis cash !

« J’ai fait des milliards de kilomètres »

Y a-t-il parfois des supporters palois qui viennent à Beaublanc ?

Ça arrive. Je ne sais pas s’il y en aura cette fois et si c’est le cas, tant mieux. Avec un dimanche à 18h, ça peut peut-être leur permettre de monter et de repartir pas trop tard pour être au boulot le lendemain.

Comment allez-vous les recevoir ?

Ça sera au minimum le sifflet. Je ne serai absolument pas capable de recevoir les Palois au bar. Ça c’est pas possible. Je reçois Chalon, Le Portel, Nanterre, qui tu veux à part qu’il y a deux ou trois interdits de séjour dont les Palois.

A propos du Portel, je suppose que vous vous êtes déjà déplacé là-bas ?

Oui et en plus Eric Girard -et je suis très fier de ça- est un ami et je vais au Portel rien que par plaisir de le voir pour lui faire la bise et discuter avec lui.

Que pensez-vous de l’ambiance au Chaudron ?

C’est une ambiance de merde. Si tu leur enlèves la musique, il n’y a plus rien. Pendant tout le match ils jouent de la musique. Ils chantent « ici, ici c’est Le Portel », « les yeux d’Emilie » et c’est fini. Ils n’ont pas de chants, rien. Si on leur supprime les trompettes, c’est la cata. Après c’est sympa car les Musicos entraînent la salle mais ce n’est pas une vraie ambiance. C’est une ambiance du Nord, de carnaval. Au demeurant je préfère qu’il y ait une ambiance carnavalesque comme dans le Nord plutôt qu’une ambiance feutrée, morte, comme à Villeurbanne ou à Fos/Mer ou mon pote Alain Desssene à Strasbourg.

Cette culture des chants à Limoges a été acquise dans les années quatre-vingts, quatre-vingt dix lorsque les supporters se sont déplacées dans les places fortes du basket européen ?

J’ai donné ma référence tout à l’heure avec la porte 13 de Beaublanc et la Gate 13 du Pana. Je suis allé voir Galis et Yannakis à l’Aris de Salonique. Je suis allé quatre fois dans la salle de Salonique pour l’Aris et le PAOK. J’ai fait des milliards de kilomètres ! J’ai beaucoup plus traîné mes guêtres que maintenant où c’est plus compliqué. J’ai fait toute l’Italie, le Virtus Bologne, Banco Di Roma, Le Benetton Trévise, je suis allé dans toutes les salles et la plupart du temps en voiture. Pareil pour les salles espagnoles. Je suis allé deux fois à Belgrade et une seule fois en 91 à Tel-Aviv et j’ai promis de ne plus y retourner de ma vie. Je ne vais pas supporter mon équipe dans des endroits comme ça. Je ne suis pas sûr que Israël soit en Europe comme Monaco en France.

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A titre personnel, depuis avril 1975 et vos douze ans, vous avez manqué combien de matches du CSP à Beaublanc?

Moins de cinq. Même avec 40° de fièvre j’y allais. Sur les onze dernières années soit depuis la création des Eagles, j’en n’ai pas raté un. J’ai un doute sur la période 2003-04 quand le club allait très mal juste avant que Fred (Forte) décide de le reprendre. Mais même en Nationale 1, je faisais les déplacements à Autun, Blois, Saint-Vallier. Mais moins de cinq, c’est sûr.

Vous étiez à toutes les finales du CSP : Padoue en 1982, Berlin en 83, Barcelone 87, Grenoble en 88, Athènes en 83, Malaga 2000 ?

Pour vous dire, tous les fanions qui sont à Beaublanc, j’ai vu toutes les finales. Que ce soit les coupe de France, Coupe de la Fédération, Tournoi des As, finales du championnat, j’en n’ai pas raté une. Je suis même allé à Rome contre Banco Di Roma en 84 ou 85. On y était allé à cinq dans une R5 TS !

Vous êtes le seul à en avoir vu autant de matches ?

Peut-être pas. J’ai des vieux compagnons de route qui en ont vu beaucoup aussi. Peut-être que c’est moi qui en a vu le plus mais je ne l’affirmerai pas car il y a des gens qui sont là comme moi depuis très, très longtemps.

Les clasico, vous les avez donc tous vus à Limoges. Et à Orthez et Pau ?

C’est le 104e qui arrive. J’ai dû en faire 98 ou 99. J’ai vu les premiers à l’époque où Orthez nous mettaient la branlée sur des gros scores car ils étaient un peu plus en avance que le CSP à cette époque-là. Le clasico n’existait pas puisqu’il date de 84 ou 85 quand ce sont devenus les deux clubs phare du championnat.

Un jour, Ben Kaba d’Orthez vous a couru après. Pourquoi ?

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Photos: Ouverture: Jean-Louis Chanier avec Pape-Philippe Amagou et Axel Bouteille; Le bar-brasserie des Eagles.

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