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Hervé Coudray (coach Caen et U19): « Les filles ont plus difficilement confiance en elles »

Comme coach du Caen BC en Pro B, de l’équipe de France U19 à la dernière Coupe du Monde et ancien de l’USO Mondeville du temps de l’Euroleague, de Valenciennes et de l’équipe nationale du Mali, Hervé Coudray porte un regard pluriel sur le basket. L’interview est en deux parties.

Comme coach du Caen BC en Pro B, de l’équipe de France U19 à la dernière Coupe du Monde et ancien de l’USO Mondeville du temps de l’Euroleague, de Valenciennes et de l’équipe nationale du Mali, Hervé Coudray porte un regard pluriel sur le basket.

L’interview est en deux parties.

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Vous avez alterné durant votre carrière entre les garçons et les filles. C’est une histoire de goût ou de circonstances ?

C’est surtout une histoire de rencontres. J’ai d’abord commencé par les filles car mon prof à l’UFR STAPS était le président du club féminin de Rennes. Je me suis retrouvé coach à Saint-Brieuc car j’étais cadre technique à l’époque et j’entraînais le fils du président du club. Ce n’était pas le plus facile à manœuvrer et j’étais arrivé à faire deux ou trois choses pour le cadrer et ça avait intéressé son père. Avec Rennes, j’ai souvent croisé le club de Mondeville et son président avait dû détecter des choses intéressantes sur mes qualités d’entraîneur. Ce sont les résultats qui ont fait que j’ai eu l’opportunité d’aller à Valenciennes. De Mondeville à Caen, c’était d’abord parce que c’était la même vile et que Nicolas Batum et Thierry Godefroy, qui était le partenaire principal de Mondeville, m’ont sollicité et j’ai eu l’envie de vivre cette expérience-là.

Vous avez été assistant en équipe de France des cadettes jusqu’aux A. C’était formateur ?

Oui. J’étais un jeune entraîneur, un cadre technique, j’avais 24 ans, et j’ai pu travailler avec des gens qui avaient de l’expérience comme Paul Besson, Jacques Vernerey, avec qui j’ai travaillé un peu plus longtemps que les autres et avec qui je suis resté en contact jusqu’à aujourd’hui, Erik Lehmann, Fred Prudhomme, qui m’ont aidé dans ma formation d’entraîneur.

On dit souvent que lorsqu’on a gagné leur confiance, les filles sont plus disciplinées que les garçons, obéissent davantage aux directives des coaches. C’est vrai ?

Oui et de temps en temps, elles obéissent de trop et elles manquent un peu de spontanéité dans ce qui pourrait être un surplus d’agressivité. Quand on a gagné leur confiance, c’est sûr que vous pouvez aller plus loin mais ça peut être aussi négatif dans l’idée qu’elles sont trop respectueuses de votre collectif alors qu’elles pourraient prendre des initiatives individuelles.

C’est le caractère féminin ou la formation à la française ? Quand on voit les Américaines ou les Serbes, comme leurs trois quatre meilleures joueuses qui leur ont permis d’être championnes d’Europe en 2015, on a l’impression qu’elles ont davantage l’esprit à avoir des initiatives individuelles que les Françaises ?

Un peu des deux. Ce n’est pas que la formation car on sait qu’elles sont comme ça et on essaye de développer des initiatives, des prises de responsabilités mais ce n’est pas parce que vous cherchez à le mettre en place que ça se traduit immédiatement avec ce que vous voulez. D’une manière un peu générale, les filles ont plus difficilement confiance en elles et c’est pour ça, je pense, qu’elles se rassurent avec le collectif. Pourquoi les Américaines ne sont pas comme ça ? On peut dire la même chose des garçons. Les Américains ont plus confiance en eux ou du moins font semblant d’avoir plus confiance en eux. La formation américaine développe peut-être un peu plus l’égo et ça créé le principe d’avoir un peu plus confiance en soi ou de faire semblant d’avoir un peu plus confiance en soi. Ça ne veut pas dire que ça réussit mieux. J’ai le souvenir de Pierre Vincent avec la sélection féminine où les joueuses jouaient parfaitement leur partition et ça a donné des résultats.

Qu’est-ce qui fait que le centre de formation de Mondeville a été si productif ces dernières années ?

Tout d’abord c’est dû à la proximité de Paris. On est à deux heures en train et la région parisienne est un énorme vivier qui n’est pas vraiment utilisé car il n’y a pas de club de haut niveau. La deuxième chose c’est un contexte budgétaire qui fait que l’on n’a jamais eu la possibilité d’avoir dix joueuses professionnelles. Donc il y avait toujours des places pour être le sur le banc. Pendant les dix ans où j’ai été à Mondeville, on a fait la Coupe d’Europe et ça veut dire jouer deux fois par semaine. Cela veut dire que les 8e, 9e, 10e joueuse, si ce sont des espoirs, sont amenées à jouer. Quand vous êtes à Bourges, même si vous êtes une espoir et 10e joueuse, vous avez peu de chances de jouer même avec deux matches par semaine car la 9e est encore très forte. Plein de joueuses en ont profité. Je pense à Touti Gandega et Esther Niamke-Moisan, qui étaient les deux dernières venus du centre quand on jouait l’Euroleague, Marine Johannès aussi. On avait l’obligation de les faire jouer car deux jours après il y avait un autre match et on était obligé de lisser les temps de jeu. Elles n’entraient pas uniquement quand il y avait un écart comme souvent. Ça vient aussi des coaches aussi, bien sûr. Entre Manu Coeuret, Didier Godefroy, les coaches responsables du centre de formation et ceux qui ont été coaches de ligue féminine, il y a eu une attention particulière pour la formation. J’ai été longtemps cadre technique en m’occupant des jeunes en sélection et on a plutôt envie de continuer à garder cette image de formateur. Le coach actuel, Romain Lhermitte, a commencé par la formation, les U15, et il a je pense gardé un peu cette âme de formateur.

Marine Johannes
« Marine Johannès est passionnée par le basket et la NBA. Elle était à l’opposé de beaucoup de joueuses que j’ai eu, y compris d’internationales, qui lorsque vous leur parliez de NBA ne connaissaient personne »

Vous avez eu Marine Johannès dans l’équipe professionnelle ?

Oui, la dernière année. J’ai le souvenir des trois derniers matches importants pour se maintenir. On joue Bourges, Perpignan, je crois, et Montpellier. Je me souviens d’un tweet de Nico Batum qui rigolait avec Marine car elle avait un peu ridiculisé Cap’s (Céline Dumerc). Elle pouvait déjà avoir un impact en Ligue Féminine.

Comment se fait-il que Marine Johannès soit un exemplaire unique de par son style, ses gestes ?

Des stars, des bonnes joueuses, on en forme pas tous les jours. C’est d’abord une joueuse passionnée par le basket et la NBA. Elle était à l’opposé de beaucoup de joueuses que j’ai eu, y compris d’internationales, qui lorsque vous leur parliez de NBA ne connaissaient personne. Je me souviens d’un fou rire que l’on avait eu avec deux joueuses américaines un matin d’un match vis-à-vis de deux internationales françaises, dont je ne vais pas donner les noms car ça ne les grandirait pas. On se met à parler d’un match de la nuit avec les Américaines et aux Françaises je leur dis « vous n’avez pas pu regarder ça ?! » « Non, nous on ne regarde pas. Je connais quand même un joueur NBA… Michael Jackson ! » Au lieu de dire Michael Jordan. Toutes n’ont pas cette culture du basket américain alors que Marine fait plein de choses qu’elle emprunte à Stephen Curry car elle le regarde jouer. Je ne suis pas sûr que toutes les basketteuses françaises en formation regardent des matches NBA pour pouvoir copier. Marine, même si elle fait ça à sa sauce, au départ elle a copié Stephen Curry.

Avez-vous encore des contacts avec le club de Mondeville ? Vous allez encore voir des matches ?

J’en rate assez peu. Je suis resté passionné du basket féminin. Il y avait un match Bourges-Mondeville le week-end dernier et la première chose que j’ai fait en sortant de mon match c’est de regarder le résultat.

Pourquoi votre expérience à Valenciennes n’a-t-elle duré qu’une saison ? C’était la fin de l’USVO ?

Les politiques ont fait le choix de faire fusionner Saint-Amand-les-Eaux et Valenciennes et faire déménager le club à Saint-Amand, en disant qu’avec les deux budgets cumulés ça pourrait faire un gros budget. En fait ça ne s’est pas passé tout à fait comme ça et comme ça partait à saint-Amand, ce sont les coaches de Saint-Amand qui ont été concernés. Je me suis retrouvé sur le carreau alors que j’étais parti pour un projet plus long qu’une saison. J’étais sans club et en fait le club de Mondeville après un début de saison un peu compliqué m’a proposé de reprendre l’équipe en octobre.

« On avait reçu les maillots, qui étaient magnifiques, à deux jours de partir au championnat du monde sauf qu’effectivement les numéros n’étaient pas les mêmes devant que derrière »

Vous avez coaché l’équipe du Mali et frôlé la qualification aux Jeux Olympiques. Vous avez perdu en demi-finale contre Angola ?

Le champion était directement qualifié pour les Jeux Olympiques et on se fait donc battre en demi-finale par l’Angola qui est champion d’Afrique. On a fini troisième et ainsi on s’est qualifié pour le Tournoi de Qualification Olympique mais on sait que pour une équipe africaine au TQO c’est quasiment impossible. Comment je suis arrivé au Mali ? Là aussi c’est une affaire de rencontre. J’avais coaché à Mondeville la meilleure joueuse malienne, Hamchétou Maiga (NDLR : MVP étrangère de la Ligue Féminine en 2007) et lorsque le Mali a cherché à changer de coach, c’est elle qui a parlé de moi au Ministre des Sports et au président de la fédération.

Vous avez raconté à Sportacaen que vous avez reçu des tenues juste avant le championnat du monde 2010 mais que les numéros n’étaient pas les mêmes devant que derrière ?

J’en ai encore la preuve car j’ai gardé les maillots dans mon garage (sourire). En fait, quand on s’occupe d’une équipe comme le Mali, on doit faire du basket et on doit gérer pas mal de choses à l’extérieur. L’une des choses que je savais en me levant le matin c’est qu’il fallait que je règle au moins un problème important dans la journée. Là, on avait reçu les maillots, qui étaient magnifiques, à deux jours de partir au championnat du monde sauf qu’effectivement les numéros n’étaient pas les mêmes devant que derrière. Comme nous étions à Caen quand c’est arrivé j’avais un réseau qui m’a permis d’être assez réactif pour avoir des équipements avec des normes que demandent la FIBA pour un championnat du Monde.

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Vous avez alterné durant votre carrière entre les garçons et les filles. C’est une histoire de goût ou de circonstances ?

C’est surtout une histoire de rencontres. J’ai d’abord commencé par les filles car mon prof à l’UFR STAPS était le président du club féminin de Rennes. Je me suis retrouvé coach à Saint-Brieuc car j’étais cadre technique à l’époque et j’entraînais le fils du président du club. Ce n’était pas le plus facile à manœuvrer et j’étais arrivé à faire deux ou trois choses pour le cadrer et ça avait intéressé son père. Avec Rennes, j’ai souvent croisé le club de Mondeville et son président avait dû détecter des choses intéressantes sur mes qualités d’entraîneur. Ce sont les résultats qui ont fait que j’ai eu l’opportunité d’aller à Valenciennes. De Mondeville à Caen, c’était d’abord parce que c’était la même vile et que Nicolas Batum et Thierry Godefroy, qui était le partenaire principal de Mondeville, m’ont sollicité et j’ai eu l’envie de vivre cette expérience-là.

Vous avez été assistant en équipe de France des cadettes jusqu’aux A. C’était formateur ?

Oui. J’étais un jeune entraîneur, un cadre technique, j’avais 24 ans, et j’ai pu travailler avec des gens qui avaient de l’expérience comme Paul Besson, Jacques Vernerey, avec qui j’ai travaillé un peu plus longtemps que les autres et avec qui je suis resté en contact jusqu’à aujourd’hui, Erik Lehmann, Fred Prudhomme, qui m’ont aidé dans ma formation d’entraîneur.

On dit souvent que lorsqu’on a gagné leur confiance, les filles sont plus disciplinées que les garçons, obéissent davantage aux directives des coaches. C’est vrai ?

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